Il est temps de penser les choses en petit

Les dernières décennies ont été marquées par des pressions croissantes – à savoir les besoins d’une population mondiale en forte croissance, les changements climatiques et la pollution – qui détruisent progressivement les écosystèmes qui sous-tendent la vie sur Terre. Cette dégradation continue des écosystèmes mondiaux contribue en retour à accroître la pauvreté et les inégalités, les petits exploitants agricoles et les populations rurales pauvres étant les plus touchés par ces pressions environnementales et socioéconomiques.

Les petits producteurs agricoles sont particulièrement vulnérables aux effets de la dégradation de l’environnement et des changements climatiques, car leur productivité et leurs sources de revenus dépendent des ressources naturelles, notamment de la disponibilité d’eau et de terres exploitables. Selon une estimation de l’Agence européenne pour l’environnement, par exemple, les biens et services non marchands liés aux écosystèmes représentent 89% du revenu total des populations rurales pauvres au Brésil, 75% en Indonésie et 47% en Inde.

Dans les faits, les petits producteurs du monde entier font face à un recul des terres agricoles disponibles et à un accès de plus en plus restreint aux forêts, aux sols et aux ressources en eau de bonne qualité. Nombre d’entre eux basculent ainsi chaque année un peu plus dans la faim et la pauvreté. En 2020, près de 12% de la population mondiale (environ 928 millions de personnes) était en situation d’insécurité alimentaire grave. La situation est encore pire dans les pays en situation de fragilité comme l’Afghanistan, où l’escalade des conflits, la pandémie et le retard de la production agricole plongent 42% de la population du pays (plus de 13,5 millions d’Afghans) dans l’insécurité alimentaire grave.

La promotion d’une base économique et de ressources naturelles durables pour les populations rurales, qui soit plus résiliente face aux changements climatiques, à la dégradation de l’environnement et à la transformation des marchés, est au cœur de la mission du FIDA, qui est de réduire la pauvreté et de promouvoir une agriculture durable. C’est pourquoi, en ma qualité de chargé de programme de pays pour l’Afghanistan, je supervise l’application des Procédures d’évaluation sociale, environnementale et climatique en vue d’améliorer la situation des populations rurales pauvres du pays grâce à des interventions portant sur les causes profondes de la pauvreté, des inégalités et de la dégradation de l’environnement.

Notre Projet d’élevage et d’agriculture communautaires (CLAP), financé par le FIDA, vise ainsi à améliorer la sécurité alimentaire de 223 000 ménages ruraux afghans pauvres en augmentant la productivité de l’agriculture et de l’élevage. Parallèlement, ce projet favorise activement la restauration de l’environnement au moyen de l’adoption de pratiques telles que la culture intercalaire et la rotation des cultures, la pratique consistant à laisser les résidus de culture sur le sol et la réduction ou l’abandon des techniques traditionnelles de travail du sol. De même, grâce au projet pour l’Appui en faveur du programme prioritaire national 2 (SNaPP2), des variétés de cultures résilientes face à la sécheresse ont été introduites pour remédier au manque persistant de précipitations. Heureusement, malgré la situation difficile sur le terrain, les agriculteurs dans les zones rurales de tout le pays ont pu continuer à bénéficier de l’appui du CLAP et de nos autres projets en Afghanistan.

Bien qu’ils soient particulièrement vulnérables aux impacts de la dégradation de l’environnement, les petits producteurs et les populations pauvres des zones rurales jouent également un rôle crucial dans la restauration des écosystèmes et la conservation des ressources naturelles. Grâce à un appui ciblé, les petits producteurs et les secteurs associés de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche peuvent participer activement à la lutte contre la dégradation de l’environnement et les changements climatiques. En Asie du Sud-Est, par exemple, le FIDA collabore étroitement avec les populations locales dans les zones de tourbières afin de s’attaquer aux problèmes environnementaux et de les aider à améliorer leurs moyens d’existence au moyen de pratiques d’agriculture durable et de foresterie sociale, ainsi qu’en créant d’autres sources de revenus.

Il est évident que des interventions globales comme celles-ci ne peuvent réussir sans les investissements appropriés. Il ressort de différentes études que les besoins financiers des petits exploitants agricoles en matière d’agriculture et de dépenses ménagères s’élèvent à environ 240 milliards d’USD par an dans le monde. Mais le montant cumulé du financement de l’action climatique dans le domaine de l’agriculture, de la foresterie et de l’utilisation des terres n’était que de 20 milliards d’USD entre 2017 et 2018, soit à peine 3% du total du financement mondial alloué à l’action climatique pour cette période.

Le FIDA est idéalement placé pour combler cette lacune en matière de financement de l’action climatique en faveur des personnes les plus vulnérables, notamment dans les pays en situation de fragilité. Au cours du cycle budgétaire 2019-2021, par exemple, le Fonds s’est engagé à affecter 875 millions d’USD, soit 25% de son portefeuille d’investissement total, au financement de l’action climatique.

Le FIDA poursuivra sa collaboration avec ses partenaires pour faire en sorte que les petits producteurs et les agripreneurs bénéficient du capital, des connaissances et de l’appui nécessaires à leur prospérité – tout en favorisant une plus grande sécurité alimentaire et un meilleur environnement, en particulier grâce à la restauration des écosystèmes.

 

Cet article de blog est adapté d’une publication de l’auteur parue dans le China Daily. Cliquez ici pour lire l’article original.

Découvrez l’action du FIDA en Afghanistan.

Date de publication: 03 août 2021