Transformer les collectivités rurales en faisant évoluer les normes de genre

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Transformer les collectivités rurales en faisant évoluer les normes de genre

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© FIDA / Alfredo D'Amato / Panos

Les femmes jouent un rôle essentiel dans les collectivités rurales où intervient le FIDA, mais continuent de faire face à des obstacles qui entravent leurs moyens d’existence et ceux de leurs familles. Elles ont ainsi un accès plus limité que les hommes aux ressources et aux services, notamment à la terre, aux financements, à la formation, aux intrants et au matériel. En plus de leurs activités agricoles, elles doivent assurer les tâches domestiques et s’occuper des enfants.

Les inégalités femmes-hommes ont aussi pour effet de limiter l’autonomie des femmes et leur capacité à prendre des décisions concernant leur vie. Il en résulte que le potentiel des femmes comme actrices du changement est trop souvent inexploité.

La transformation des rapports femmes-hommes suppose de faire bouger les choses et de favoriser le plein épanouissement des femmes. Au-delà des symptômes de l’inégalité femmes-hommes, il faut s’attaquer aux causes sous-jacentes, comme les normes, les attitudes et les comportements, afin de susciter des évolutions positives et durables.

La transformation de la dynamique femmes-hommes est l’une des pierres angulaires de l’action du FIDA. Elle revêt une importance essentielle si l’on veut éliminer la faim et la pauvreté dans les zones rurales. Alors, comment encourager cette transformation et avons-nous des exemples des effets produits?

Tout d’abord, il faut amener les femmes et les hommes à discuter ensemble des stratégies au sein de leur ménage. Par exemple, aux Philippines, dans le cadre du Projet FishCoral, des femmes et des hommes ont été amenés à prendre part à des consultations au sujet de leurs difficultés et de leurs aspirations et des moyens de les gérer. Ils ont également participé à des formations commerciales axées sur la pêche, qui comprenaient des modules axés sur les avantages de l’avancement des femmes, non seulement pour les femmes elles-mêmes, mais aussi pour l’ensemble de leur foyer.

Des changements positifs importants ont ainsi eu lieu en ce qui concerne les normes de genre à l’échelon local. Dans de nombreux cas, les hommes au sein des ménages assurent désormais une part bien plus importante des tâches domestiques, afin que les femmes puissent mener des activités rémunératrices. La part des femmes participant à des activités économiques a doublé depuis le début du projet, passant de 20% à 40%. Elles participent en outre plus activement aux réunions locales.

En deuxième lieu, il faut réduire les tâches qui incombent traditionnellement aux femmes. Les femmes rurales sont souvent chargées de responsabilités excessives, ce qui leur laisse peu d’énergie ou de temps pour mener des activités économiques. Le Projet de gestion des ressources naturelles dans le bassin hydrographique du Haut Tana, au Kenya, montre qu’il est possible de réduire efficacement cette charge de travail en mettant en place des approches innovantes et durables en matière d’accès à des sources d’énergie, à des sols de qualité et à l’eau, comme les technologies solaires, les fours à biogaz ou la plantation d’arbres. Ainsi, le temps passé par les femmes à chercher du bois de chauffage a diminué de plus de 50%, et plus de 70% des ménages ont désormais accès à un point d’eau à moins d’un kilomètre de chez eux.

Une autre solution permettant de réduire la charge de travail des femmes consiste à promouvoir une dynamique relationnelle plus équilibrée entre les épouses et les maris, notamment en ce qui concerne la répartition des tâches ménagères et des travaux agricoles. Au Nicaragua, le Projet de développement durable des familles rurales dans le Couloir sec a mis l’accent sur la répartition équitable des tâches domestiques, avec un succès considérable: les couples ont fait état de nombreux avantages découlant de relations conjugales plus équilibrées.

Un troisième aspect clé de la transformation des rapports femmes-hommes consiste à donner aux femmes les moyens de se faire entendre davantage et d’exercer une plus grande influence sur les décisions qui les concernent. Pour y parvenir, il faut faciliter le dialogue entre les femmes et les hommes, comme en témoigne le Projet de développement agropastoral et des filières associées dans le Gouvernorat de Médenine en Tunisie. Ce projet visait notamment à faire participer les femmes aux processus de décision communautaires, en renforçant leurs capacités et en leur permettant de prendre part aux décisions dans les instances locales sur un pied d’égalité avec les hommes. Le projet a activement appuyé les organisations qui représentent les femmes dans les sphères politiques et économiques locales: deux groupes de développement agricole et une société mutuelle de services agricoles, gérés par des femmes, ont été créés à cette fin. À ce jour, près de la moitié des femmes participantes ont déclaré avoir atteint l’autonomie financière, et les hommes se félicitent de l’avancement des femmes, dont ils observent les bénéfices sur le bien-être général des ménages.

En outre, il est nécessaire de créer des réseaux et des forums afin d’associer les groupes de femmes aux processus de gouvernance et de décision, comme cela a été fait au Nigéria dans le cadre du Programme de développement des filières. Grâce à ces réseaux et à ces forums, les femmes ont la possibilité d’exprimer leur point de vue et les hommes prennent conscience des avantages liés à la participation des femmes au processus décisionnel.

Ces projets appuyés par le FIDA montrent que des investissements pertinents peuvent transformer la dynamique femmes-hommes et, ainsi, les collectivités rurales. À l’occasion de la Journée internationale des femmes rurales, qui nous amène à réfléchir aux mesures à prendre, il apparaît clairement qu’il faut renforcer les investissements axés sur la transformation des rapports femmes-hommes dans les zones rurales.

Oui, de nombreux progrès ont déjà été accomplis, mais il reste encore beaucoup à faire.