Les peuples autochtones protègent la biodiversité, une récolte après l’autre

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Les peuples autochtones protègent la biodiversité, une récolte après l’autre

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Les peuples autochtones entretiennent un lien intrinsèque avec leur environnement. Des plantes médicinales aux cultures de base, telles que le manioc, la terre sur laquelle ils vivent sous-tend leurs systèmes alimentaires ainsi que leurs modes de vie.

Mais elle sous-tend également la biodiversité mondiale. En effet, 80% de la biodiversité que l’on trouve encore aujourd’hui sur la planète se trouve sur les terres des peuples autochtones.

Alors que les formes modernes d’agriculture mécanisée peuvent donner naissance à des déserts de monoculture, nombre de peuples autochtones emploient des techniques qui nourrissent la terre et préservent la biodiversité au lieu de l’éliminer.

Leurs systèmes alimentaires séculaires sont ancrés sur des pratiques durables, propres aux écosystèmes autochtones.

Voici quelques exemples de la manière dont les peuples autochtones préservent la biodiversité dans trois des 80 pays où le FIDA leur vient en aide.

La protection des espèces rares aux Philippines

La région montagneuse de la Cordillère, dans le nord des Philippines, est un « couloir de biodiversité » – un corridor ininterrompu de biodiversité qui permet aux animaux de se déplacer d’une zone protégée à l’autre.

Avec l’appui du projet CHARMP2, les communautés autochtones gèrent des forêts humides où le lichen pousse à foison et où vit un nombre incalculable d’espèces rares, comme les scandentiens ou les orchidées.

Avec l’aide du FIDA, Pepe Lao-an, qui vit dans le nord de la région administrative de la Cordillère, a multiplié le rendement de ses caféiers par trois. ©FIDA/Irshad Khan

Ils appliquent des systèmes traditionnels, tels que le lapatun ensemble de lois autochtones régissant l’utilisation des ressources naturelles – ainsi que des techniques d’agroforesterie et de reboisement pour protéger la biodiversité.

De plus, un plan de gestion intégrée des bassins versants, élaboré par les communautés tribales locales, préserve plus de 44 600 hectares en améliorant la fertilité des terres, en diversifiant la couverture forestière et en réduisant l’érosion des sols.

En appliquant le principe du consentement libre, préalable et éclairé, CHARMP2 garantit une mise en œuvre effective et efficace, tout en favorisant l’appropriation du projet par les peuples autochtones et sa durabilité.

Des chenilles et des arbres en République démocratique du Congo

Lorsque les communautés autochtones du territoire des Mwenga, en RDC, ont dû quitter leurs forêts traditionnelles pour laisser place à une réserve naturelle, elles ont été confrontées à l'insécurité alimentaire, à la pauvreté et à la discrimination.

Pour survivre, elles n’ont eu d’autre choix que de prendre part à l’exploitation forestière et à la déforestation, produisant du charbon et du bois qu’elles vendaient sur les marchés. En peu de temps, la terre est devenue stérile et la biodiversité a été mise en péril.

« Quand nous sommes arrivés ici, la zone était arborée. Mais nous avons abattu les arbres, sans comprendre que nous faisions du mal à notre environnement. Mais c’était à cause de la pauvreté », explique Wanzila Lutula Albert, originaire de la forêt d’Itombwe, dans le Sud-Kivu. « Nous ne pouvions pas nourrir nos enfants ou les envoyer à l’école. Alors nous avons coupé tous les arbres ».

En 2019, le Mécanisme d’assistance pour les peuples autochtones, instrument de financement du FIDA, et une organisation à but non lucratif locale appelée Pilier aux Femmes Vulnérables Actives (PIFEVA) ont entrepris de venir en aide au peuple mwenga, en particulier aux personnes se trouvant sur des terres où l'on trouve des chenilles comestibles.

Les chenilles comestibles sont riches en protéines et une source de revenus pour nombre de jeunes et de femmes. © T.K. Naliaka

En restaurant et en gérant la biodiversité autour d’eux, nombre de femmes et de jeunes ont pu vendre des chenilles comestibles et ainsi gagner leur vie.

En seulement deux ans, ce sont 202 jeunes et femmes autochtones qui ont abandonné la déforestation pour jouer un rôle actif dans le cadre des activités menées par le projet. Résultat, 350 hectares de terres ont été reboisés dans sept communautés.

Retour aux fondamentaux au Pérou

Jusqu’en 2004, les membres de la communauté autochtone des Matsigenka cultivaient la terre, pêchaient, cueillaient des fruits et chassaient. Et puis l’exploration pétrolière et gazière dans le bassin de l’Amazone a donné des emplois temporaires aux familles et nombre d’entre elles ont cessé de cultiver. Le nombre de poissons et de têtes de bétail a chuté tandis que la population augmentait, et les fuites de pétrole et le trafic accru ont pollué les cours d’eau. 

Mais lorsque la pandémie de COVID-19 a éclaté, de nombreuses familles sont revenues à l’agriculture et à leurs racines ancestrales après avoir perdu leur emploi.

Ainsi, la communauté a pu garantir ses moyens d’existence tout en prenant soin de la terre et en préservant la biodiversité locale. 

« La communauté ne doit pas oublier nos plantes. Nous devons maintenir notre culture et nos coutumes », dit Dolores Primo Primo, artisane et gardienne du savoir local.

Du manioc aux bananes, le bassin de l’Amazone regorge de trésors pour ses habitants. « De l’époque de mes ancêtres à aujourd’hui, nous continuons de pratiquer nos coutumes en cultivant le chacra (jardin) et nous n’oublions pas les connaissances de notre peuple », déclare Agustin Gomez Olarte, agriculteur.

« Nous ne pouvons pas perdre l’héritage de nos grands-parents », explique-t-il. « S’il n’y a plus de manioc, que mangerons-nous? ».