Les solutions fondées sur la nature, c’est quoi? Toutes les réponses à vos questions

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Les solutions fondées sur la nature, c’est quoi? Toutes les réponses à vos questions

Temps de lecture estimé: 6 minutes
©FIDA/Olivier Asselin

Il est grand temps d’aider les populations les plus vulnérables – agriculteurs, pêcheurs, éleveurs et petits producteurs des zones rurales des pays en développement – à s’adapter aux bouleversements climatiques actuels, car elles en subissent déjà les effets.

La meilleure voie à suivre, selon nous, est d’adopter des solutions fondées sur la nature. Que sont ces solutions fondées sur la nature et pourquoi sont-elles si avantageuses? Nous répondons ici à vos questions sur cette approche intéressante.

Mais alors, les solutions fondées sur la nature, c’est quoi?

Les solutions fondées sur la nature nous permettent de travailler en accord avec la nature et de tirer parti des fonctions écosystémiques qui protègent la biodiversité, stockent le carbone, favorisent l’adaptation aux changements climatiques tout en ayant des avantages sur le plan social.

L’Union internationale pour la conservation de la nature définit ces solutions comme « les actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés, pour relever directement les enjeux de société de manière efficace et adaptive tout en assurant le bien‑être humain et des avantages pour la biodiversité ».

Les solutions fondées sur la nature peuvent être conçues pour s’attaquer à des questions et des problèmes très différents tels que les changements climatiques, la sécurité alimentaire, la sécurité de l’approvisionnement en eau, la santé humaine, les risques de catastrophe et le développement économique et social.

Par exemple, au Soudan, la région du Butana est très vulnérable face à la sécheresse. Dans le cadre d’une initiative appuyée par le FIDA, un cadre de gouvernance a été créé pour permettre aux populations locales de protéger les forêts communales de façon collective et de gérer les ressources en terre et en eau de manière durable, mais aussi de résoudre les conflits fonciers, notamment ceux où des intérêts extérieurs étaient en jeu. L’initiative a non seulement contribué à protéger le délicat écosystème sahélien, mais aussi à réduire les conflits dus à l’accès à la terre et à accroître la résilience face à la sécheresse, et devrait permettre de stocker 4,7 millions de tonnes de dioxyde de carbone dans les 20 prochaines années.

Pourquoi les solutions fondées sur la nature sont-elles si avantageuses?

Jusqu’à récemment, le climat, la biodiversité et même le bien‑être humain et social étaient traités comme des questions distinctes appelant des solutions distinctes.

Les solutions fondées sur la nature adoptent au contraire une approche globale, en traitant le climat et le bien‑être humain et environnemental comme participant d’un même système.

Lorsque les composantes d’un système sont traitées séparément, les mesures prises dans un domaine peuvent avoir des répercussions négatives sur un autre. Par exemple, on peut planter des milliers d’arbres pour stocker du carbone, mais si tous ces arbres sont de la même espèce, cela entraîne une perte de biodiversité.

Une approche axée sur les solutions fondées sur la nature prend en considération aussi bien les effets positifs que les effets négatifs des interventions. Cela consiste à choisir les solutions qui ont des retombées positives sur l’ensemble du système, sans qu’il y ait de répercussions négatives sur d’autres composantes.

Pourquoi les États devraient-ils adopter des solutions fondées sur la nature?

En adoptant des solutions fondées sur la nature, les États peuvent aider les petits exploitants agricoles à renforcer leurs moyens d’existence et à s’adapter aux changements climatiques. Ils encouragent ainsi la prospérité rurale, permettent aux personnes d’avoir des revenus décents sans avoir à chercher ailleurs, et renforcent les systèmes alimentaires locaux.

Les solutions fondées sur la nature peuvent aussi aider les différents pays à gérer les ressources naturelles menacées, notamment l’eau, la terre et les sols. Elles peuvent endiguer la perte de biodiversité et apporter une alimentation nutritive et variée.

Les solutions fondées sur la nature représentent donc un investissement dans l’économie et la société actuelles et futures d’un pays, tout en pouvant améliorer la santé des environnements et des populations.

Elles offrent aussi de vastes possibilités de stockage du carbone en aidant ainsi les pays à assurer leurs contributions déterminées au niveau national relatives aux changements climatiques au titre de l’Accord de Paris.

Par exemple, une initiative appuyée par le FIDA de remise en état des pâturages au Kirghizistan permet de stocker chaque année 0,5 tonne de dioxyde de carbone par hectare. Cette quantité peut sembler négligeable, mais c’est sans compter que les pâturages représentent près de la moitié du territoire du pays.

Qu’est-ce qu’une bonne solution fondée sur la nature?

En 2020, l’Union internationale pour la conservation de la nature a établi une norme mondiale qui définit les critères d’efficacité d’une solution fondée sur la nature. Ainsi, une bonne solution:

  • répond efficacement à un ou plusieurs défis de la société;
  • est conçue d’une façon qui tienne compte des interactions entre les êtres humains et l’environnement dans les milieux terrestres et aquatiques;
  • procure des avantages nets à la biodiversité et à l’intégrité des écosystèmes;
  • est économiquement viable;
  • repose sur des processus de gouvernance inclusifs, transparents et habilitants;
  • établit un équilibre équitable entre la réalisation de son ou ses objectifs principaux et la prestation continue de multiples avantages;
  • est gérée de façon adaptative, sur la base de données factuelles – à la fois des données scientifiques et des sources de savoir locales, autochtones ou traditionnelles;
  • a une trajectoire à long terme et est appuyée par des cadres stratégiques.

Comment le FIDA met-il à profit les solutions fondées sur la nature dans son action?

Au FIDA, nous avons depuis longtemps conscience des possibilités offertes par les solutions fondées sur la nature. Notre expérience avec ces solutions est si positive que nous prévoyons maintenant d’y investir 30% de notre financement climatique d’ici à 2030. En attendant, nous les intégrons déjà à beaucoup de nos programmes partout dans le monde.

Dans le cadre du Programme d’adaptation de l’agriculture paysanne (ASAP), une initiative innovante du FIDA, les populations rurales ne sont pas seulement considérées comme des bénéficiaires; elles participent aussi à la protection, à la gestion et à la remise en état de leurs écosystèmes. Jusqu’à présent ASAP a permis de mobiliser 300 millions d’USD en faveur de plus de 5 millions d’agriculteurs dans 41 pays.

En Gambie, un projet de remise en état des mangroves a pour effet de créer des microclimats plus frais et entraînera le stockage de plus de 100 000 mégatonnes de dioxyde de carbone dans les 20 prochaines années.

Au Nicaragua, le projet de plantation d’arbres permet d’améliorer la santé des sols, de retenir l’eau souterraine et de stocker chaque année 2,7 tonnes de dioxyde de carbone par hectare.

Le successeur de l’ASAP, l’ASAP+, a été lancé en 2021 en vue de mobiliser 500 millions d’USD et de venir en aide à plus de 10 millions de personnes. Nous l’avons conçu comme devant être le plus grand fonds destiné à acheminer le financement de l’action climatique jusqu’aux petits producteurs. Et bien sûr, les solutions fondées sur la nature en sont l’un des principaux piliers.