FIDAction Numéro 22: Avril 2012 – L'eau, source de la vie

Message du Directeur: L'eau, source de la vie

 
 

 

Une digue sépare l'eau de la terre fertile dans une rizière près du village Katchang, Gambie.

L'eau est désormais inscrite en bonne place à l’ordre du jour de la communauté internationale et, pour nous qui travaillons dans l'agriculture, il est capital que le problème de la gestion de l'eau soit entré dans les débats. L'eau est essentielle: elle est au cœur des problèmes liés au changement climatique, la sécheresse et la faim, mais elle est aussi au cœur de leurs solutions.

L'agriculture est responsable du prélèvement de 70 pour cent des ressources mondiales en eau douce et en eau souterraine. Au FIDA, nous savons que l'irrigation permet aux agriculteurs de produire davantage de denrées alimentaires. L'agriculture irriguée n’est pratiquée que sur 20 pour cent des terres cultivées dans le monde, mais elle produit 40 pour cent des aliments. L'enjeu est donc de taille dans le contexte de notre lutte contre la faim et la pauvreté.

D'un autre côté, la situation des ressources est alarmante: aujourd'hui, on estime que 1,6 milliard de personnes vivent dans des pays ou des régions touchées par une grave pénurie d'eau et, d'ici à 2025, les deux tiers de la population mondiale pourraient être confrontés à des déficits en eau. Un être humain moyen boit 2 litres à 4 litres d'eau par jour, mais il faut 2 000 à 5 000 litres d'eau pour produire sa ration alimentaire quotidienne.

Rudolph Cleveringa, conseiller technique principal pour le développement rural au FIDA, estime qu'il nous faut adopter une “approche globale” de la gestion des ressources en terres et en eau, et notamment:

La première étape de l'amélioration de la gestion de l’eau utilisée à des fins agricoles consiste à partager les exemples de gestion de l'eau et d'irrigation qui ont donné de bons résultats. En juillet 2011, les acteurs de plusieurs projets financés par le FIDA au Burkina Faso, en Gambie, au Ghana, en Guinée, au Sénégal et en Sierra Leone se sont réunis au Burkina Faso, à l'occasion d'un atelier qui visait à faire le point sur la gestion de l'eau utilisée à des fins agricoles. Le présent bulletin résume les conclusions de l'atelier et les cas les plus intéressants qui ont été présentés: pompes à pédales, irrigation au goutte-à-goutte, construction de bassins et mise en valeur des zones marécageuses.

Étanchez votre soif d'information et bonne lecture!

Ides de Willebois
Directeur
Division Afrique de l'Ouest et du Centre

Haut du page


Pour une meilleure gestion de l'eau

 
 

 

Femmes font la récolte du riz dans le village de Aljamdou, Gambie.

En Afrique de l'Ouest et du Centre, malgré la sécheresse qui menace actuellement la région du Sahel, ce n'est pas la disponibilité de l'eau qui pose le plus de problèmes à l'agriculture. Les ressources en eau sont suffisantes dans la plupart des régions. Les problèmes tiennent à la gestion des ressources en eau et aux technologies utilisées à cet effet, deux domaines dans lesquels de nombreuses améliorations pourraient être faites. Le FIDA a compris qu'il était temps de regarder de plus près les interventions relatives à la gestion de l'eau utilisée à des fins agricoles, qu’il conduit dans la région.

Depuis que le FIDA a commencé à travailler en Afrique de l'Ouest et du Centre dans les années 1980, ses projets ont toujours comporté des activités de gestion de l'eau. En 2009, 59 pour cent des projets de la région prévoyaient des activités d'irrigation et 33 pour cent avaient des composantes de conservation des sols et de l'eau. Le FIDA dispose donc d'une certaine expérience sur laquelle s'appuyer. En juillet 2011, le FIDA a organisé un atelier qui visait à faire le point sur son expérience en matière de gestion de l'eau utilisée à des fins agricoles en Afrique de l'Ouest et du Centre. Cet article en présente les résultats [lien vers le texte ci-dessous].

