Le mérite des producteurs laitiers en Asie du Sud

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Le mérite des producteurs laitiers en Asie du Sud

Temps de lecture estimé: 5 minutes
© Dhiraj Singh/FIDA

Le lait est l’une des denrées agricoles les plus produites de la planète. Il constitue également une source de revenus essentielle pour au moins 500 millions de personnes pauvres, dont les moyens d’existence dépendent.

En Asie du Sud, près de 80% du lait provient de petites exploitations. C’est pourquoi le FIDA intervient dans la région pour aider les petits producteurs laitiers à optimiser leur production.

Ces derniers se heurtent toutefois à des difficultés majeures. En moyenne, les ménages agricoles de la région ne peuvent se permettre qu’une à deux bêtes laitières par foyer, ce qui leur laisse peu de lait à vendre après en avoir mis de côté pour répondre à leurs propres besoins. Et lorsqu’ils ont un excédent, ils n’ont nulle part où le vendre en raison d’un accès limité aux marchés. Ils pâtissent également d’un manque d’accès au crédit, à la formation et aux intrants (tels que les aliments pour animaux), outre la faible productivité de la main-d’œuvre.

Zéro gaspillage

À Chikas, dans le nord du Pakistan, Talseem Bano était dans ce cas de figure. Le surplus de lait qu’elle produisait parfois finissait à la poubelle faute d’un endroit où le vendre et le stocker.

Puis, en 2017, elle a entendu parler de l’Initiative de transformation économique. Dans le cadre de ce projet financé par le FIDA, le lait est collecté chez le producteur deux fois par jour. En outre, un partenariat a été noué avec une entreprise privée et des centres de collecte de proximité ont été établis, afin que les producteurs laitiers comme Tasleem puissent écouler leur surplus.

« Au lieu de jeter le lait en trop, je peux désormais le vendre », se réjouit Tasleem. « L’argent que j’en tire m’aide à couvrir les différentes dépenses de la famille. Je peux aussi payer les frais de scolarité de mes enfants ».

L’argent du beurre

Après avoir obtenu un prêt, Leelabai Munde a acheté cinq chèvres, dont elle a commencé à vendre le lait. © Dhiraj Singh/FIDA

Les producteurs laitiers s’associant aux projets financés par le FIDA peuvent également accéder à des crédits dont ils ont largement besoin, et développer leur entreprise.

Leelabai Munde travaillait auparavant comme cuisinière dans une école publique de l’ouest de l’Inde. Un jour, elle a entendu parler du Programme d’autonomisation des femmes rurales (Tejaswini), grâce auquel elle a obtenu un prêt de 10 000 INR (121 USD) et acheté cinq chèvres, dont elle a commencé à vendre le lait.

Les résultats ont dépassé toutes ses espérances. Elle a pu acheter des bufflonnes, plus lucratives, obtenir un crédit plus important et fonder son propre magasin de lait et de sucreries. Elle a même pu financer la construction d’une nouvelle maison grâce à ses 25 bufflonnes.

« Avant, nous ne gagnions que 10 000 INR (121 USD) par mois, déduction faite de nos dépenses », explique-t-elle. « Aujourd’hui, nous gagnons au moins 50 000 INR (600 USD) par mois. »

Se relever après un coup dur

À Levkashi, au Népal, le confinement lié à la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) a forcé Sita Kumari Khamcha et sa famille à s’endetter lourdement.

Grâce à la formation et aux outils qu’elle a reçus, Sita Kumari a pu créer son entreprise. © Krishna Lamsal/ASDP

Toutefois, après avoir bénéficié d’une formation à l’élevage et obtenu un accès au crédit dans le cadre du Programme de développement du secteur agricole (ASDP), elle a acheté deux bufflonnes et créé sa propre entreprise. En moins d’un an, son cheptel s’est agrandi et compte désormais huit bufflonnes, trois vaches et un veau. Matin et soir, elle vend du lait à une coopérative locale, qui lui rapporte entre 100 000 NPR et 150 000 NPR (de 756 à 1 000 USD) par mois.

Grâce à ces gains, sa famille a pu rembourser sa dette et acheter une voiture, que son époux utilise pour offrir un service de transport et compléter les revenus de la famille. « Même si je ne sais pas lire, on me respecte en tant qu’agricultrice prospère », déclare Sita. « J’ai compris qu’un petit investissement judicieux pouvait conduire à une entreprise florissante. »

L’importance du fourrage

Les projets financés par le FIDA aident les ménages d'Asie du Sud à accéder aux financements et à la formation professionnelle. © FIDA/Ruvin De Silva

Un bon fourrage améliore la santé des animaux, et apprendre à bien le cultiver est le secret de la réussite d’une exploitation.

À Sri Lanka, Samantha Weerasooriya a suivi une formation sur le fourrage dans le cadre du Programme de partenariats avec les petites agro-industries. Elle a pu, grâce à cela, faire passer son cheptel d’une vache en 2017 à 10 vaches aujourd’hui, et prévoit de créer un centre de production de yaourts.

De même, au Bangladesh, le Projet de transformation des entreprises rurales aide les agriculteurs comme Mirza Ifte Khairul Hossain à accroître la qualité et la quantité des aliments pour animaux, ce qui leur permet de produire un lait de meilleure qualité et en plus grande quantité.

« En seulement deux ans, j’ai développé ma propre marque », explique Mirza. « Je produis 450 litres de lait conditionné par jour. Je rêve, un jour, de livrer mon lait conditionné dans tout le pays. »

Pour ces agriculteurs, le lait est un véritable élixir de la nature. En plus d'être source de nourriture nutritive, les produits laitiers peuvent aussi contribuer à faire sortir les populations rurales de la pauvreté.