Solutions fondées sur la nature - Quatre aspects profitables aux populations et aux communautés rurales

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Solutions fondées sur la nature - Quatre aspects profitables aux populations et aux communautés rurales

Temps de lecture estimé: 6 minutes
©FIDA/Susan Beccio

Les « solutions fondées sur la nature » : de prime abord cela peut sembler n’être qu’une expression à la mode. Ces techniques sont pourtant parmi les plus efficaces dans l’arsenal à notre disposition contre les conséquences des changements climatiques.

Elles permettent en effet de s’attaquer à des problèmes complexes par toute une série d’actions flexibles et personnalisables qui présentent des avantages à la fois pour la nature et pour l’humanité. L’idée est de relever simultanément plusieurs défis – biodiversité, écosystèmes, adaptation aux changements climatiques et atténuation de leurs effets, tout en assurant le bien‑être humain.

Les solutions fondées sur la nature, lorsqu’elles sont bien conçues, font appel aux processus des écosystèmes naturels de façon à permettre aux individus d’en tirer profit; elles améliorent la biodiversité locale, préservent, voire restaurent, les écosystèmes, et incitent à prendre des mesures concrètes pour s’adapter aux changements climatiques et en atténuer les conséquences.

Elles ont ainsi leur place dans cette profonde mutation que nous devons opérer pour lutter contre les effets que peuvent avoir les changements climatiques sur nous‑mêmes et sur nos environnements. C’est précisément pour cette raison que le FIDA a décidé d’allouer aux solutions fondées sur la nature 30% de ses fonds destinés à l’action climatique.

Nous avons voulu ci‑après, à travers quatre exemples, illustrer les avantages que présentent les solutions fondées sur la nature pour les individus et les sociétés dans lesquelles ils vivent.

1. Les solutions fondées sur la nature aident les habitants les plus démunis des zones rurales à assurer leur sécurité alimentaire et à se procurer des aliments nutritifs.

Les petits exploitants agricoles cultivent 60 à 80% des denrées alimentaires produites dans les pays en développement. La capacité des habitants les plus pauvres des zones rurales à se procurer des aliments diversifiés et nutritifs dépend donc des cultures qu’ils pratiquent et du bétail qu’ils élèvent.

Les solutions fondées sur la nature contribuent à la meilleure résilience de la production alimentaire face aux changements climatiques, en permettant aux exploitants agricoles de s’adapter efficacement à ces changements et de mieux gérer les ressources en eau, les terres et les sols dont ils disposent, dont la qualité s’améliore. De plus, le fait que ces solutions s’inscrivent dans une approche globale offre la possibilité de prendre en compte également les problèmes de nutrition et de sécurité alimentaire.

Au Kenya, par exemple, dans la région du Haut Tana, les agriculteurs ont pu doubler leur production de lait et d’œufs en utilisant des vaches, des chèvres et des poules qui avaient été élevées de façon à les rendre plus productives. Ils ont également adopté des méthodes d’agriculture de conservation, notamment en réduisant les perturbations des sols et en pratiquant la rotation des cultures pour préserver la santé des sols, ce qui a amélioré le rendement de leurs terres et de leur travail tout en abaissant considérablement les coûts.

2. Les solutions fondées sur la nature limitent les conséquences qu’ont les catastrophes naturelles sur les populations et leurs environnements.

Les événements météorologiques extrêmes se multiplient et gagnent en intensité en raison des changements climatiques, et le chaos qu’ils laissent dans leur sillage met souvent les petits producteurs en grande difficulté. Les solutions fondées sur la nature peuvent heureusement contribuer à atténuer les effets de ces chocs.

Elles peuvent même en prévenir les conséquences les plus dramatiques, grâce aux actions menées pour amener les écosystèmes et les populations à mieux y faire face. Cela peut se traduire, par exemple, par une diversification des cultures en vue d’atténuer l’impact des mauvaises récoltes, par un recours accru à l’agrobiodiversité pour lutter contre les parasites, ou par l’exploitation des connaissances et pratiques traditionnelles.

