FIDAction n 21: Promouvoir le développement et la croissance des entreprises rurales en Afrique subsaharienne: enseignements tirés de quatre projets mis en œuvre dans cette région - décembre 2011

Message du Directeur: les petites entreprises jouent un grand rôle

Du point de vue du développement, les entreprises non agricoles offrent des emplois et des revenus supplémentaires aux populations des zones rurales. Indépendamment de l’agriculture, la promotion de ce type d'entreprises est une initiative importante qui renforce les économies rurales en encourageant la diversification de l'emploi et la répartition des revenus.

Par conséquent, en milieu rural, on s'intéresse de plus en plus aux petites industries qui peuvent créer des emplois et des revenus utiles au développement. Le FIDA donnant la priorité au développement rural, il a aussi intensifié ses efforts en faveur des activités commerciales communautaires en Afrique subsaharienne, et augmenté les ressources affectées à cet effet, en particulier au Ghana, à Madagascar, au Rwanda et au Sénégal. Cet appui a été marqué par l'expansion des entreprises rurales non agricoles, qui ont créé des emplois et des revenus supplémentaires, complétant souvent les activités agricoles usuelles et faisant appel à la main-d’œuvre disponible en dehors de la saison agricole.

Pour promouvoir l'emploi non agricole, les pays ont adopté diverses méthodes et stratégies. D’après leur expérience, la diversification de l'économie rurale, qui donne naissance à des activités susceptibles d’offrir de multiples emplois aux populations, peut être encouragée avec succès par des politiques et des initiatives de promotion, notamment: le renforcement des capacités, le ciblage, les programmes de microfinancement, le développement de l'esprit d'entreprise et l'appui à la commercialisation. Parmi les entrepreneurs, ces initiatives accordent toutes une large place aux femmes et aux jeunes, prouvant que les petites entreprises peuvent jouer un grand rôle dans le développement rural!

Afin de passer en revue la situation actuelle et de tirer des enseignements du développement des entreprises rurales en Afrique subsaharienne, les Divisions Afrique de l'Ouest et du Centre et Afrique orientale et australe du FIDA ont organisé au Ghana, en mai 2011, un atelier de capitalisation des acquis. Cet atelier a donné l'occasion aux responsables des programmes relatifs aux entreprises rurales appuyés par le FIDA, et aux entrepreneurs participant à ces programmes, de mettre en commun leurs données d'expérience, ainsi que les enseignements tirés. Ce bulletin met en relief certaines conclusions de l'atelier et vous présente quelques bonnes pratiques. J'espère qu'il deviendra un document de référence sur ce sujet dans la région.

Le FIDA remercie le Gouvernement ghanéen d'avoir accueilli l'atelier, en particulier le Programme en faveur des petites entreprises rurales, ainsi que les experts et les participants pour leurs précieuses contributions.

Je vous souhaite une bonne lecture et espère que vous tirerez des enseignements de ces histoires!

Ides de Willebois
Directeur
Division Afrique de l'Ouest et du Centre

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De bonnes pratiques pour développer les entreprises rurales

Les entreprises rurales peuvent jouer un rôle important dans la lutte contre la pauvreté. Il est utile de recenser et d'analyser les technologies, les politiques, les procédures et les dispositifs de soutien en matière d'entreprises rurales qui ont donné de bons résultats, afin de promouvoir ces initiatives et de les reproduire à plus grande échelle.

De nombreuses organisations, dont le FIDA, axent en partie leurs interventions sur le développement des entreprises rurales. Les activités mises en œuvre dans le cadre de leurs programmes visent à améliorer l'accès au crédit, à développer l'esprit d'entreprise des agriculteurs et des jeunes et à améliorer les prestations des fournisseurs de services locaux.

Du 16 au 24 mai 2011, des représentants du Gouvernement ghanéen, du personnel du siège du FIDA et de divers programmes du Fonds mis en œuvre au Ghana, à Madagascar, au Rwanda et au Sénégal se sont réunis à Accra pour assister à l'atelier intitulé "Développement des entreprises rurales: défis, progrès et enseignements tirés".