Le paradoxe de l'eau

En Afrique de l'Ouest et du Centre, il existe un paradoxe concernant la disponibilité de l'eau et la pauvreté. La région est riche en ressources en eau renouvelables (la population n'en utilise que 14 pour cent à des fins agricoles) mais la pauvreté persiste (74 pour cent des habitants vivent sous le seuil de pauvreté officiel). La faim est toujours présente et les famines sont fréquentes. Mais ce paradoxe est très positif: des millions d'agriculteurs de la région pourraient être gagnants si une plus grande partie des ressources en eau qui sont à leur disposition était mieux gérée et était utilisée pour une production vivrière fiable, rentable et durable. À l'heure actuelle, la gestion de l'eau n'est pratiquée que sur 3,5 pour cent environ des terres cultivées en Afrique subsaharienne.

Il faut replacer tout ceci dans le contexte du changement climatique mondial qui risque de rendre les précipitations plus aléatoires, plus intenses et plus extrêmes. En outre, la plupart des terres disponibles ne se prêtent pas à la culture ou sont éloignées des routes et des marchés des centres urbains. Par conséquent, l'agriculture doit devenir plus efficace, efficiente et résistante aux incidences du changement climatique, et la même surface de terre doit produire davantage dans des conditions climatiques plus instables.

Le FIDA et la gestion de l'eau utilisée à des fins agricoles

Les activités conduites par le FIDA dans le domaine des ressources en eau et de l'irrigation ont notamment visé à introduire des systèmes d'irrigation qui tirent parti des eaux souterraines, des bassins versants et des zones marécageuses continentales, des retenues collinaires et des eaux fluviales. Les projets ont été exécutés avec les exploitants agricoles, les groupements de femmes, les associations, les communes et les gouvernements. Les investissements ont été substantiels et ils ont fréquemment été couronnés de succès. Mais des améliorations sont toujours possibles et souhaitables. Le changement climatique, la croissance démographique et l'augmentation de la demande en produits alimentaires exige une agriculture plus performante.  

Examen des activités conduites par le FIDA en matière de gestion de l'eau

Sara Delaney a été chargée de réaliser un examen bibliographique approfondi pour évaluer les actions du FIDA et les résultats obtenus dans le domaine de la gestion de l'eau. Cette étude a couvert les publications produites depuis les années 1980 jusqu'à 2011 et a comporté l'examen du portefeuille et d'une série de projets ayant des composantes de gestion de l'eau utilisée à des fins agricoles en Afrique de l'Ouest et du Centre. Cette étude a été complétée par des entretiens avec des spécialistes thématiques et régionaux et des visites sur le terrain dans cinq des dix projets qui ont participé à l'atelier. Cet atelier a été organisé au Burkina Faso, du 4 au 9 juillet 2011. Pendant l’atelier, Sara Delaney a collaboré avec Zoumana Bamba, Abdou Fall, Thiendou Nang et M. Magatte Wade, un hydrologue sénégalais. Les pays et les projets suivants ont participé à l'atelier: le projet d'irrigation et de gestion de l'eau à petite échelle (PIGEPE) et le programme de développement rural durable au Burkina Faso, le programme de promotion de la croissance rurale dans le Nord au Ghana, le projet de gestion participative intégrée des bassins versants en Gambie, le projet d'appui au développement rural (PADER) de Basse Guinée Nord  en Guinée, le projet d'appui aux filières agricoles (PAFA) au Sénégal et le projet de réduction de la pauvreté à assise communautaire en Sierra Leone.

Gérer l'eau

Il est ressorti des études et de l'atelier que le FIDA faisait déjà beaucoup en matière de gestion de l'eau utilisée à des fins agricoles mais que l'efficacité et les résultats de son appui pourraient être améliorés. Plutôt que de proposer des solutions technologiques ou des financements, le FIDA devrait envisager de mettre l'accent sur la formation, la fourniture d'intrants, l'analyse des marchés et aussi l'organisation des populations pour que celles-ci soient mieux informées et soient capables de faire les bons choix technologiques. Ce type d'appui rend les technologies agricoles plus fiables, rentables et durables.