Le Mécanisme d’assistance pour les peuples autochtones du FIDA a ainsi aidé les habitants de Babanakira, dans les Îles Salomon, à modérer l’impact des ondes de tempête en revégétalisant les zones côtières et en restaurant les mangroves. Il a également appuyé les populations dans leurs efforts pour diversifier leurs cultures et maintenir les restrictions traditionnellement imposées à l’abattage excessif d’arbres et à la pêche intensive en vue de gérer durablement leurs zones de pêche et terrains de chasse.

3. Les solutions fondées sur la nature atténuent les répercussions sociales et économiques qu’ont les changements climatiques sur les habitants des zones rurales.

Les modes de vie des populations rurales évoluent dès à présent en raison du climat, et ces bouleversements accroissent les risques de pertes de moyens d’existence et d’insécurité alimentaire dans des zones rurales déjà sinistrées. Si les jeunes ne voient aucun avenir dans ces régions, ils risquent de s’en aller. En plus de dévitaliser les campagnes, ces migrations risquent de créer des tensions sociales et de contribuer à générer des conflits ailleurs.

Là aussi, les solutions fondées sur la nature peuvent s’avérer utiles. En encourageant les pratiques qui diversifient la production et limitent le gaspillage alimentaire, et en favorisant l’essor des industries de transformation alimentaire locales, ces solutions peuvent venir appuyer la constitution d’un écosystème de producteurs « intermédiaires » dans un paysage économique dynamique connecté aux marchés locaux et nationaux.

Les solutions fondées sur la nature peuvent même être utiles au niveau politique et œuvrer à la mise en place de structures de gouvernance pour la gestion des ressources naturelles, à la création d’emplois verts et à la protection des droits d’accès aux terres et aux ressources. Ce faisant, elles prennent en compte les besoins de groupes traditionnellement marginalisés, comme les femmes et les peuples autochtones.

Au Soudan, par exemple, le Projet intégré de développement rural du Butana appuyé par le FIDA a établi un cadre permettant aux collectivités de gérer leurs ressources en eau et en terres et de résoudre pacifiquement les conflits.

Dans le même temps, le Projet de développement rural durable dans la région semi‑aride de Bahia déployé au Brésil avec l’appui, lui aussi, du FIDA, aide les agriculteurs, en particulier les femmes et les minorités ethniques, à cultiver des variétés de semences créoles (traditionnelles) très diverses et à obtenir des certifications pour la production d’aliments biodiversifiés. Ce projet a eu pour effet d’améliorer la diversité des cultures, de créer de la valeur ajoutée et de faciliter l’accès de ces populations aux marchés.

4. Les solutions fondées sur la nature confirment le rôle de gardiens de l’environnement naturel des petits producteurs et des populations autochtones des zones rurales.

L’agriculture à petite échelle peut se révéler sensiblement plus durable sur le plan écologique que l’agriculture industrielle. Outre qu’ils produisent des aliments plus variés, les petits exploitants agricoles sont aussi plus en phase avec l’environnement local dont ils dépendent. De même, les peuples autochtones ont une longue expérience de la gestion durable de leur environnement naturel et y sont attachés depuis très longtemps.

Les solutions fondées sur la nature viennent démontrer, pourvu qu’elles soient bien pensées, ce que les petits producteurs et les populations autochtones ont toujours su, à savoir que leurs connaissances de la situation locale et leurs pratiques traditionnelles offrent des réponses pragmatiques et fonctionnelles.

Au Burkina Faso par exemple, un projet appuyé par le FIDA a été mené avec des agriculteurs pour mettre en pratique la technique traditionnelle zaï, qui consiste à creuser, avant la saison des pluies, des bassins destinés à recueillir l’eau et à bonifier les sols. Dans le même temps, un agriculteur local a proposé de modifier la technique en étendant du compost sur les sols. Grâce à tous ces changements, les rendements ont quintuplé.

 

Le FIDA a récemment publié un rapport sur les expériences menées en matière de solutions fondées sur la nature. Vous trouverez ici le rapport complet qui leur est consacré (en anglais seulement).