Cet atelier était le deuxième d'une série de quatre ateliers sur les données d'expérience du FIDA. Ils ont pour objet d'améliorer l'apprentissage au niveau de l'organisation en mettant en commun l’expérience acquise et en repérant les bonnes pratiques et les innovations. Les entretiens en tête à tête, les visites sur le terrain et les outils participatifs permettent d'étayer ces expériences par des documents et de recueillir des informations pratiques et reproductibles.

"C'était un plaisir de voir avec quel enthousiasme les projets étaient impatients de partager leur expérience et d'en tirer mutuellement des enseignements." (Nana Asantewaa Boateng, spécialiste de la commercialisation, de la gestion et des dispositifs de crédit à l'intention des petites entreprises et microentreprises. Asantewaa Boateng a animé l'atelier).

(Nana Asantewaa Boateng, specialist in marketing, management and credit systems for micro and small enterprises. Nana Asantewaa Boateng was facilitator of the workshop).

Les résultats de l'atelier sont exposés dans le rapport technique sur les enseignements tirés de la mise en œuvre des programmes relatifs aux entreprises rurales, qui sera publié dans les semaines à venir.

Lors de l'atelier sur le développement des entreprises rurales qui s'est tenu à Accra, les débats et l’inventaire des bonnes pratiques ont été organisés selon les grands domaines de développement récapitulés ci-dessous:

Ciblage et accessibilité

Pour soutenir le développement des entreprises, il est important et plus efficace d'adopter une approche dictée par la demande. Les interventions des projets devraient être fondées sur les priorités des entreprises ou des personnes qui démarrent des activités commerciales, afin de mieux tenir compte de leurs besoins et de leurs problèmes. Le fait que les clients soient disposés à payer une redevance pour les services offerts témoigne de l'efficacité de cette démarche. Mais, pour certains groupes particuliers, tels que les femmes et les jeunes, des activités subventionnées et directement ciblées pourraient permettre de surmonter des problèmes spécifiques tels que le manque de capitaux, de connaissances pratiques et de confiance. Dans ce cas, des critères transparents d'éligibilité et une stratégie de retrait bien définie sont nécessaires afin d'éviter les distorsions du marché que provoquent souvent les interventions subventionnées.

Efficacité des services de développement des entreprises

Le recours à des prestataires de services locaux est rentable, moins onéreux pour les entreprises et plus efficient pour un certain nombre de raisons, notamment: les stagiaires sont très réceptifs à un enseignement dispensé par une personne de leur région qui a réussi, qui parle la même langue et qui a acquis de l’expérience dans le même type d'activité. Les programmes de formation qui obtiennent les meilleurs résultats sont facilement applicables sur le lieu de travail: leur contenu est pertinent et leurs méthodes appropriées, pragmatiques et excellentes. Le cas du Sénégalais Boubacar Keita en est un bon exemple. Il y a dix ans, Boubacar a suivi son premier cours de formation. Il exerce maintenant une activité florissante de boulangerie traditionnelle et est résolu à améliorer son commerce ainsi que le réseau des boulangers traditionnels. [se reporter au lien vers l’article ‘notre pain quotidien ’]

Il faut toutefois renforcer les capacités des prestataires de services afin de garantir la qualité des services fournis. Il est possible pour ce faire, comme le montre le cas de Madagascar, de promouvoir un réseau de prestataires de services.

Efficacité des services financiers aux entreprises

La sélection des entreprises et l'intégration de dispositifs d’épargne dans les montages financiers sont très utiles aux entreprises rurales, car elles atténuent les risques et augmentent les ressources disponibles pour des investissements financiers ultérieurs. Ces mesures permettent d'accumuler des fonds générés en interne en vue d'une utilisation future et aident les entreprises à devenir
autosuffisantes. La fourniture de services financiers doit être complétée par une éducation en matière financière centrée sur les compétences nécessaires pour une bonne gestion de l'argent. Il est également essentiel d'apporter une assistance technique aux banques, afin de développer leur capacité à cibler les entreprises rurales moyennant des procédures internes bien définies et des opérations de prêt spécialisées et viables sur le plan commercial. [se reporter au lien vers l’article ‘faites des économies’]

Disponibilité des matériaux et des outils

La fourniture d'outils et de matériel aux jeunes est un moyen efficace de favoriser la création d'entreprises nouvelles et donc d'emplois pour les jeunes des zones rurales.