L'atelier a formulé les conclusions suivantes qui seront utilisées pour réviser les choix stratégiques du FIDA concernant la façon d'appuyer la gestion de l'eau utilisée à des fins agricoles.

Recommandations pour les futures interventions du FIDA

  • La recherche de rentabilité devrait être au cœur de la conception, de l'exécution et du suivi/évaluation des activités de projet qui concernent la gestion de l'eau utilisée à des fins agricoles. Les bénéfices dégagés par les agriculteurs devraient être mesurés chaque année et servir d'indicateurs de résultats.
  • Les facteurs environnementaux et les liens avec les marchés devraient être examinés de manière plus systématique au moment du choix des sites des projets et des technologies à promouvoir.
  • Les projets doivent mettre en place des mécanismes durables pour garantir l'accès aux intrants complémentaires, tels que les semences adaptées, les engrais, les outils et les mesures de protection des cultures. C’est un point capital si l'on veut que les activités de gestion de l'eau donnent les résultats escomptés, en termes d'amélioration des revenus et des moyens d'existence.
  • La conception des projets doit être améliorée pour anticiper la disparition des subventions. Il peut s'agir, par exemple, d'introduire de nouveaux mécanismes de financement qui soient viables en dehors de toute intervention du projet ou des pouvoirs publics.
  • Les exploitants agricoles et le personnel des projets doivent avoir des connaissances techniques plus étendues sur les différentes options qui existent en matière de gestion de l'eau, pour le suivi et la prise de décision. Ils doivent être mieux conseillés au plan technique pour être en mesure d’évaluer convenablement les offres et les travaux des prestataires de services privés et publics. À cet effet, il serait souhaitable de multiplier les visites d'échange et les ateliers et de promouvoir le partage des connaissances.

Haut du page


Plus de travail, plus d'argent et plus de vivres dans le nord du Ghana

 

Les technologies d'irrigation sont parfois trop sophistiquées et trop onéreuses pour les exploitants agricoles pauvres. Mais les femmes et les jeunes, de même que leurs familles, peuvent en retirer de nombreux avantages parce que l'agriculture irriguée contribue à la sécurité alimentaire et crée des emplois.

Souvent, les projets qui impliquent l'introduction de nouvelles techniques et technologies agricoles attirent principalement les exploitants masculins âgés de plus de 25 ans, qui sont généralement plus éduqués et plus désireux et capables d'investir de l'argent et d'apprendre de nouvelles techniques. Ils constituent le groupe auquel les agents des projets ont tendance à s'adresser en premier. Mais est-il encore sage de cibler les nouveaux projets sur eux? Les femmes jouent un rôle déterminant dans la production alimentaire rurale et beaucoup de jeunes choisiront de migrer s'ils ont l'impression que leurs chances de devenir agriculteurs sont minces. Au Ghana, le programme de promotion de la croissance rurale dans le Nord a opté pour un ciblage sur les exploitants agricoles les plus démunis en ressources, dans le but de contribuer à la réduction de la pauvreté et à l'amélioration de la sécurité alimentaire dans le nord du Ghana, d'une manière qui soit plus équitable et durable. Il semble que le projet ait fait le bon choix!

