Un vent de changement souffle sur les bergers argentins

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Un vent de changement souffle sur les bergers argentins

Temps de lecture estimé: 3 minutes
© FIDA/Factstory

Ana Cerda, 57 ans, se souvient très bien du magnifique troupeau de 1 300 chèvres qui appartenait à sa famille. Lorsqu’elle était enfant, les bergers de la région de la formation de Portezuelo, au centre de l’Argentine, vivaient au rythme des saisons.

Au début de l’été, la famille déplaçait son troupeau de chèvres vers les pâturages d’altitude où ils trouvaient de l’eau en abondance. À l’automne, elle regagnait les champs dans les plaines. « Auparavant, il pleuvait en automne, il neigeait en hiver et avec l’arrivée du printemps, tout renaissait. De cette manière, les champs et les animaux étaient en parfaite santé », dit-elle.

Ana est l'une des rares femmes de sa communauté à se consacrer à l'élevage. Elle a en effet décidé de marcher dans les pas de sa famille et d’élever des chèvres et du petit bétail sur les terres de ses parents. « Je perpétue leur travail », explique-t-elle.

Mais les conditions d’aujourd’hui sont bien différentes de celles du temps de ses parents. En raison des changements climatiques, la migration bisannuelle traditionnelle, appelée transhumance, devient caduque et ne suffit plus à préserver les terres et les ressources en eau. Depuis quelques jours, un vent sec et violent souffle sur les plaines, avec des pointes fréquentes à 100 kilomètres par heure – une vitesse suffisante pour déraciner les arbres.

« Le vent n’a jamais soufflé aussi fort », déplore Ana. « En plus, les précipitations ne sont plus comme avant. Maintenant, la pluie tombe d’un seul coup et détruit les champs. Résultat, nos bêtes maigrissent ». À ce jour, Ana n’élève plus que 200 animaux sur une parcelle qui pouvaient autrefois en accueillir plus de 1 000. 

La famille d’Ana possédait autrefois plus de 1 000 bêtes, mais ce chiffre est tombé à 200. © FIDA/Factstory

Et la vie est de plus en plus dure. Bien que l’Argentine soit un pays à revenu intermédiaire, l’insécurité alimentaire gagne du terrain à la suite de trois années de sécheresse. De plus, parce que le pays s’est appuyé à outrance sur l’agriculture industrialisée, il connaît une perte d’éléments précieux de la biodiversité, tandis que la fragilité de sa situation économique s’est traduite par un triplement de l’inflation au début de 2023.

Dans le cadre du Programme de développement des filières caprines (PRODECCA) financé par le FIDA, les pouvoirs publics argentins aident Ana à adapter son activité à cette nouvelle situation et à faire en sorte qu’elle et 8 000 des ménages ruraux les plus pauvres ne soient pas laissés de côté.

Dans la région, la famille d’Ana et d’autres foyers tirent parti d’investissements communautaires pour améliorer l’approvisionnement en eau, cultiver des plantes autochtones pour le fourrage et le bois de chauffe, construire des structures pour mettre le petit bétail à l’abri du vent sec et installer des systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte.

Le programme PRODECCA aide notamment des agriculteurs à produire du mohair et du cashmere. © FIDA/Factstory

En Argentine, le programme PRODECCA aide de petits éleveurs de chèvres à produire de la viande, des produits laitiers et des produits à forte valeur ajoutée comme la laine mohair et le cashmere. Il est l’un des trois programmes de développement rural appuyé par le FIDA en Argentine qui contribue à réduire la pauvreté rurale, à améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition et à renforcer la résilience de plus de 30 000 personnes à ce jour.

Ana est convaincue que ces évolutions positives inciteront de nombreux jeunes à revenir dans la région pour y chercher du travail.

Pour elle comme pour d’autres producteurs ruraux, les méthodes employées par les générations précédentes ne sont plus qu’un lointain souvenir. Toutefois, grâce à l’appui du FIDA, ces populations comptent tracer leur propre voie dans un monde qui change.