Liens entre clients et marchés

L'accès aux marchés, élément essentiel à la croissance et à l'essor des entreprises, dépend des facteurs suivants: respect des normes de qualité, adaptation et développement des produits, vente et commercialisation dynamiques et intégration dans les filières. La formation en matière de commercialisation, publicité, conditionnement et étiquetage est fondamentale et, à terme, ces cours sont des moyens peu coûteux d'améliorer l'accès des entreprises rurales aux marchés. Le renforcement des capacités devrait être complété par une base de données interactive sur les principaux acheteurs, les fournisseurs, les prix du marché et autres renseignements sur les marchés, qui serait régulièrement mise à jour et facilement accessible aux clients. En outre, la promotion de l'accès des clients aux marchés, grâce aux foires commerciales de district, s'est avérée être un autre outil de commercialisation important et efficace qui a contribué à faciliter les échanges.

Un environnement favorable au développement durable des entreprises

L'intégration des activités des projets relatives au développement des entreprises dans les systèmes locaux de gouvernance a pour effet de renforcer l'engagement du gouvernement, ainsi que ses investissements. Elle a des retombées directes sur l'élaboration des politiques et les capacités institutionnelles en matière de fourniture de services. Il y a de grandes chances que cette intégration permette de maintenir un environnement propice aux entreprises rurales après la fin du projet. Toutefois, un environnement favorable dépend également des améliorations apportées aux réseaux d’infrastructures et d'information, facteurs d’ouverture des économies rurales, et de la représentation des entreprises rurales dans la concertation sur les politiques au niveau local et national.

Durabilité

Le recours à des structures publiques à l'échelon des districts pour promouvoir et développer les entreprises rurales permet de consolider les efforts en matière de durabilité. On peut citer en exemple le cas des centres de conseil aux entreprises au Ghana. En outre, une approche systématique et des interventions pertinentes, qui répondent aux besoins des activités commerciales à tous les stades de leur croissance, peuvent garantir le succès des entreprises rurales. Aux diverses étapes de la croissance des entreprises, les services de formation suivants sont les plus appropriés pour assurer la durabilité:

 Parité entre les sexes

La prise en compte de la problématique hommes-femmes ne consiste pas à se concentrer uniquement sur les femmes, mais plutôt à prendre en considération aussi bien les femmes que les hommes: il faut prêter attention à l'âge et à la situation économique des personnes autant qu’à leur sexe. L'alphabétisation fonctionnelle et l'acquisition de notions de calcul sont essentielles pour que les femmes aient confiance en elles-mêmes, et il semble que l'apprentissage entre pairs (mentorat) permette à des femmes ayant reçu une éducation d'accéder réellement à des postes de responsabilité. La problématique hommes-femmes devrait être prise en compte dans chaque composante des projets, y compris la gestion.

Les conclusions de l'atelier d'Accra et les bonnes pratiques qui y ont été recensées sont exhaustives et utiles. Les participants ont apprécié le climat constructif et la mise en commun des connaissances dans le cadre de l'atelier. Il faut maintenant les diffuser et les transposer à une plus grande échelle. Les enseignements tirés doivent être intégrés aux nouveaux programmes du FIDA. L’animatrice Asantewaa Boateng conseille au Fonds d'“encourager, s’il y a lieu, leur application dans le cadre d'autres projets, ainsi que la prise en compte de ces données d'expérience dans la conception des projets nouveaux”. Commençons à appliquer de bonnes pratiques dès maintenant!

Contact: Zoumana Bamba

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Sénégal: notre pain quotidien ...

En 2000, Boubacar, qui avait alors 26 ans et était au chômage, a décidé d’abandonner ses activités commerciales illégales et de suivre une formation en boulangerie traditionnelle. Le Projet d’appui aux micro-entreprises rurales (PROMER) – qui avait pour objectifs de développer les entreprises rurales, de créer des emplois et de faire mieux connaître les produits agricoles locaux au Sénégal - l’a aidé à mettre au point un plan d’activités. Il a suivi des cours en tenue des comptes, hygiène et boulangerie traditionnelle. Lorsque Boubacar a démarré sa propre entreprise, il cuisait 80 pains par jour; aujourd’hui, il en produit 800.

