La Moldavie souffre à cause de la guerre en Ukraine – et nous pouvons l'aider

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La Moldavie souffre à cause de la guerre en Ukraine – et nous pouvons l'aider

Temps de lecture estimé: 5 minutes

Depuis le début de la guerre en Ukraine, près d’un demi-million de personnes ont fui le pays en passant de l’autre côté de la frontière, en Moldavie (dont le nom officiel est la République de Moldova) On estime qu’un sur dix de ces réfugiés décide de na pas aller plus loin. La Moldavie, qui ne compte que 2,6 millions de personnes, accueille désormais le plus grand nombre de réfugiés ukrainiens par habitant au monde.

Chaque jour, je peux lire les immenses répercussions du conflit sur les visages des petits exploitants agricoles du pays. La Moldavie, l’un des pays les plus pauvres d’Europe avant la guerre, doit aujourd’hui faire face à l’impossibilité d’importer certains biens de première nécessité et voit également ses possibilités d’exportations limitées, le tout en devant venir en aide à ses voisins dans le besoin.

En tant que Directeur de pays du FIDA en République de Moldova, j’ai eu le privilège de travailler étroitement avec les agriculteurs et les autorités moldaves afin d’aider les populations rurales pauvres à créer des moyens d’existence durables. Mais aujourd'hui, nous faisons face à une crise que peu d’entre nous avaient vue venir et qui met à l’épreuve la résilience que le peuple moldave a eu tant de peine à bâtir.

Désormais, plus que jamais, l’appui du FIDA est indispensable pour aider les petits producteurs moldaves à affronter la crise et à préserver leur résilience.

Pour aider, il faut faire vite

La Moldavie importe plus de 90% de ses semences, de son carburant et de ses engrais d'Ukraine et de Russie. La guerre a laissé 33 000 petits et moyens exploitants agricoles moldaves quasiment démunis.

Ceux-ci nous disent qu'ils ont urgemment besoin de semences pour les planter au mois de mai, et les récentes précipitations ont créé des conditions favorables au semis du maïs, du tournesol et du soja.

Par ailleurs, les engrais nécessaires à ces cultures et à d’autres viennent à manquer. Selon le Bureau national de statistique, la Moldavie importe près de 300 000 tonnes d’engrais chaque année, la grande majorité en provenance de Russie et du Bélarus. Le Ministère de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire estime que, sans engrais, la production des aliments de base tels que le blé, le maïs et l’orge, chutera d’au moins 30% rien que cette année.

Par ailleurs, le prix du lait grimpe en flèche. Étant donné que le pays importe une quantité importante de son lait, il va devoir substituer le lait étranger par du lait produit localement. Cette situation représente une chance à saisir. Mais sans les importations de fourrage dont les producteurs laitiers dépendent pour nourrir leurs bêtes, le pays ne pourra pas répondre à ce besoin.

Les exportations moldaves elles aussi subissent des pressions. En temps normal, le pays exporte à peine moins d’un cinquième de ses produits agroalimentaires vers la Russie. Aujourd'hui, 120 000 tonnes de pommes attendent en chambre froide et doivent être vendues dans les deux prochains mois, avant le début de la prochaine récolte. Bien que des exportations vers la Roumanie soient possibles, le Ministère de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire s’attend à de rudes pertes rien que dans le secteur des fruits.

Sergei, employé dans un entrepôt de fruits dans le sud-est de la Moldavie, prépare les pommes destinées à l’exportation vers la Russie et le Bélarus (photographie prise avant la guerre). ©FIDA/Paolo Marchetti

 

Être là en ces temps de crise inédits             

Plus que d’intrants, ce dont la Moldavie a réellement besoin, c’est d’un appui financier. Des liquidités permettront aux agriculteurs, aux populations rurales et à l’État de prendre les problèmes à bras le corps et d’acheter ce dont ils ont besoin, à condition que les pénuries sur les marchés soient résolues. 

Le FIDA joue un rôle stratégique en fournissant ce type d’appui. Nous travaillons étroitement avec le Ministère de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire et d’autres organismes des Nations Unies afin de répondre à la situation et d’y apporter des solutions en ces temps difficiles. Nous cherchons les moyens d’employer au mieux notre expertise en matière de renforcement de la résilience rurale et déterminons quelles initiatives permettront de fournir le meilleur appui aux agriculteurs, que ce soit sous la forme de bons de financement pour des semences résistantes à la sécheresse et des engrais biologiques, ou de dons pour des réservoirs d’eau de surface et des collecteurs d’eau de pluie. 

Dans le même temps, nous sommes conscients du fait que ce n’est que le début des répercussions qu’aura la guerre en Ukraine, et que les petits exploitants agricoles de Moldavie et d’autres pays devront trouver un moyen de gérer ces effets tout en résolvant les problèmes qui se posent déjà.

C’est pourquoi, au FIDA, nous concentrons notre action sur l’amélioration de la production alimentaire locale, la réduction des pertes après les récoltes, et les marchés locaux et régionaux dans certains des pays les plus touchés où nous intervenons.

La Moldavie s’est retrouvée en première ligne d’une crise sans précédent. La mission originelle du FIDA est d’appuyer le développement à moyen et long terme mais il peut aussi réaffecter ses ressources pour répondre à des besoins à court terme et ainsi contribuer à la résilience à long terme, notamment en fournissant des intrants agricoles et un appui financier. Grâce à son action, les petits exploitants agricoles moldaves pourront renforcer leur résilience, traverser ces temps perturbés et continuer de nourrir les populations.

Samir Bejaoui est Directeur de pays du FIDA pour la République de Moldova.

Découvrez les projets actuellement appuyés par le FIDA en Moldavie: le Projet de renforcement de la résilience en milieu rural et l’initiative Transformation rurale: retenir les talents.