Les peuples autochtones nous montrent que la planète et ses habitants peuvent vivre en harmonie
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Les peuples autochtones nous montrent que la planète et ses habitants peuvent vivre en harmonie
Temps de lecture estimé: 5 minutesEn Amérique du Sud, les modes de vie des peuples autochtones sont menacés. À travers le continent, ces communautés voient les conditions météorologiques séculaires changer et les milieux naturels se dégrader.
Mais les peuples autochtones sont aussi les mieux placés pour s'adapter à un monde en évolution. Depuis des générations, ils gèrent leur environnement de manière durable et cultivent une grande variété d'aliments adaptés aux conditions locales.
C'est pourquoi le FIDA héberge le Mécanisme d'assistance pour les peuples autochtones (IPAF), qui vise à soutenir les projets conçus et exécutés par les peuples autochtones et les organisations qui les représentent. Partout en Amérique du Sud, le Mécanisme appuie les initiatives de développement autonome ancrées sur la culture, les connaissances et les perspectives autochtones.
De la Cordillère des Andes à l'Amazonie, voici trois organisations autochtones qui transforment leur communauté avec l'aide de l'IPAF.
Préserver les pratiques ancestrales en Bolivie
Pour María Eugenia Quispe, élever des lamas est plus qu'un mode de vie: c'est aussi une manière de maintenir l'équilibre spirituel avec la Terre nourricière ou Pachamama.
Sa communauté aymara de Corque Marka, en Bolivie, fait un usage rituel de la graisse et du sang de ces animaux pour garantir la bonne santé des troupeaux et des récoltes abondantes. Ces récoltes incluent notamment des plantes médicinales à leur tour utilisées pour soigner les lamas. Et ainsi le cycle se perpétue-t-il.
« La médecine vétérinaire traditionnelle fait partie intégrante de notre culture depuis des générations. Ce sont des connaissances qui ont été transmises par l'observation et la pratique », explique María Eugenia.
Mais aujourd'hui, ces connaissances sont menacées. La perte de biodiversité a entraîné la disparition de nombreuses espèces de plantes, tandis que les jeunes générations délaissent ce savoir précieux au profit des techniques modernes.
Grâce à un financement de l'IPAF, María Eugenia et le Centre aymara d'études multidisciplinaires s'efforcent d'y remédier.
Sur la base du consentement préalable, libre et éclairé, ils consultent les communautés d'éleveurs de lamas de la région afin de consigner et de préserver leurs pratiques vétérinaires traditionnelles. Dans le même temps, l'organisation encourage les jeunes autochtones à faire en sorte que ces connaissances soient transmises aux générations futures.
Rendre leurs couleurs aux Andes péruviennes
Au Pérou, la toison des alpagas se pare de milles nuances, passant du gris au marron et jusqu'au noir le plus sombre. Mais le marché ayant développé une préférence pour les alpagas blancs, dont la laine est plus facile à teindre, les autres teintes se sont faites rares.
Fodi Beatriz Huarcaya Ayhua, une jeune vétérinaire quechua d'Iscahuaca, nourrit le rêve de retrouver la palette de couleurs de son enfance. Elle sait qu'elle a les connaissances et les compétences nécessaires pour relancer la production de laine d'alpaga de toutes les couleurs.
« Mes parents et mes grands-parents élevaient des alpagas et j'ai passé toute mon enfance à la campagne à les regarder prendre soin de ces animaux », raconte Fodi.
Dans le cadre du Centre rural de recherche et de formation, une autre organisation bénéficie de l'assistance du Mécanisme, elle allie les techniques scientifiques aux méthodes traditionnelles de ses ancêtres. Par exemple, elle se sert des barrages quechuas qui permettent de stocker l'eau de pluie aussi bien que de barrières modernes pour favoriser le pâturage durable.
Ses alpagas arborant désormais toute une variété de couleurs, Fodi s'appuie sur des stratégies de commercialisation pour trouver des acheteurs intéressés par sa laine colorée. Petit à petit, les alpagas rendent leurs couleurs au paysage andin.
Protéger la diversité naturelle en Colombie
Dans le sud-est de la Colombie, le peuple inga est le garant d'une riche tradition bien vivante: il préserve un large éventail de semences indigènes. Ses membres sèment des mélanges de graines de façon à lutter naturellement contre les nuisibles.
Mais avec les changements climatiques et la dégradation de l'environnement, il devient difficile de pratiquer l'agriculture et leurs méthodes sont en péril. Désormais, la saison des pluies vient plus tôt qu'auparavant, lorsqu'il y a davantage de risque que les oiseaux et les insectes s'attaquent aux jeunes pousses, et les pesticides utilisés pour y remédier déciment les espèces bénéfiques à l'agriculture. Les rendements étant moindres, le nombre de semences conservé a chuté et beaucoup sont vendues pour compenser la perte de revenu.
Ingry Paola Mojanajinsoy et l'association autochtone Cabildos Inga se mobilisent. Grâce à un don de l'IPAF, destiné à la création d'une nouvelle banque de semences amazonienne à Putumayo, elle fait revivre les pratiques traditionnelles du peuple inga et protège la biodiversité.
« Les semences amazoniennes sont d'une grande importance car elles ont été transmises de génération en génération », explique Ingry. « Elles poussent sans qu'il soit nécessaire d'utiliser de l'engrais ou des produits chimiques parce qu'elles sont plantées dans un sol adapté, à la bonne saison ».
Par son travail, Ingry aide à rétablir le fondement même de la société inga: le suma kausangapa. Dans cette conception globale du bien-être, il est de la plus haute importance que l'humanité entretienne une relation harmonieuse avec la nature.
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À ce jour, plus de 212 projets ont bénéficié de dons de l'IPAF en Amérique latine et dans les Caraïbes, en Afrique, et en Asie et dans le Pacifique.
Tous s'appuient sur le savoir ancestral des peuples autochtones pour protéger les écosystèmes, établir des liens et protéger les modes de vie, tout en rétablissant l'équilibre entre les êtres humains et la nature.
Date de publication: 08 août 2024