Au cours des 10 dernières années, Boubacar a formé 20 jeunes, qui ont tous démarré leur petite entreprise de boulangerie. Il est résolu à faire mieux connaître la boulangerie traditionnelle et à répandre l’utilisation du maïs, du millet et des haricots dans la fabrication du pain. Il a donc créé un réseau de boulangers ruraux et, lorsque cela est possible, il aborde avec les populations des questions concernant l’hygiène, les techniques de la boulangerie traditionnelle, l'utilisation de fours améliorés et l’environnement.

Grâce à la formation qu'il a reçue dans ses différents domaines d'intérêt, Boubacar a acquis l'esprit d'entreprise nécessaire. Il a constaté que les cours de gestion financière et de gestion de la passation des marchés lui ont été particulièrement utiles. Toutefois, il s'est également aperçu que la professionnalisation de la filière a été essentielle pour le développement du secteur et pour son évolution personnelle. Le réseau de boulangers traditionnels facilite les échanges sur les moyens de satisfaire aux normes de qualité et d'hygiène, et de prendre en compte la législation sur la vente et le commerce en milieu rural et urbain. En outre, la reconnaissance que ce réseau lui a apportée a entraîné une augmentation des ventes de pain traditionnel.

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Projet de promotion de l'entreprenariat rural (PROMER - seconde phase)

Contact

Hawa Sow Bousso

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Sénégal: regardez-nous!

Cela fait 12 ans que la Foire internationale de l'agriculture et des ressources animales (FIARA) est un lieu important de promotion et de dialogue concernant les produits et les technologies agricoles en Afrique de l’Ouest. Pendant la foire, les agriculteurs sénégalais présentent et vendent leurs produits, établissent des contacts avec d’autres producteurs, discutent et échangent des idées. Cette année, la FIARA a coïncidé avec la huitième édition du Forum social mondial, ce qui a permis à de nombreux participants internationaux au forum d’assister aussi à la foire.

Comme les années précédentes, la FIARA a été un véritable festival de couleurs et d'odeurs. Les visiteurs (25 000 personnes pendant 10 jours) ont étudié attentivement la multitude de tables sur lesquelles étaient empilés des produits locaux: du sirop à base de gingembre, de mangue ou de bissap (hibiscus); des produits pour la peau à base de beurre de karité; de l’huile de palme; du vin de palme et des produits fabriqués avec des feuilles de palmier; des meubles en rotin; il y avait beaucoup à voir et à goûter.

Pendant la foire, les producteurs peuvent élargir leurs débouchés – devenant de véritables agents de commercialisation pour leurs produits. Il en résulte une augmentation des ventes et des revenus, ce qui est très motivant et favorable à l'esprit d'entreprise. En outre, sont présentées des machines et d'autres innovations pour la transformation des fruits à coque, des légumes et des fruits en produits de plus grande valeur commerciale et plus faciles à consommer et à conserver. Les possibilités offertes sont déterminantes pour les producteurs et les commerçants ruraux locaux. Il est également très intéressant d'avoir des contacts avec des collègues et d'autres professionnels.

Grâce à l'appui du FIDA, huit bénéficiaires du Projet de promotion de l'entreprenariat rural – Phase II) (la deuxième phase du PROMER) ont pu participer à la FIARA 2011. Cette deuxième phase est mise en œuvre depuis 2006 dans les régions de Kolda, Kédougou, Tambacounda, Kaolack, Kaffrine, Fatick et Thiès au Sénégal. Elle a pour objectifs de développer les entreprises rurales, de créer des emplois et de faire mieux connaître les produits agricoles locaux. Depuis le début des activités, 350 entreprises nouvelles ont été montées et 550 ont été consolidées, ce qui a permis de créer 1 300 emplois permanents ou temporaires.

Les huit participants à la FIARA 2011 ont été choisis en raison de la qualité de leurs produits, de leurs ventes et de leur capacité de négociation. Ceux qui appartenaient à une entreprise ont versé 10 000 F CFA, tandis que les représentants d’organisations paysannes ont payé 20 000 F CFA. Pendant la foire, les participants représentaient également d'autres commerçants de leur région. À la FIARA, le Projet de promotion de l'entreprenariat rural – Phase II dispose d'un stand bien équipé, situé ces trois dernières années juste à droite de l'entrée principale, pour assurer la promotion de ses clients et du projet. Au fil des ans, il a attiré l'attention de plusieurs visiteurs officiels, parmi lesquels le Premier Ministre du Sénégal, Souleymane Ndéné Ndiaye.