Des chances offertes aux femmes et aux jeunes

C'est grâce au ciblage direct et aux choix stratégiques relatifs aux activités et au matériel qu'il a été possible de travailler avec les femmes et les jeunes. Obligés de conduire une activité agricole alors que les précipitations deviennent erratiques et que la saison des pluies ne cesse de se raccourcir (en raison du changement climatique), beaucoup de femmes et de jeunes ont de moins en moins d’options pour faire face à la saison de soudure annuelle de mai et de juin. Ils peuvent travailler chez des exploitants aisés ou bien migrer en ville en quête d'un emploi. Dans cette zone, le taux d'abandon scolaire est élevé, la malnutrition sévit et les personnes âgées doivent assumer de lourdes charges de travail.
L'introduction de l'agriculture irriguée dans le nord du Ghana a permis de produire de nouvelles cultures et de cultiver la terre pendant toute l'année. Les cultures de la saison des pluies, telles que le maïs, le sorgho et le soja sont désormais suivies, quelquefois en assolement, par les papayers, les patates douces, les gombos, les pastèques et les fraises. Pour les familles d'agriculteurs, le fait de produire trois cultures par an représente un progrès considérable. Les femmes et les jeunes se sont fortement investis dans le développement de la culture irriguée et ils en ont été récompensés puisque leur production et leurs revenus ont incontestablement augmenté!

Le processus de ciblage

Le personnel du programme de promotion de la croissance rurale dans le Nord a lancé le processus en conduisant des actions de sensibilisation auprès des agricultrices et des jeunes agriculteurs, pour leur expliquer les possibilités qui s'offraient à eux et pour les aider à choisir les cultures et à s'organiser en groupements capables de défendre leurs intérêts. Les membres des groupements ont ensuite commencé les cultures, associant souvent les cultures ‘féminines’ garantes de la sécurité alimentaire, telles que les légumes à feuilles, les graines de sésame, les piments et les pommes de terre aux cultures de base ‘masculines’, telles que le maïs et le sorgho. Les hommes et les femmes ont partagé l'eau d'irrigation et les autres intrants sur les parcelles familiales.

Grâce à l'approche filière qui a été adoptée par le programme, des liens ont été créés entre les producteurs, les transformateurs, les commerçants et les consommateurs. Les agricultrices et les jeunes agriculteurs ont ainsi rencontré des représentants d'associations de producteurs de pastèques et de tomates, de banques rurales, d'assemblées de district, de fournisseurs d'intrants et de la VEPEAG, l'association ghanéenne de producteurs et d’exportateurs de légumes. Les différents acteurs de la filière ont fait mutuellement connaissance et ont compris qu'ils avaient tout à gagner à travailler ensemble.

Choisir la bonne technologie

L'un des facteurs du succès de cette intervention a été le choix de la technologie: le pompage dans les cours d'eau. L'irrigation par pompage permet aux agriculteurs de cultiver des surfaces beaucoup plus étendues qu'auparavant, lorsqu'ils puisaient eux-mêmes l'eau dans les cours d'eau permanents voisins de leurs parcelles et la transportaient dans des arrosoirs et des calebasses. Cette méthode limitait fortement la surface qu'ils pouvaient cultiver et provoquait l'érosion des berges et l'envasement des cours d'eau. Le choix de l'irrigation par pompage a été particulièrement profitable aux femmes et aux jeunes. Ce nouvel accès aux pompes mobiles leur a ouvert l'accès à de nouvelles terres. Si un grand barrage avait été construit, la participation de ces groupes aurait posé plus de problèmes parce que la distribution des parcelles aurait probablement suivi les systèmes traditionnels d'attribution des terres. 

L’irrigation par pompage permet d'utiliser une grande diversité de technologies de distribution de l'eau. Ces technologies, essentiellement de micro-irrigation, sont l’irrigation au goutte-à-goutte, l'aspersion ou l'irrigation par gravité (sillons). L'irrigation par sillons à eu beaucoup de succès dans la région, parce qu'elle demande peu d'investissement au démarrage. L'installation des pompes dans le cadre du programme a aussi été associée à la réapparition des diguettes traditionnelles construites en pierres ou en terre le long des courbes de niveau.

Autres facteurs du succès

Le choix de la technologie n'est pas le seul facteur important. Les agriculteurs doivent aussi être convaincus de la rentabilité de leurs activités avant de s'engager dans un projet et d’y participer. D'autres investissements étaient nécessaires mais les femmes et les jeunes ont compris immédiatement qu’il existait un débouché urbain prometteur pour les légumes frais hors saison et les fruits à forte valeur. Le programme tient compte de cette recherche de la rentabilité dans tous ses projets. L'approche filière est centrale et c’est dans son contexte que les projets sont incités à promouvoir la participation du secteur privé aux différents aspects du processus.

