La fabrication de savon, une bonne affaire pour les femmes vivant avec un handicap dans les campagnes du Ghana

IFAD Asset Request Portlet

Agrégateur de contenus

La fabrication de savon, une bonne affaire pour les femmes vivant avec un handicap dans les campagnes du Ghana

Temps de lecture estimé: 5 minutes

Depuis quelque temps, lorsqu’Awulatu Abdulai se rend en ville, elle porte un panier rempli de savons à vendre.

Mais pour cette mère de cinq enfants âgée de 40 ans qui se déplace en fauteuil roulant, ce trajet n’a pas toujours été facile. Elle vit avec sa famille dans la périphérie de Tamale, la troisième plus grande ville du Ghana et un centre d’affaires et de finances en plein essor. Dans l’incapacité de trouver du travail et sans autre moyen de compléter les maigres revenus que son époux tirait de l’agriculture, elle était souvent amenée à mendier dans la rue. Les jours où cette activité ne lui rapportait pas suffisamment, toute sa famille se couchait le soir le ventre vide.

De nombreuses personnes handicapées comme Awulatu se heurtent à des problèmes d’accessibilité à l’éducation, à la formation et à l’emploi. Pour les femmes handicapées, ces obstacles sont encore majeurs. C’est particulièrement vrai dans les zones rurales, où le secteur agricole est le principal employeur, et où la plupart des emplois requièrent du travail physique plus ou moins éprouvant. Les personnes handicapées représentent aujourd’hui une part démesurée des personnes les plus pauvres du monde, et une majorité d’entre elles dépendent de leur famille ou de leurs amis pour leur survie.

Awulatu et sa famille dans leur maison de Gurugu. Un panier de savons à vendre se trouve sur le repose-pied de son fauteuil roulant

Un jour en 2016, une femme s’est adressée à Awulatu et lui a proposé son aide. Cette femme, chargée du développement commercial au sein du Programme en faveur des petites entreprises rurales, une initiative financée par le FIDA qui vient en aide aux petits et micro-entrepreneurs des zones rurales du Ghana, et plus particulièrement aux groupes marginalisés dont font partie les personnes handicapées, a aidé Awulatu à intégrer une formation en fabrication de savon.

À la fin de sa formation, le Programme a octroyé un crédit de 2 000 cedis (environ 300 USD) à Awulatu, qu’elle a aussitôt investis dans la création de son entreprise. Elle a rapidement commencé à produire des barres de savon et du savon liquide, ainsi que de la pommade pour générer des revenus supplémentaires.

À mesure que ses revenus augmentaient, Awulatu a pu essayer de nouvelles choses et a rapidement lancé la fabrication d’un nouveau produit: un savon de forme ronde, le « hot cake », qu’elle obtient en combinant les sous-produits de sa production à du sucre fondu couleur caramel. Depuis quelque temps, elle cherche à produire en plus grandes quantités et à étendre ses ventes aux villages voisins.

Aujourd’hui, son activité occupe pratiquement toute l’enceinte de sa maison de Gurugu, dans la périphérie rurale de Tamale. Un repas chaud attend toute sa famille tous les soirs, et les frais de scolarité de ses enfants ont été payés.

Beatrice présente certaines de ses savonnettes et barres de savon

Beatrice Arthur, 38 ans, gagne elle aussi sa vie grâce à la fabrication de savon. Et comme Awulatu, elle a développé son entreprise en partant de presque rien.

Après la mort de ses parents alors qu’elle était encore à l’école primaire, Beatrice a eu beaucoup de mal à jongler entre ses handicaps et son éducation. Elle a par conséquent abandonné ses études. Elle a trouvé du travail comme préposée à la fontaine de son village de Benin, dans le centre du Ghana, et complétait ses revenus en emballant de la farine de manioc (gari) et du sucre pour les vendre. Malgré toutes ces activités, Beatrice n’arrivait pas à joindre les deux bouts.

En 2009, elle a pris part à une formation en fabrication de savon offerte par le Programme en faveur des petites entreprises rurales. Dès la fin de sa formation, elle a proposé aux habitants des villages voisins de leur enseigner les techniques qu’elle venait elle-même d’apprendre. Grâce aux fonds ainsi levés et à un crédit de 2 000 cedis accordé par le Programme, elle a pu démarrer sa propre entreprise de fabrication de savon.

Elle a par ailleurs suivi des formations supplémentaires en gestion d’entreprise et en conditionnement et vente, et participé à des salons et expositions organisés par le Programme.

Elle fabrique aujourd’hui 50 boîtes de barres de savon, 30 boîtes de savonnettes, 250 sachets de savon en poudre et 130 récipients de savon liquide par mois, qu’elle distribue à des détaillants, pour un revenu mensuel de 1 500 cedis (environ 230 USD). Elle emploie également 15 travailleurs temporaires et à temps partiel.

Elle est aujourd’hui divorcée, mais ne s’inquiète plus de ne pas avoir suffisamment d’argent pour payer les frais de scolarité de ses enfants. Elle a même économisé assez d’argent pour construire une nouvelle maison.

Ses formations portent elles aussi leurs fruits. Au fil des ans, Beatrice a enseigné son savoir-faire à 60 personnes, dont 40 ont créé leur propre entreprise de production de savon.

L’aide apportée à Beatrice et Awulatu et la formation qu’elles ont reçue étaient tout ce dont elles avaient besoin pour démarrer leurs propres petites entreprises, gagner un revenu décent, lutter contre l’insécurité alimentaire, éduquer leurs enfants et même créer de l’emploi. Elles sont la preuve que l’élimination des obstacles à la participation des personnes handicapées donne naissance à une société plus riche, plus dynamique et plus équitable pour tout un chacun.

Découvrez l’action du FIDA au Ghana.

Cette histoire est l'un des deux articles publiés à l'occasion du Global Disability Summit 2022. Consulter l'autre article ici.