La FIARA 2011 s'est avérée être un grand succès pour les entreprises appuyées par le projet. Au total, 130 contrats portant sur un nombre considérable de ventes ont été passés (contre 80 en 2010), parmi lesquels 40 ont été conclus directement pendant la foire. En outre, huit reportages sur le stand du projet ont été diffusés à la télévision et dans les journaux. Ces résultats encourageants, même s’ils sont encore modestes, sont très importants pour les petites entreprises qui peuvent ainsi mieux connaître leurs clients urbains.

Lien:

Projet de promotion de l'entreprenariat rural (PROMER - seconde phase)

Contact

Hawa Sow Bousso

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Madagascar: un réseau pour mieux travailler

Afin de fabriquer de bons produits, les entreprises ont besoin de services qui ne sont pas uniquement financiers. Rassembler les prestataires en un réseau peut permettre d'améliorer les services et donc les produits.

Les entreprises rurales sont souvent confrontées à des problèmes analogues à ceux rencontrés dans la région de la Haute Matsiatra à Madagascar, qui sont liés à une offre limitée de services aux entreprises. Les prestataires de services sont généralement situés loin des zones rurales. Leurs prestations sont difficiles à comparer et leurs prix sont trop élevés pour la plupart des producteurs ruraux. En outre, bien souvent, leurs services (les cours de formation, par exemple) ne sont pas reconnus par les autres institutions. Pour remédier à cette situation, en 2009, 28 prestataires de services de développement des entreprises ont formé un réseau dans la région, afin d'améliorer la qualité et l'utilité des services qu'elles assurent en milieu rural.

"À mon avis, l'enseignement le plus pratique et facile à appliquer qui a été tiré de cet atelier concerne l'établissement de réseaux par les prestataires, qui garantit la meilleure qualité possible des services pour le prix payé par les bénéficiaires."

– Nana Asantewaa Boateng, animatrice

Avec l’aide du Programme de soutien aux pôles de microentreprises rurales et aux économies régionales du FIDA (PROSPERER), les prestataires de services de la Haute Matsiatra ont décidé d’uniformiser les procédures, le contenu et le prix de leurs programmes de formation technique. L'un de leurs cours, sur "la culture de l'entreprise", a été élaboré en collaboration. Ce réseau compte actuellement 46 membres et a déjà assuré une formation à 3 046 entreprises rurales dans différents domaines techniques.

Son utilité commence à être reconnue par d'autres organisations régionales.
Bien entendu, les difficultés ne manquent pas. À titre d'exemple, tous les besoins de formation des entreprises ne peuvent pas être satisfaits; les cours de formation ne sont pas encore officiellement homologués; et leurs coûts restent trop élevés pour de nombreux producteurs. Toutefois, l'établissement d'un réseau a permis d’échanger les données d'expérience et les savoirs en vue d'améliorer les services. Les prestataires ont pu élargir leurs marchés et servir une clientèle plus diversifiée.

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Support Programme for the Rural Microenterprise Poles and Regional Economies (PROSPERER)

Contact

Lucien Ranarivelo

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Ghana: aider les jeunes à démarrer

Au Ghana, l'apprentissage est un moyen bien connu et courant d'apprendre un métier. Un apprenti travaille habituellement pendant deux à trois ans avec un maître artisan et acquiert progressivement les compétences requises pour le métier. Les apprentis prennent à leur charge les frais d’études et ne perçoivent aucun salaire pour leur travail au cours de cette période. Cependant, une fois qu'ils ont achevé leur apprentissage, ils peuvent créer leur propre entreprise et vivre de leurs nouvelles compétences. Un problème se pose toutefois: les apprentis diplômés ne disposent pas du capital de démarrage nécessaire pour acheter leur matériel ou financer leur fonds de roulement. En conséquence, ils doivent d'abord trouver d'autres moyens de gagner de l'argent. Ils acceptent souvent des emplois pour lesquels ils n'ont pas été formés ou bien restent avec leur patron pendant des années pour un salaire de misère.

