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L'illusion du choix

La campagne d’Oxfam “Behind the Brands – La face cachée des marques” a aidé les entreprises à placer la barre plus haut. Avec quels résultats?

Temps de lecture estimé: 6 minutes

De plus en plus, les consommateurs veulent savoir si les marques des aliments et boissons qu'ils achètent ont un comportement éthique d’un point de social et environnemental, notamment vis-à-vis des petits exploitants agricoles à la base des chaînes mondiales d'approvisionnement alimentaire. En février 2013, Oxfam a lancé sa campagne internationale "Behind the Brands – La face cachée des marques" (BTB) destinée à changer les pratiques commerciales des dix plus grandes entreprises mondiales d'alimentation et de boissons. Aujourd'hui, Oxfam, avec l'appui du FIDA, analyse ce que font ces entreprises pour mettre en œuvre leurs nouveaux engagements en matière de durabilité.

Les entreprises de la campagne sont des acteurs extrêmement influents dans notre système alimentaire mondial. Leurs stratégies influent sur les modes de production agricole, permettent ou non d’éviter l'exploitation ou la déforestation, et assurent aux petits producteurs alimentaires un revenu décent ou, au contraire, contribuent à accroître les inégalités et la souffrance humaine. La campagne BTB s'appuyait sur une fiche d’évaluation des entreprises. Oxfam a classé les dix entreprises en fonction de leurs stratégies dans domaines suivants: transparence, égalité femmes-hommes, conditions des ouvriers agricoles, rapport avec les paysans, terres, eau et climat.

À la suite de la campagne, certaines entreprises ont pris des engagements importants. Par exemple, Mars, Mondelez et Nestlé se sont engagées à promouvoir les agricultrices dans les chaînes d'approvisionnement du cacao. Nestlé a publié une solide étude d'impact sur les questions de genre en Côte d'Ivoire avec un plan d'action assorti d'un calendrier précis de mise en œuvre des recommandations de l'étude. Mars, qui était jusque là très en retard dans la prise en compte de sa responsabilité vis-à-vis des cultivatrices de cacao, travaille maintenant avec les communautés productrices auprès desquelles l’entreprise s'approvisionne pour mettre en œuvre un programme proactif en faveur des droits des femmes. Coca-Cola Company a été la première à s'engager dans une politique de tolérance zéro à l'égard de l'accaparement des terres, suivie par PepsiCo, Nestlé, Unilever et Illovo Sugar Africa, filiale d'Associated British Foods. General Mills et Kellogg se sont engagées à réduire les émissions de gaz à effet de serre en s’appuyant sur des outils scientifiques et en prenant en compte les chaînes d'approvisionnement agricoles, et à favoriser l'adaptation et la résilience des agriculteurs dans les chaînes d'approvisionnement. Kellogg et General Mills ont annoncé qu'elles voulaient être pionnières dans le secteur en s'engageant à établir des cibles s’appuyant sur des données scientifiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre et à prendre également en compte les émissions de la chaîne d'approvisionnement agricole. Un tel engagement a été directement favorisé par plus de 238 000 actions menées dans le cadre du réseau BTB.

Mais il reste maintenant à mettre en œuvre ces engagements pour qu’ils bénéficient aux agriculteurs, aux travailleurs et aux communautés. 

Dans le prolongement de la campagne "Behind the Brands – La face cachée des marques", Oxfam a décidé de lancer une initiative sur la mise en œuvre. Il s’agit de passer d’une démarche militante à une approche collaborative pour que les stratégies et les engagements se concrétisent. Le FIDA soutient l’action d'Oxfam par l'établissement d'un partenariat dont l'objectif est d'encourager les grandes entreprises agroalimentaires à être plus inclusives, plus équitables et plus durables dans leurs approvisionnements.

Cette initiative de mise en œuvre de BTB lancée par Oxfam est assortie d'un plan stratégique triennal conforme aux priorités du FIDA, qui visent à mettre en place des chaînes d'approvisionnement plus inclusives et plus équitables pour les petits producteurs ruraux. Cela passe par une concertation avec les entreprises sur des plans de mise en œuvre et des feuilles de route, des engagements qui soient élargis aux négociants en produits agricoles, la création de modèles de mise en œuvre dans les pays cibles et une collaboration avec les entreprises en faveur d'un meilleur système mondial de gouvernance agro-alimentaire. 

Le groupe cible direct de la phase de mise en œuvre sera de 500 000 à 1 000 000 de petits exploitants agricoles. Pour toucher ce groupe, on coopérera avec ces 10 grandes entreprises à l'élaboration et la mise en œuvre de leurs engagements. L'accent sera également mis sur un nombre donné des plus gros fournisseurs de ces sociétés: les négociants mondiaux de produits de base. Ensemble, ce sont ces entreprises qui dictent les conditions dans le secteur agroalimentaire; le pouvoir d'achat cumulé d’un tel groupe peut susciter un changement porteur de réelles transformations.

Oxfam a élaboré un cadre global pour suivre la mise en œuvre des engagements. Une étude de suivi de référence entreprise avec l'Université Notre Dame a démontré que l'approche a un effet d'entraînement. Les entreprises ont ainsi pris de nouveaux engagements dans trois grands domaines couverts par la campagne, notamment en matière de changements climatiques. Elles commencent à mettre en œuvre des feuilles de route, par exemple en réalisant des études d'impact. Toutefois, la mise en œuvre est inégale dans les principaux pays d'origine et, concernant les femmes et les petits exploitants, les améliorations au niveau des stratégies et de la mise en œuvre accusent du retard. Dans une évaluation sur certains négociants en produits agricoles, qui sera publiée dans les mois à venir, Oxfam montre qu'il existe un écart important entre les stratégies adoptées par les entreprises BTB et celles de ces gros fournisseurs. Or si ces fournisseurs ne suivent pas, la réalisation de ces engagements ne sera pas possible.

Oxfam reconnaît que les entreprises ne peuvent pas mettre en œuvre leurs engagements à elles seules. Son action a également commencé à porter sur la collaboration visant à trouver des solutions à ces difficultés. Par exemple, Mars a mis sur pied le Farmer’s Income Lab, un laboratoire sur les revenus des agriculteurs, tout en s'engageant à investir 1 milliard d’USD au cours des trois prochaines années dans le cadre de son plan "Sustainable in a Generation" (Une génération pour devenir durables). Nestlé et Mondelez se sont associés à Systems Innovation for Women's Economic Empowerment (SIWEE) au Ghana, réunissant des associations de producteurs de cacao, de karité et de sorgho, ainsi que des acheteurs, des négociants, des investisseurs et des organismes publics.

Début 2021, Oxfam publiera son évaluation des progrès réalisés par les entreprises BTB dans la mise en œuvre de ces engagements, tout en proposant d’élargir l’horizon en passant des engagements à l'impact à plus grande échelle. Avec l'échéance de 2030 fixée par les objectifs de développement durable, nous visons un changement porteur de vraies transformations dans le cadre de BTB et nous tirerons les leçons des obstacles et des perspectives qui se sont présentées dans la mise en œuvre des engagements pris par les entreprises. Cette démarche permettra de catalyser les résultats à l'avenir. Nous pensons que faire réfléchir les entreprises aux pratiques commerciales qu’elles adoptent dans leur approvisionnement alimentaire est une des étapes essentielles sur le chemin de l’autonomisation des petits exploitants agricoles. Restez connectés.