Un autre facteur de succès, qui rend plus probable la poursuite des activités après la fin de l'intervention, est que le projet a choisi explicitement de ne pas tout distribuer gratuitement aux participants. Ceux-ci reçoivent une subvention qui représente 40 pour cent du montant du matériel et des accessoires à acheter et, en dehors de cette aide financière, le programme se contente de mettre les agriculteurs en relation avec les institutions financières. Cette démarche évite la dépendance et l’attente irréaliste d'autres avantages.

Elle encourage les agriculteurs à être relativement indépendants et les laisse libres de rechercher des financements supplémentaires, si nécessaire. La responsabilité est principalement du ressort de chaque participant.

Attention!  

Tous les projets peuvent avoir des résultats positifs et négatifs et il est important de ne pas se voiler la face devant les incidences négatives mais, au contraire, de trouver un équilibre acceptable. Les résultats positifs de ce projet ont été l'augmentation des revenus des familles d'agriculteurs et la création d'activités économiques fructueuses pour les jeunes.

Mais, dans certains cas, le projet a entraîné un alourdissement de la charge de travail des femmes, parce que les familles ont commencé à cultiver des surfaces plus étendues.

Dans d'autres cas, les maris ont eu peur de l'influence de la vie citadine moderne ou bien ont été jaloux quand leurs femmes ont établi des relations de travail ou de filière (avec d'autres hommes). Comment les projets peuvent-ils assumer leurs responsabilités face à ces intérêts conflictuels? Une autre question importante est que la participation des femmes limite l'échelle des activités, donc la rentabilité économique. Quelles seront les incidences de cette situation sur la rentabilité nette des investissements? Ces questions font partie d'un processus d'apprentissage plus général pour toutes les parties concernées.

Des problèmes persistent aussi en matière de sensibilisation (ou manque de sensibilisation) et de connaissances, en ce qui concerne l'écologie, l'utilisation des technologies et la gestion des parcelles irriguées. Certaines parties prenantes n'apprécient pas, ne comprennent pas ou ne respectent pas l'importance de la conservation du sol et de l'eau. Il est nécessaire de surveiller la fertilité et la salinité des sols et d'expliquer aux agriculteurs les techniques de gestion. Une mauvaise gestion des champs irrigués crée un risque de contamination et de pollution des cours d'eau. Les agents locaux de la vulgarisation, eux-mêmes, sont mal informés sur ces questions et sont peu familiarisés avec des techniques qui sont nouvelles pour eux. Le programme prévoit de recenser les lacunes de connaissances et de contribuer à l'organisation des formations nécessaires dans une région où les établissements de formation officiels font cruellement défaut.

Le ciblage, garant du succès

Ces problèmes ne sont pas propres au programme de promotion de la croissance rurale dans le Nord, on les retrouve dans beaucoup d'interventions de développement. Après quatre années de travail lié à la gestion de l'eau dans cette région, la conclusion est qu'il est possible de réaliser les objectifs du programme grâce à un ciblage judicieux. Les femmes et les jeunes ont bénéficié d'une augmentation de leurs revenus, ce qui a contribué à l'amélioration de la sécurité alimentaire et au ralentissement de la migration vers les villes.

Lien utiles

Le programme de promotion de la croissance rurale dans le Nord au Ghana

Haut du page


Partager une tasse de thé

 

Le consensus et l'action collective contribuent de manière fondamentale au bon fonctionnement des systèmes d'irrigation, dans lesquels différentes parties prenantes revendiquent leur part d'eau. Le projet d'appui au développement rural de Basse Guinée Nord rassemble toutes les parties prenantes dans une atmosphère conviviale, pour qu’elles partagent une bonne tasse de thé en grignotant des petits gâteaux mais aussi pour qu’elles puissent exprimer leurs avis et leurs réclamations.