Depuis 2006, le Projet en faveur des petites entreprises rurales (REP) a apporté un appui aux apprentis diplômés en leur fournissant des outils et du matériel de base pour démarrer leur entreprise en milieu rural. Ce projet collabore avec les assemblées de district, qui financent chaque don à hauteur de 20%. Les apprentis diplômés âgés de 18 à 30 ans qui souhaitent mettre à profit leurs compétences dans leur propre communauté peuvent présenter une demande de don. La sélection repose sur des critères spécifiques. Une fois leurs nouvelles entreprises créées, les apprentis qui viennent d’obtenir leur diplôme continuent de recevoir une formation pour renforcer leurs capacités. Cette formation leur permet également de découvrir d’autres innovations qui peuvent les aider à offrir des services de meilleure qualité à leurs clients.

Cet appui apporté aux apprentis diplômés sous forme de matériel a permis de créer, directement ou indirectement, des emplois dans de nouvelles entreprises rurales. En décembre 2010, 2 227 emplois avaient été créés directement et du matériel avait été fourni à 3 182 jeunes apprentis ruraux diplômés. La création d’entreprises et d’emplois a eu pour effet d'augmenter les revenus, de réduire l'exode rural et de contribuer au PIB à l'échelon des districts.

Toutefois, cette initiative exige d’autres réorientations qui s’inscrivent davantage dans la durée. D'une part, les assemblées de district devraient être encouragées à affecter chaque année des fonds à cet effet. Les associations professionnelles locales devraient aussi participer à la sélection des bénéficiaires, afin de garantir la transparence et minimiser les ingérences politiques. Par ailleurs, un plus grand nombre de jeunes femmes devraient être encouragées à exercer des activités commerciales à prédominance masculine et dotées de matériel lorsqu'elles ont obtenu leur diplôme.

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Projet en faveur des petites entreprises rurales

Une activité florissante

Au Ghana, les centres de conseil aux entreprises, dispositif mis en place dans le cadre du Projet en faveur des petites entreprises rurales, prospèrent. Ces centres facilitent le développement des services aux entreprises en milieu rural et assurent une formation et un soutien, dans le but de renforcer les micro- et petites entreprises locales. Ils sont gérés par des établissements privés mais relèvent des assemblées de district. Il s’est avéré que cette initiative, mise en pratique pendant 16 ans dans 66 districts, permettait d’atteindre les ruraux pauvres, de créer des emplois et de contribuer au développement économique rural. L'intégration de ces centres dans les assemblées de district est un facteur de succès déterminant: elle garantit l'appropriation, l'engagement et l’ouverture – étant donné que les salaires et le logement du personnel sont pris en charge par les districts. Le Projet en faveur des petites entreprises rurales a ainsi mis en œuvre une stratégie de retrait effective et réaliste depuis le début. Le FIDA lui a accordé récemment un financement supplémentaire.

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USD 31.5 million from IFAD to enhance small businesses in Ghana's rural areas

ContactKwasi Attah-Antwi

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Rwanda: faites des économies pour pouvoir dépenser

Les entreprises ont besoin d'un capital de démarrage et d'un fonds de roulement, ce qui n'est pas facile à trouver en milieu rural. Les institutions financières et leurs services peuvent les aider à répondre à ces besoins. L'exemple qui suit, qui nous vient du Rwanda, montre comment il est possible d'améliorer les rapports entre les banques et les entreprises en insistant sur la proximité, qui favorise l'échange d'information et la confiance mutuelle.

Les entreprises rurales doivent développer une culture de l'épargne, qui les aidera à obtenir plus facilement des prêts auprès des institutions bancaires. “Cela semble facile”, admet Muzungu Callixte qui participe au Projet de promotion des petites et des micro-entreprises rurales au Rwanda, “mais, pour y parvenir, il faut résoudre de multiples problèmes dans les rapports entre les entreprises rurales et les banques”.

Compétences et information

De nombreuses entreprises ne sont même pas au courant des différents types de produits et de services bancaires qui sont proposés. Souvent, elles ne satisfont pas à toutes les conditions requises par les banques, comme l'inscription auprès de la chambre de commerce ou l'obtention d'autres documents officiels. Elles n'ont pas les compétences voulues pour préparer des projets bien conçus et susceptibles d'être financés et n'ont pas accès à la garantie nécessaire. De ce fait, leurs demandes de prêt sont très souvent rejetées. “Nous informons les entreprises, et assurons leur formation en matière de développement de l'esprit d'entreprise, de plans d'activités et de gestion organisationnelle, “ explique Callixte, “mais nous essayons aussi de les aider à commercialiser leurs produits et à utiliser du matériel technologique moderne pour produire des biens de haute qualité d'une manière efficiente. Il est également important de faire mieux comprendre aux entrepreneurs qu'il faut épargner.” Par ailleurs, le projet apporte une assistance aux banques, en formant leur personnel à la lecture et la compréhension des plans d'entreprise, à l'analyse des crédits et à la gestion des fonds de développement.

