Voir advenir le changement au Guatemala et au Honduras

IFAD Asset Request Portlet

Agrégateur de contenus

Voir advenir le changement au Guatemala et au Honduras

Temps de lecture estimé: 7 minutes

Le Guatemala et le Honduras se situent au cœur du couloir de la sécheresse, une bande de terre aride, particulièrement exposée aux changements climatiques, qui traverse l’Amérique latine. Ces deux pays partagent des liens économiques et géographiques, mais font face également aux mêmes difficultés (inégalités, malnutrition et violence) qui poussent bon nombre de leurs habitants à migrer vers le nord, aux États-Unis.

Mais le changement est en marche. Les communautés rurales relèvent ces défis, avec passion, espoir, engagement… et avec l’aide de la communauté internationale.

Lors d’une visite récente aux côtés de Cindy McCain, Ambassadrice des États-Unis auprès des institutions des Nations Unies ayant leur siège à Rome, j’ai observé le travail accompli par les deux autres organismes basés à Rome (la FAO et le PAM) et présenté les interventions du FIDA. Ensemble, nous avons vu comment les petits exploitants agricoles guatémaltèques et honduriens transforment les communautés rurales pour en faire des endroits où la population gagne sa vie, cultive de la nourriture, et prospère, avec un soutien adapté.

Des repas scolaires en provenance directe des potagers scolaires

Des élèves de l’école Aldea Veguitas arrosent les plantes de leur potager. © FIDA/Juan I. Cortés

L’école Aldea Veguitas est située dans les collines du sud du Guatemala. Il s’agit de l’un des 60 établissements scolaires qui participent à un Programme d’alimentation scolaire conjoint au FIDA, à la FAO et au PAM, qui a aidé le gouvernement guatémaltèque à introduire et mettre en œuvre la loi sur la nutrition à l’école. Cette loi impose aux établissements scolaires d’acheter 50% de la nourriture qu’ils fournissent à leurs élèves aux petits exploitants locaux.

Les effets de cette loi sont visibles: 60 potagers scolaires ont été créés, 800 mères ont bénéficié d’une formation à la nutrition, à la santé et à l’hygiène, et plus de 300 petits producteurs fournissent des aliments sûrs et nutritifs aux écoles.

« Nos vies se sont beaucoup améliorées », explique Gabriel Ramírez Hernández, du réseau de producteurs Jocotán. « Aujourd’hui, nous avons un acheteur garanti, et obtenons de meilleurs prix pour nos produits. » Santos Encarnación Ávalos, qui assure la coordination du réseau, confirme. « Avant ce programme, il était très difficile de vendre nos produits aux établissements scolaires, parce que les grandes chaînes de supermarchés s’appropriaient le tout. Aujourd’hui, tout a changé pour le mieux. »

Un changement sous impulsion féminine

Une femme de la communauté Plan de Jocote avec des semences. © FIDA/Juan I. Cortés

À quelques kilomètres d’Aldea Veguitas, Gloria Díez, la responsable de la communauté Plan de Jocote, nous explique que, en 2015, un petit groupe de personnes a décidé de collaborer pour essayer d’améliorer la collectivité. « Nous étions une vingtaine de personnes, dont trois hommes seulement, et beaucoup de gens nous prenaient pour des fous. Aujourd’hui, nous sommes 130, dont 17 hommes, et notre travail bénéficie à plus de 3 000 personnes. »

Avec l’aide de programmes de la FAO et du PAM en faveur de l’agriculture résiliente face au climat, cette communauté a obtenu des résultats impressionnants: près de 5 hectares de terres restaurées, 159 potagers familiaux créés, un grand réservoir d’eau et 21 petites structures de stockage d’eau construits, et 18 espèces indigènes de légumes préservées.

Quelle est la prochaine étape pour Gloria et son équipe de pionniers et pionnières? Une usine de transformation pour ajouter de la valeur à leur production agricole, et une aide supplémentaire pour étendre leurs activités aux communautés avoisinantes. Ils espèrent qu’en renforçant leur communauté, leurs enfants et petits-enfants s’épanouiront à la maison et ne seront pas tentés de tout risquer en migrant vers le nord.