Le projet d'appui au développement rural de Basse Guinée Nord (PADER-BGN) a débuté en 2003 avec, pour objectifs principaux: améliorer la production agricole (en particulier le riz et l’huile de palme) et diversifier les sources de revenus des populations rurales. L'une des activités du projet a consisté à établir des périmètres d'irrigation dans les zones marécageuses pour accroître la production de riz, créer des vergers et des jardins maraîchers et donner de la place aux pasteurs et à leur bétail. Dans le cadre de ce projet:

Ce projet a permis d'améliorer la production et les revenus des agriculteurs mais il a aussi contribué à réduire les conflits entre agriculteurs et pasteurs parce que les jardins maraîchers et les rizières sont clôturés et que les animaux ne peuvent plus faire de dégâts dans les cultures. En outre, les pasteurs ont accès à de nouveaux points d'eau pour le bétail et les chèvres.

Le projet a aussi créé une dynamique d'organisation parce que les participants ont compris qu’ils avaient tout intérêt à organiser conjointement l'accès à l'eau. La création de parcelles d’essai, où les pratiques de l’agriculture de conservation, telles que le maintien d’un couvert végétal permanent, peuvent faire l'objet de démonstration, constitue un autre avantage du projet. L’utilisation de cette technique est encouragée dans les périmètres pour protéger les sols et retenir l'eau pendant les périodes sèches.

Consensus

Les clés du succès de ces périmètres d'irrigation sont la sensibilisation et la motivation des parties prenantes. Dans chaque localité, le personnel du projet commence par convier les diverses parties prenantes à une réunion, pour qu’elles analysent les problèmes, les examinent ensemble et formulent des solutions, telles que l'aménagement d'un périmètre d'irrigation. Les débats permettent à chaque participant de se demander s'il existe véritablement un potentiel et de réfléchir sur la façon de surmonter les obstacles. Les autorités locales sont présentes afin de montrer leur intérêt et, le cas échéant, de prendre des engagements.

Les réunions multipartites ont permis à tous les participants de décrypter ensemble les problèmes et de tomber d’accord sur les mesures à prendre. Elles ont renforcé la motivation et incité les agriculteurs à fournir la main d’œuvre et les contributions nécessaires pour clôturer les parcelles, organiser les aménagements et gérer le périmètre d’irrigation. Des formations et des aides financières en faveur de micro-projets ont aidé les agriculteurs et les autres parties prenantes à s’approprier le projet, une condition essentielle pour le succès de la gestion de l’eau.      

Action collective

Le principal enseignement qui est ressorti des premières années d'expérience du projet est que la responsabilité et l'action collectives sont capitales pour le succès de l'entreprise. À cet effet, il est nécessaire de lancer une dynamique de groupe qui permet aux exploitants agricoles d'exprimer librement leurs préoccupations. Toutes les parties prenantes doivent être intimement persuadées que le périmètre d'irrigation présente un fort potentiel et qu'il profite à tous. Une partie de l'appui apporté au projet a été définie en réunissant les participants, en encourageant le dialogue et en suscitant l'enthousiasme. Mais il est aussi très important d'appuyer l'apprentissage et le renforcement des capacités.

Liens utiles

Haut du page


Un meilleur ciblage: de meilleurs résultats

 

Au Sénégal, le projet d'appui aux filières agricoles (PAFA) a investi beaucoup de temps dans le choix des bénéficiaires, qui a été fait en concertation avec les communautés. L'objectif était de repérer les ménages les plus vulnérables, de faire en sorte qu'ils bénéficient effectivement des appuis et de légitimer leur choix au sein de la communauté locale.

Le choix des partenaires avec qui travailler constitue une étape essentielle dans tous les projets de développement mais, dans des conditions inhabituelles, cette étape revêt une dimension particulière. Dans la zone d'intervention du PAFA, la population est plus jeune que dans le reste du Sénégal: 60 pour cent des habitants ont moins de 24 ans et 80 pour cent ont moins de 34 ans. C'est pourquoi, le projet a ciblé les jeunes, en particulier les femmes âgées de 15 à 25 ans et les hommes de 18 à 30 ans. Si ces groupes de population n'ont pas la possibilité de gagner leur vie au village, il est fort probable qu'ils émigrent dans les villes en quête d'un emploi et laissent derrière eux les personnes âgées et les travaux agricoles.

