Le FIDA dans l'économie bleue: une petite révolution?

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Le FIDA dans l'économie bleue: une petite révolution?

Temps de lecture estimé: 5 minutes

©IFAD/R. Ramasomanana

"L'économie bleue" est le nouveau mot à la mode dans les programmes d'action liés au développement durable international. On en parle dans le monde entier, on réunit des forums pour échanger des idées sur comment mieux prendre soin de cette ressource vitale. Mais qu'est-ce que l'économie bleue et quelle peut être sa place dans l'action du FIDA au service du développement?

L'économie bleue vise à stimuler la croissance économique, à créer de nouvelles sources de revenu et des emplois, tout en assurant la protection de notre environnement, des valeurs culturelles et de la biodiversité par l'utilisation durable des ressources aquatiques – océans, mers, lacs, rivières – et  leur conservation. Or, parmi les objectifs de développement durable, l'ODD 14 exhorte la communauté mondiale à "conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable".

Pourquoi l'économie bleue est-elle si importante dans nos vies? Passons rapidement en revue quelques chiffres. Plus de 71% de la surface de la Terre est recouverte d'eau et près de la moitié de la population mondiale vit à moins de 100 kilomètres de la mer. Les trois quarts de toutes les grandes villes sont situées le long de la côte et 90% des marchandises échangées dans le monde voyagent sur la mer. La part de l'économie mondiale liée aux océans est estimée à 3 000 milliards de dollars par an, ce qui représente environ 5% du PIB mondial. Les activités de l'économie bleue assurent les moyens d'existence de plus de 820 millions de personnes dans le monde entier (transport maritime et transports connexes, production d'énergie, exploitation minière, construction, commerce, tourisme, recherche, sans oublier les très importants bénéfices pour les écosystèmes, comme la séquestration du dioxyde de carbone).

La pêche et l'aquaculture font partie intégrante de l'économie bleue, sans doute en est-ce même l'un des secteurs les plus importants car il est porteur de perspectives prometteuses et de retombées positives de toutes sortes partout dans le monde, en particulier dans les pays en développement. La production halieutique à l'échelle mondiale est en augmentation et atteint près de 171 millions de tonnes, dont à peu près la moitié provient de l'aquaculture, ce qui représente environ 362 milliards de dollars. Le poisson représente presque 20% de l'apport en protéines animales par habitant pour 3,2 milliards de personnes et couvre 17% des protéines animales fournies par l'alimentation à l’échelle mondiale. L'aquaculture continue de croître plus rapidement que les autres grands secteurs de production alimentaire, avec près de 6% de croissance par an. Environ 60 millions de personnes tirent leur principal moyen d'existence de la pêche ou de l'aquaculture, dont plus de 96% dans les pays en développement d'Asie et d'Afrique. Environ le même nombre de personnes, en particulier des femmes, sont employées dans la transformation du poisson après capture, la commercialisation et d'autres activités de la chaîne de valeur.

L'action du FIDA ne concerne pas tous les secteurs de l'économie bleue, mais il existe une longue histoire de coopération dans les domaines liés aux ressources aquatiques, qui remonte à plus de quatre décennies. Depuis 1980, le FIDA a appuyé plus de 100 projets impliquant des communautés dont les moyens d'existence viennent des ressources aquatiques provenant de la pêche artisanale, de l'aquaculture artisanale et des zones côtières. Le coût total de ces investissements s'élève à près de 3,4 milliards de dollars, dont 1,6 milliard de contribution directe du FIDA, soit environ 8% du total des prêts et dons du Fonds. À l'heure actuelle, il y a plus de 35 projets en cours dont les activités touchent à la pêche, à l'aquaculture et concernent les communautés côtières.

Les investissements du FIDA visent la mise en place de chaînes de valeur durables et efficaces dans le domaine de la pêche et de l'aquaculture; ils donnent aux pêcheurs et aux agriculteurs les moyens de se procurer des intrants, de bénéficier de nouvelles techniques dans la production et l'après-récolte, de disposer de meilleures infrastructures et de compétences élargies. Une grande attention est accordée à la gestion efficace des écosystèmes aquatiques, dans laquelle intervient la prise en compte  des question relatives à la jeunesse, au genre, à la nutrition, aux peuples autochtones et aux changements climatiques. Les communautés côtières, et en particulier les petits États insulaires, sont aux prises avec des difficultés exceptionnelles, notamment des menaces climatiques et environnementales extrêmes. Le FIDA a répondu aux besoins de ces communautés, par exemple par la reconstitution des moyens d'existence et de la résilience des populations ayant subi les conséquences du tsunami en Asie ou d'El Niño dans certaines régions d'Afrique. Avec la pression croissante pesant sur les ressources aquatiques, il faut redoubler d'efforts dans la gestion et la conservation des ressources halieutiques et marines et développer l'aquaculture à petite échelle afin d'exploiter toutes ses potentialités. Et il reste encore à travailler sur une plus grande efficience de la production, la réduction des pertes après récolte, les innovations dans la création de valeur ajoutée et de meilleures stratégies de commercialisation.

Comment le FIDA peut-il mieux collaborer avec les États Membres et les parties prenantes au service d'une croissance économique et d'une transformation sociale qui soient inclusives et durables en s'appuyant sur l'économie bleue? Quelles technologies, meilleures pratiques et modèles de développement peuvent soutenir les investissements durables dans l'économie bleue, la conservation et la résilience des zones côtières et lesquels peut-on reproduire à l'échelle mondiale? Nous n'en sommes encore qu'aux prémices en matière d'économie bleue: des perspectives passionnantes attendent d'être explorées, il reste beaucoup à apprendre et, souhaitons-le, à trouver les bonnes réponses à toutes ces questions.