Le développement pour décourager les migrations

Au Honduras, nous nous sommes rendus dans une communauté rurale de Belén dont les petits exploitants agricoles locaux ont installé, avec l’aide d’USAID et du FIDA, un système d’irrigation de 50 km de long, qui alimente 150 familles en eau.

Le Conseil d’irrigation de Belén, en compagnie de Cindy McCain, Ambassadrice des États-Unis auprès des institutions des Nations Unies ayant leur siège à Rome, et de René Castro, Directeur de pays du FIDA. © FIDA/Juan I. Cortés

Le système d’irrigation, associé à une rotation des cultures et à des pratiques de diversification, a quadruplé la production tout en assurant la protection de l’environnement. « Prendre soin du sol et des sources d’eau est notre priorité principale », explique Hernán Congolán, le jeune président du Conseil d’irrigation.

L’impact du développement est considérable, et va bien au-delà de la seule production alimentaire durable. Les jeunes restent au niveau local, voire, dans certains cas, rentrent à la maison.

Après sept ans comme migrant clandestin aux États-Unis, Osmín Amaya est rentré. « Je ne serais pas parti si j’avais eu ces possibilités à l’époque. Lorsque j’ai entendu parler de ce projet d’irrigation, et grâce au petit capital initial que j’avais amassé et qui me permettait d’en bénéficier, j’ai décidé de rentrer. »

L’espoir et les fraises sont de retour

Un membre de l’organisation de producteurs APROFESAL travaille dans les champs de fraises de Yamaranguila, au Honduras. © FIDA/Juan I. Cortés

Les champs de fraises de Yamaranguila, dans l’ouest du Honduras, regorgent de fruits luxuriants et parfumés. Mais il y a deux ans seulement, cette terre avait été détruite par les ouragans Eta et Iota.

Avec l’aide du projet PROLENCA du FIDA, les membres de l’organisation de producteurs APROFESAL ont reconstruit leur infrastructure agricole, en y ajoutant des mini-tunnels pour la gestion des conditions météorologiques et des températures, en assurant la diversification des semences et en testant des modèles de production biologique pour réduire leur dépendance aux engrais et améliorer leur propre gestion naturelle des ressources.

L’école de la dégustation

Des élèves de l’école culinaire Miska préparent un délicieux repas. © FIDA/Juan I. Cortés

Miska est une école-restaurant, créée dans le cadre du projet Puentes/Rural for Young People. Sur une période de cinq mois et demi, les élèves bénéficient d’une formation technique à la gastronomie axée sur l’alimentation saine, la redynamisation des zones rurales, le service clients, la création d’emplois et l’entrepreneuriat.

Ce programme est si réputé que certains élèves trouvent un emploi dès leur sortie. Bon nombre de ces élèves sont des femmes, tandis que d’autres sont des jeunes qui ont essayé de se rendre aux États-Unis et qui ont été renvoyés dans leur pays d’origine. Au cours des trois prochaines années, 560 jeunes Honduriens et Honduriennes bénéficieront de cette formation.

Nous avons eu la chance de goûter à leurs concoctions. Nous nous sommes régalés de mets tels que la crema de choros (un type de soupe de champignons) ou le poulet à la sauce mole, qui mettent en avant les produits autochtones et les recettes traditionnelles.

Pendant ce voyage, j’ai vu de mes yeux comment le travail réalisé par le FIDA pour renforcer les communautés rurales pouvait avoir un impact direct sur les vies et les choix des jeunes ruraux. Avec plus de possibilités là où ils ont grandi, ils sont moins susceptibles de migrer, et évitent ainsi d’affronter la mort, parfois, comme tant d’hommes et de femmes contraints à prendre la route de l’immigration clandestine vers les États-Unis.

J’ai également vu comment mettre l’accent sur le renforcement de la résilience face aux changements climatiques et sur l’amélioration de la sécurité alimentaire pouvait favoriser la durabilité à long terme. Nous devons continuer à mettre l’accent sur ces éléments, sans perdre de vue la participation équitable et inclusive.

L’Ambassadrice McCain acquiesce, déclarant que « ces projets assurent l’autonomisation des personnes au sein de leurs communautés, leur permettent de rester avec leurs enfants, de nourrir leurs familles et d’éviter l’émigration. Nous avons besoin de plus d’investissements de ce genre, car ils fonctionnent. »

 

Découvrez notre action au Guatemala et au Honduras.