Confiance

Outre l'insuffisance fréquente des compétences et de l'information, le problème du manque de confiance se pose également: les banques sont réticentes à répondre favorablement à des demandes de fonds pour des projets d’entreprises rurales, parce qu’elles craignent le non-remboursement des prêts et l'affectation en garantie de biens incorporels. Il y a eu en effet des précédents, car de nombreuses banques ont eu des déboires avec des entreprises rurales qui ne les ont pas remboursées selon les conditions convenues. Elles craignent que le marché rural ne soit suffisamment important pour que ces entreprises engrangent des bénéfices suffisants. “Notre projet a un rôle majeur à jouer en réunissant les parties intéressées, qui apprendront ainsi à mieux se connaître”, déclare Callixte. Ce type de réunion a permis aux petits producteurs et aux institutions financières d'évaluer ensemble les problèmes liés à la finance rurale et de chercher les moyens de les surmonter. Le projet a également organisé des "réunions de recouvrement" entre les entreprises en défaut de paiement et les banques, au cours desquelles ces dernières reçoivent un soutien en matière de gestion du crédit, tandis que les entreprises sont sensibilisées et informées sur les conditions bancaires et l’importance de l’épargne. “En outre, nous avons signé avec les institutions financières des mémorandums d'entente qui officialisent les modalités souples dont sont assorties les conditions des prêts destinés aux producteurs ruraux”, explique Callixte. “Une ligne de crédit spéciale est également prévue et assortie de conditions telles que des restrictions moins rigoureuses sur les mouvements et la possibilité de fournir une garantie sous forme de matériel.”

Proximity

Le cas du Projet de promotion des petites et des micro-entreprises rurales montre que l'établissement de liens entre les institutions financières et les entreprises rurales n'est pas toujours facile. Les banques ne sont pas présentes dans la plupart des zones rurales et ne connaissent pas assez bien les entreprises locales pour offrir des produits et des conditions axés spécifiquement sur leurs besoins. Rapprocher ces deux parties prenantes permet de renforcer des services dont elles tireront toutes les deux profit. Ainsi que le résume Callixte: “Il y a huit banques commerciales au Rwanda, qui pour la plupart travaillent uniquement dans les zones urbaines. L'une d'entre elles, la Banque populaire du Rwanda, dispose également d'un vaste réseau d'environ 200 agences en milieu rural. Le projet collabore maintenant avec 63 de ces agences rurales. Le Gouvernement rwandais a récemment facilité la mise en place des Umurenge SACCO, dans le cadre d’un programme de coopératives d'épargne et de crédit (SACCO) qui permet aux populations rurales d'avoir accès aux services financiers dans leur région. Les municipalités ont été divisées en secteurs, dans chacun desquels est établie une Umurenge SACCO. On compte au total 416 SACCO dans l'ensemble du pays. L'accès au financement dans de bonnes conditions et auprès d'établissements situés à proximité est essentiel au développement des entreprises rurales.”

L'importance de la proximité ne se limite pas à des bureaux situés tout près, ce qui est pratique pour déposer des économies et présenter de nouvelles demandes de prêt. Elle permet aussi de mieux connaître les divers acteurs et leurs activités. “Nous avons associé des groupes communautaires à l'évaluation des prêts (comités d’évaluation et d’analyse des crédits - CEAC)”, indique Callixte, “afin d'aider les entreprises rurales à examiner minutieusement leurs demandes de prêt avant de les présenter aux banques. De ce fait, le nombre des dossiers acceptés a fortement augmenté.” Il est important de sélectionner les clients pour réduire et atténuer les risques courus par les banques. Cette démarche présente également un avantage pour les clients, dans la mesure où elle renforce leur confiance dans la volonté des institutions financières de fournir le crédit et les services dont ils ont besoin et dans leur crédibilité.

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PPPMER project

Contact

Muzungu Callixte

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