Tout un monde sous nos pieds Celui que protègent les agriculteurs éthiopiens par des pratiques durables pour les sols

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Tout un monde sous nos pieds

Temps de lecture estimé: 3 minutes
© FIDA/Petterik Wiggers

Les petits exploitants agricoles éthiopiens ont une multitude de problèmes à affronter, des conflits aux changements climatiques. Mais l’une des plus grandes menaces pour la production agricole, les moyens d’existence et la sécurité alimentaire est de petite taille: les nuisibles.

Les pesticides chimiques sont un moyen rapide de se débarrasser de ces petites bestioles mais ils restent ensuite dans les sols et l’environnement durant des décennies, mettant en péril le système écologique dont dépend la production alimentaire. 

Parfois, une solution rapide fait plus de mal que de bien. 

C’est pourquoi les agriculteurs d’Amhara, dans le district de Kalu, utilisent des pesticides biochimiques: ils éliminent tout risque d’infestation, sans pour autant nuire à l’environnement et mettre en danger leur avenir. 

En Éthiopie, des agriculteurs se sont associés au FIDA pour élaborer une agriculture climato-compatible. © FIDA/Wairimu Mburathi

Des agriculteurs ont établi un partenariat avec le Programme de développement participatif de la petite irrigation (PASIDP II) du FIDA et les autorités locales afin de mettre en place une gestion intégrée des nuisibles.

La gestion intégrée des nuisibles associe des stratégies de gestion biologiques, des pratiques culturelles et des pesticides biochimiques qui favorisent la bonne santé des cultures tout en minimisant les risques.

Que trouve-t-on dans les sols?

Les sols ne forment pas seulement la couche externe de notre planète. Ils abritent également de la matière vivante. Un gramme de sols peut contenir un milliard de cellules bactériennes, des centaines de mètres d’hyphes fongiques et des milliers d’espèces différentes, qui constituent ensemble les organismes des sols.

Mais surtout, des sols en bonne santé sont indispensables à la sécurité alimentaire mondiale. On estime que 99% de l’alimentation mondiale est produite en pleine terre et que 50 à 70% des terres sont consacrée à l’agriculture. La terre sous nos pieds est essentielle à la croissance des plantes et la préserver des produits chimiques est crucial pour son bien-être et le nôtre.

De plus, les sols soutiennent la végétation et la biodiversité animale, notamment la vie sauvage et le bétail. Ils déterminent aussi la distribution de l’eau de pluie et jouent donc un rôle dans l’approvisionnement en eau, en particulier dans les zones rurales telles que Kalu.

Réparer la terre

Après plus d’une décennie d’utilisation de produits chimiques nocifs, en 2017, des agriculteurs ont entrepris de restaurer leurs sols en adoptant une gestion des nuisibles soucieuse de l’environnement, pratique enseignée sur le terrain dans une ferme-école de gestion intégrée des nuisibles, la Integrated Pest Management Field School (IPM-FFS), qui est soutenue par PASIDP‑II.

Aujourd’hui, ces agriculteurs utilisent des plantes et des produits animaux locaux pour élaborer des produits biochimiques, qui sont moins dangereux pour l’environnement que les produits de synthèse. Après avoir été testés sur de petites parcelles, les produits biochimiques sont ensuite distribués aux agriculteurs locaux, qui bénéficient également d’une formation pour apprendre à les manipuler en toute sécurité.

Non seulement les sols et l’environnement sont mieux protégés, mais les résultats montrent une hausse de la productivité, de la compétitivité sur le marché et des revenus.

 

Seid Adem Endris a sauvé ses cultures grâce à des pesticides biologiques. © FIDA/ Jemal Yesuf

Autrefois, les cultures de blé de Seid Adem Endris étaient dévorées par des pucerons qui se nourrissent de la sève. Aujourd’hui, grâce aux pesticides biologiques fournis par l’IPM-FFS, ces nuisibles sont de l'histoire ancienne. « Après application, mes cultures sont devenues saines et très vertes », raconte Endris, dont les rendements ont augmenté de 2 quintaux (200 kilogrammes).

Ce sont près de 60 paysans du district de Kalu qui ont amélioré leur production et réduit leurs coûts grâce à l’IPM-FFS. Désormais, ces pratiques sont partagées et appliquées à grande échelle dans les zones d’intervention du programme PASIDP-II. 

Moins de pesticides de synthèse est synonyme de cultures en meilleure santé et de bénéfices à long terme pour les exploitations, l’environnement et le monde qui se trouve sous nos pieds, dans les sols.