Promouvoir les droits des personnes handicapées dans l’intérêt des populations rurales du monde entier

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Promouvoir les droits des personnes handicapées dans l’intérêt des populations rurales du monde entier

Temps de lecture estimé: 5 minutes
©FIDA/G.M.B. Akash

Chaque année, le 3 décembre, le FIDA se joint aux pays des quatre coins du monde pour fêter la Journée internationale des personnes handicapées. Ce jour‑là, nous honorons, célébrons et promouvons les droits et le bien‑être des personnes handicapées dans tous les domaines de la société, et nous sensibilisons aux problèmes que ces personnes rencontrent dans la vie politique, sociale, économique et culturelle.

Les droits des personnes handicapées peuvent sembler ne pas relever du mandat du FIDA. Notre programme consiste en effet à transformer l’agriculture, les économies rurales et les systèmes alimentaires pour bâtir un avenir inclusif, durable, vert et résilient. Mais pour que cette transformation soit inclusive, nous devons mettre fin à la négligence et à la marginalisation dont les personnes handicapées ont toujours fait l’objet et reconnaître leurs contributions indispensables à nos sociétés.

L’Organisation mondiale de la Santé estime qu’environ un milliard de personnes vivent aujourd’hui avec un handicap. Parmi elles, 80% se trouvent dans les pays en développement, où les obstacles à l’éducation, à la santé, à l’emploi et à l’information compromettent souvent leur participation active à la société et à l’économie. Il n’est pas surprenant que les personnes handicapées soient surreprésentées de manière disproportionnée au sein des populations pauvres. En axant notre action sur les populations rurales pauvres des pays en développement, nous devons donc veiller à ce que les personnes handicapées ne soient pas laissées pour compte.

C’est pourquoi le FIDA s’attache à trouver les moyens qui permettront aux personnes handicapées de participer pleinement aux sociétés rurales et de contribuer à des économies rurales dynamiques tout en donnant le meilleur d’elles‑mêmes.

Des partenaires, pas des bénéficiaires

Pour de nombreuses personnes handicapées, l’exclusion sociale peut être une préoccupation plus pressante que le handicap lui‑même. Ces personnes constatent que les obstacles auxquels elles font face, comme les difficultés d’accès à des lieux physiques, les préjugés, les problèmes de communication et l’exclusion des divers systèmes et institutions de la société, finissent souvent par prendre le pas sur leur expérience vécue.

L’élimination de ces obstacles est essentielle si l’on veut garantir les droits et le bien‑être des personnes handicapées. Il est possible d’atteindre cet objectif en améliorant l’accessibilité et les aménagements et, surtout, en adoptant des approches adaptées et ciblées en matière de prise en compte du handicap, pilotées par les personnes handicapées elles‑mêmes.

Pour que des économies rurales équitables puissent prospérer, nous devons éliminer toute forme de discrimination fondée sur le handicap et supprimer les obstacles à l’emploi, notamment le manque d’aménagements raisonnables. Les personnes handicapées sont des innovateurs qui détiennent des connaissances essentielles utiles à leur société. En effet, le simple fait de se débrouiller dans des sociétés qui les limitent oblige les personnes handicapées à faire preuve de créativité. Pourtant, les obstacles structurels les empêchent souvent de contribuer aux revenus de leur ménage. L’ouverture de possibilités d’emploi pour les personnes handicapées dans les filières agricoles et pastorales permettra de puiser dans une vaste réserve de talents et d’innovations sous‑utilisée. Les investissements dans le secteur agricole doivent donc aller de pair avec la création d’emplois pour les personnes handicapées, en particulier les jeunes handicapés.

En outre, nous devons bien tenir compte du fait que la discrimination à l’égard d’autres groupes marginalisés – qu’elle soit fondée sur le genre, la race, l’origine ethnique ou d’autres facteurs – peut se superposer à la discrimination liée au handicap. Nous devons donc adopter une optique propre à transformer les rapports femmes‑hommes et intersectionnelle lorsqu’il est question de l’inclusion des personnes handicapées.

À chaque étape de la conception et de l’exécution des projets, il est important d’établir des partenariats avec des organisations de personnes handicapées et des organisations spécialisées, en vue de les mobiliser activement et de leur permettre d’apporter leurs connaissances et leur expérience. Il est également temps d’abandonner l’idée que les personnes handicapées sont des bénéficiaires passifs, pour les considérer comme des partenaires de développement à part entière. Au FIDA, nos partenariats avec ces organisations découlent de notre attachement à la devise « rien sur nous sans nous » et de notre volonté de créer des voies d’accès au leadership dans les domaines de l’agriculture et du développement rural.

Nous prenons également acte du fait que si les personnes handicapées ne sont pas représentées dans les données que nous recueillons, elles deviennent en quelque sorte invisibles et leurs besoins ne sont alors pas pris en compte dans nos opérations. Un nombre croissant de projets appuyés par le FIDA comprennent donc des indicateurs relatifs au handicap, afin que les données collectées et communiquées soient ventilées par type de handicap. En recueillant des informations solides sur les personnes auprès desquelles nous œuvrons, nous pouvons tirer des enseignements de leur expérience, mettre davantage leur rôle en valeur et, en fin de compte, renforcer notre capacité à donner aux personnes handicapées les moyens de participer pleinement et équitablement aux programmes du FIDA.

S’adapter à un monde en mutation

Lors de la conférence sur les changements climatiques, le FIDA, ainsi que d’autres organisations et militants, a tiré la sonnette d’alarme: les populations rurales et les petits producteurs du monde entier ont besoin d’un appui d’urgence pour s’adapter aux effets des changements climatiques. Si les populations rurales sont trop souvent absentes des discussions mondiales sur les changements climatiques, les habitants handicapés des zones rurales, qui sont encore plus vulnérables, ne sont presque jamais entendus. Face à la hausse de la fréquence et de l’intensité des catastrophes naturelles liées au climat, il est de plus en plus urgent de renforcer la résilience des personnes handicapées vivant en milieu rural et de les inclure dans les processus décisionnels.

Le véritable fardeau des inégalités mondiales avait déjà été mis en évidence par la pandémie de COVID‑19. Au cours des deux dernières années, les personnes handicapées ont manifestement été touchées de manière disproportionnée, et les problèmes sociaux auxquels elles faisaient déjà face (notamment en matière d’accès équitable à la nourriture et de nutrition) ont été visiblement exacerbés. Nous devons agir sans attendre pour faire en sorte que les mesures de relèvement face à la COVID‑19 tiennent compte des personnes handicapées et renforcent la résilience, afin d’éviter que les changements climatiques n’engendrent eux aussi des effets disproportionnés sur les personnes les plus vulnérables.