Les enjeux nutritionnels dans nos investissements pour les systèmes alimentaires. Retours d'expérience en Éthiopie

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Les enjeux nutritionnels dans nos investissements pour les systèmes alimentaires. Retours d'expérience en Éthiopie

Temps de lecture estimé: 6 minutes
©FIDA/Petterik Wiggers

Bien que des progrès notables aient été faits s’agissant de la réduction de la malnutrition à l’échelle de la planète, le monde est encore en retard concernant la réalisation de l’objectif de développement durable n°2: Mettre fin à toutes les formes de malnutrition d’ici à 2030. En effet, 9% de la population mondiale était sous-alimentée en 2020 et la pandémie de COVID-19 a ajouté au moins 132 millions de personnes de plus à ce chiffre.

Une alimentation équilibrée pour tous est un impératif moral, qui sous-tend l’action que nous menons à l’échelle mondiale pour rendre le développement durable. L’alimentation a des répercussions profondes sur la santé et le bien-être, sur la résilience et sur la capacité d’une personne à apprendre, de gagner sa vie et d’améliorer ses moyens d'existence. De plus, il s’agit là un investissement efficace sur le plan économique: chaque dollar investi dans la nutrition en rapporte seize.

Il n’est donc pas étonnant que de plus en plus de projets de développement rural mettent l’accent sur la nutrition comme moyen d’optimiser leur incidence. Nos activités en Éthiopie en sont un exemple.

Intégrer l’enjeu nutritionnel dans les investissements du FIDA en Éthiopie

En dépit de certaines avancées au cours des 20 dernières années, l’insécurité alimentaire et la malnutrition restent des problèmes majeurs en Éthiopie. Les changements climatiques aggravent des pressions qui s’exerçaient déjà sur la sécurité alimentaire et 37% des jeunes enfants continuent de souffrir de malnutrition chronique.

En Éthiopie, le FIDA investit avant tout en faveur du développement des petits exploitants agricoles, des agropasteurs et des communautés de pasteurs, qui sont les premiers producteurs alimentaires du pays. Dans le cadre de notre travail avec eux, nous nous efforçons d’en faire les acteurs de leur propre développement et ainsi de créer des systèmes alimentaires durables. Améliorer la nutrition est un aspect essentiel de cette action.

Nous adoptons une approche globale de la nutrition, dans le cadre de laquelle nous investissons à la fois dans l’accès à des aliments nutritifs et dans leur utilisation. D’un côté, nous essayons d’augmenter les revenus et la production alimentaire au niveau des ménages et des marchés, et de l’autre, nous aidons les participants au projet à améliorer leurs connaissances nutritionnelles et à développer des habitudes alimentaires saines, en particulier en donnant des moyens aux femmes.

Nos collègues déterminent des points d’entrée afin de mener des interventions efficaces en matière de nutrition, s’assurent que ces interventions sont présentées clairement et bien comprises, et définissent des moyens de réalisations précis. Ensuite, ils évaluent l’incidence de ces interventions sur les objectifs fixés en matière de nutrition.

Prenez, par exemple, le programme PASIDP II financé par le FIDA. Il s’appuie sur son prédécesseur, le Programme de développement participatif de la petite irrigation (PASIDP), dans le cadre duquel des investissements ont été faits en faveur de systèmes d’irrigation à petite échelle afin d’accroître les revenus, la productivité agricole et la résilience de l’écosystème au niveau local. La nutrition n’était pas une composante importante de la première mouture du projet mais, à mi-parcours, nos collègues ont compris qu’ajouter des interventions axées sur ce thème permettrait de décupler les effets attendus de celui-ci.

PASIDP II se sert du développement de l’irrigation comme d’un point d’entrée pour la production alimentaire. C’est ainsi que le personnel du projet a aidé des agriculteurs à tester et introduire des cultures nutritives et commercialisables, comme les tomates, les avocats, les mangues et les patates douces à chair orange. Il s’est appuyé sur des services de vulgarisation existants pour former les agriculteurs en utilisant un programme tenant compte de la nutrition spécialement élaboré à cette fin.

La nutrition est désormais incluse dans tous les aspects du projet, notamment les actions d’émancipation des femmes et de transformation des rapports femmes-hommes, qui sont eux-mêmes un moteur clé de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. PASIDP promeut l’égalité femems-hommes en présentant de nouvelles manières pour les familles de partager la charge de travail et de prendre des décisions conjointes sur les questions liées au foyer, en particulier celles ayant trait à la production et l’achat de biens alimentaires.

Nous gardons un œil sur les progrès accomplis et les victoires remportées dans le cadre des interventions en faveur de la nutrition. Pour ce projet, nos collègues ont défini un cadre de suivi et d’évaluation permettant de collecter des données et de prendre des décisions opportunes afin d’améliorer les résultats aujourd’hui et de tirer des enseignements demain.

Des projets aux orientations des politiques publiques

Les projets de développement comme PASIDP II conjuguent pour le mieux orientations de politiques publiques et interventions en faveur du développement. Pour porter leurs fruits, les investissements doivent pouvoir s’appuyer sur des orientations de politiques publiques, et pour être efficaces, les politiques publiques doivent s’appuyer sur les enseignements tirés de projets bien conçus et évalués avec soin.

C’est pourquoi nous utilisons notre expérience en matière d’investissements tenant compte des enjeux nutritionnels pour aider les pays à conceptualiser la transformation de leurs systèmes alimentaires dans le contexte d’un monde en évolution. Les projets financés par le FIDA, tel que PASIDP II, sont le moyen idéal de présenter ces réflexions aux responsables politiques et ils donnent à voir concrètement ce qui fonctionne ou non. 

Il y a peu, nous avons partagé notre expérience lors des concertations sur les systèmes alimentaires organisées conjointement par le Ministère de la santé et le Ministère de l’agriculture éthiopiens. Dans le cadre de celles-ci, tenues en amont du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, les parties prenantes se sont réunies afin de comprendre les principales difficultés rencontrées par les systèmes alimentaires éthiopiens et de définir une feuille de route, l’objectif étant de trouver des solutions pour garantir l’accès de chaque habitant du pays à une alimentation adaptée et nutritive.

Les résultats obtenus dans le cadre de nos projets ont contribué à montrer que l’irrigation à petite échelle, l’amélioration de l’accès au financement rural inclusif et le renforcement des filières pastorales étaient indispensables à la consolidation de la sécurité et des systèmes alimentaires en Éthiopie. Grâce à ces réalisations, les priorités stratégiques du FIDA pour l’Éthiopie figurent désormais parmi les 22 solutions transformatrices énoncées dans la feuille de route du pays pour une transformation des systèmes alimentaires.

Bien sûr, il n’existe pas de solution toute faite pour transformer les systèmes alimentaires. Dans chaque pays, dans chaque contexte, les systèmes alimentaires connaissent des difficultés qui leurs sont propres, sans parler des risques liés aux changements climatiques. Mais en examinant les problèmes dans un contexte donné par le prisme de la nutrition, en investissant dans des solutions, et en collectant et analysant méticuleusement des données sur ce qui fonctionne et ce qui pourrait être affiné, on peut imaginer ensemble un chemin vers des systèmes alimentaires solides et résilients.

 

Découvrez l’action du FIDA en Éthiopie.