Partons à la rencontre des agriculteurs et agricultrices qui se battent pour nos écosystèmes

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Partons à la rencontre des agriculteurs et agricultrices qui se battent pour nos écosystèmes

Temps de lecture estimé: 5 minutes

Qu’il s’agisse de déforestation ou de destruction des récifs coralliens, les écosystèmes du monde entier sont massacrés au quotidien. Comme c’est souvent le cas, les populations les plus vulnérables sont aussi celles qui paient le plus lourd tribut. Ainsi, les habitants des zones rurales en ressentent les effets sur leurs moyens d’existence, leur sécurité alimentaire et leurs modes de vie.

Célébrons certaines des personnes qui pilotent les efforts déployés pour restaurer et préserver les écosystèmes et prévenir la perte de biodiversité. Celles qui, malgré les difficultés, ne tournent pas le dos à nos habitats.

Contrer l’avancée du désert

 

Sidi Ould Ahmed Jeddou, dans son exploitation au sud-ouest de la Mauritanie. © FIDA/Ibrahima Kebe Diallo

Dans le sud-ouest de la Mauritanie, en Afrique, l’exploitation de Sidi Ould Ahmed Jeddou est au bord de la désertification. Comme des millions d’autres agriculteurs de la région du Sahel, il a assisté à l’avancée progressive des sables sur les terres arables.

Aujourd’hui, grâce au Mécanisme de relance en faveur des populations rurales pauvres et au Projet de gestion durable des ressources naturelles, d’équipement communal et de structuration des producteurs ruraux (PROGRES), il a accès à un système d’irrigation et à des semences adaptées aux conditions semi-arides de la région. Même lors des mois les plus chauds, son réservoir d’eau est plein et ses pastèques, ses carottes et ses oignons poussent bien.

« Avant, nous ne produisions que 200 kilogrammes de légumes par an », explique Sidi Ould Ahmed. « Mais rien que l’hiver dernier, nous avons produit suffisamment de légumes pour nourrir notre famille, en donner à nos voisins pauvres et en vendre deux ou trois tonnes sur les marchés. »

L’exploitation de Sidi Ould Ahmed fait partie d’une mosaïque de domaines agricoles et d’espaces sauvages, qui constituent la Grande Muraille verte, un programme ambitieux visant à restaurer les terres dégradées, à stocker le carbone et à améliorer les moyens d’existence, dans un élan destiné à retenir l’avancée du désert du Sahara.

Togirkhon Aymatov, horticulteur, près d’un jeune pistachier. © FIDA/Didor Sadulloev

Tout a commencé avec un petit hectare de terre, sur une colline à proximité du village d’Istiqlol, au Tadjikistan, qui faisait partie d’un terrain tellement érodé par le surpâturage qu’il était abandonné depuis 1998.

Puis, en 2018, des spécialistes du Projet de développement de l’élevage et des pâturages – Phase II (LPDP), appuyé par le FIDA, ont créé une parcelle de démonstration. En s’aidant de Groasis Waterboxxes, des systèmes réutilisables qui recueillent l’humidité pour aider les jeunes pousses à s’enraciner dans des zones arides, ils ont planté des arbres.

Grâce à leur système racinaire solide, les pistachiers retiennent la terre afin qu’elle ne soit pas emportée par la pluie, et aident ainsi à conserver les écosystèmes arides et à éviter la dégradation des terres. Leurs racines profondes qui s’enfoncent dans le sol pour capter l’eau font que ces arbres sont par ailleurs tolérants à la sécheresse et ne dépendent pas de l’irrigation. 

« Après une saison des pluies, les résultats étaient déjà là », a déclaré Togirkhon Aymatov, un horticulteur local. « L’hectare occupé par des pistachiers n’a pas été touché par l’érosion, alors que celle-ci s’est aggravée dans le champ voisin à cause des fortes pluies printanières. Cela a suffi à nous convaincre. »

Les villageois d’Istiqlol ont cultivé d’autres jeunes plants de pistachiers. Aujourd’hui, la plantation s’étend sur 60 hectares parsemés de jeunes pistachiers vigoureux, dont un grand nombre portent déjà des fruits.

Une plante invasive pour lutter contre la dégradation des sols

Néstor Ruiz restaure le sol afin de cultiver des plantes à forte valeur ajoutée. © FIDA / Juan Manuel Rada

Le paysage de la région de Pando, une terre d’élevage de l’Amazonie bolivienne, est jalonné de barbechos, des parcelles de terre rendues désertiques par le surpâturage.

Mais un petit exploitant, Néstor Ruiz, a trouvé une arme improbable: le kudzu, une vigne fixatrice d’azote qui fournit à la fois du fourrage et de l’engrais vert.

Malgré ses qualités, le kudzu est aussi une espèce invasive, et Néstor doit faire preuve de vigilance pour éviter qu’il n’envahisse ses terres. « Je ne restaure qu’une petite parcelle de mon terrain à la fois. Lorsque le sol est prêt, je passe le motoculteur pour tout enlever », explique-t-il. Dans le cadre du Programme d’intégration économique en faveur des familles et des communautés rurales dans le territoire de l'État plurinational de Bolivie (ACCESOS) financé par le FIDA, il a acheté des semis de plantes à haute valeur ajoutée, telles que le caoutchouc ou les noix du Brésil, qu’il cultive sur le sol restauré.

Aujourd’hui, Néstor redonne vie aux barbechos pour les générations futures. « Ce pari exige de la ténacité et un travail de longue haleine, mais le jeu en vaut la chandelle. », dit-il, en pointant du doigt le sol riche et sombre tapissant un plant de kudzu.

Au Sénégal, la restauration des mangroves redonne vie aux communautés locales

Il y a dix ans, les communautés du Delta de Saloum, au Sénégal, ont dû faire face à un défi de taille. Des sécheresses persistantes ont détruit les mangroves luxuriantes de la côte, entraînant un déclin rapide des produits marins dont elles dépendaient. Sans les barrières protectrices des forêts de mangroves, leurs villages étaient aussi exposés aux caprices de la mer.

Mais la restauration, soutenue en partie par le Programme pilote intégré au Sénégal (PARFA) financé par le FIDA, redonne vie aux mangroves et rétablit les moyens d’existence locaux. Les ostréiculteurs et ostréicultrices, comme Marianne Ngong, produisent désormais des huîtres et les transforment pour les vendre à un meilleur prix.

Bana Diouf, qui vit aussi en milieu rural, est aujourd’hui apicultrice et vend du miel de mangrove aux résidents et aux touristes. « Une part de nos économies sert à reboiser la mangrove et à la protéger, car on sait qu’il faut en prendre grand soin. », déclare-t-elle.

Comme Bana, bon nombre d’autres habitants des zones rurales prennent les devants pour restaurer et préserver nos écosystèmes. Le FIDA fait tout son possible pour les aider et promouvoir une croissance agricole écologiquement durable et intégrée à nos écosystèmes.