L'importance des filières agricoles

Le PAFA centre particulièrement ses efforts sur les femmes parce que celles-ci jouent un rôle fondamental dans les activités économiques (la transformation et la commercialisation des produits agricoles) et parce qu'il existe déjà des associations féminines dynamiques. Il est donc relativement facile de renforcer les capacités de ces organisations, d'améliorer leur fonctionnement et, par ce biais, d'améliorer les revenus des femmes.

Les filières qui ont été sélectionnées à l'issue de discussions avec la population locale ont été les suivantes: millet/sorgho, haricots, sésame, aviculture et bissap (un hibiscus dont les fleurs sont utilisées pour confectionner des jus). Le choix de ces filières a reposé sur les critères suivants:

Marième Faye Diagne est présidente du Jappo, un groupement de femmes qui a pu trouver sa place dans la filière du millet grâce à l'appui du PAFA. Elle déclare fièrement que, pour des personnes pauvres du milieu rural, c'est le meilleur moyen de sortir de la pauvreté: ‘En février dernier, nous avons vendu 50 tonnes de millet de qualité supérieure à un marchand de Thies, pour une somme de 10,5 millions de CFA. Avant, nous vendions aux marchands locaux à des prix très bas. Nous avons suivi des formations pour améliorer notre production de millet, grâce à l’utilisation de semences de qualité, d’engrais et d’urée. Avant, nous produisions 0,5 tonnes à l'hectare mais aujourd'hui, nos rendements se situent entre 1,3 et 1,5 tonnes à l'hectare!’

L’autodétermination

L'étape suivante, qui consiste à déployer le projet et à sélectionner les activités et les participants, est importante. Pour que les efforts soient effectivement concentrés sur les ménages les plus vulnérables, les critères de vulnérabilité ont été établis avec les parties prenantes avant d'être utilisés pour sélectionner les ménages bénéficiaires. Quatre catégories ont été recensées:

Les indicateurs de vulnérabilité ont permis de créer un échantillon stratifié utilisé dans les enquêtes sur les ménages qui ont été réalisées dans les localités. Les enquêtes ont été conduites par les membres du comité qui avaient participé aux réunions multipartites. Cette démarche a garanti l'entière participation de la population locale à la formulation des critères de sélection et à la collecte des données relatives aux ménages. Ces données ont été présentées lors des réunions et la communauté a choisi collectivement les ménages les plus vulnérables qui allaient participer au PAFA.

Abdoulaye Gningue est président de Sante Yalla, une organisation paysanne qui compte 42 exploitants agricoles (dont 12 femmes) du village de Tallège. Leur organisation n'a guère souffert de la mauvaise campagne 2011/2012. Les membres ont cultivé 50 hectares de haricots et en ont récolté 30 612 tonnes. Ils ont vendu 10 720 tonnes à un commerçant de Thies, au prix préalablement convenu de 300 CFA par kilo, c'est-à-dire à un bon prix. Gningue se félicite de la rapidité avec laquelle tout cela s'est fait: ‘Deux mois à peine après que nous ayons découvert la façon dont le PAFA travaillait, nous avions utilisé des critères précis pour choisir les ménages qui bénéficieraient du projet (et les femmes et les jeunes n'ont pas été oubliés) et nous avions signé un contrat avec le commerçant. Maintenant, regardez tout ce que notre localité a gagné!’.

Un consensus plus serein

La participation de l'ensemble de la communauté à la formulation et à l'analyse des degrés de vulnérabilité a permis à tous les participants de comprendre qu’il existait des différences entre les ménages et que les ménages les plus vulnérables tireraient plus d’avantages des ressources du projet. Cette démarche a limité les conflits potentiels au sein de la communauté, car chacun a pu constater que l'argent et les efforts allaient à ceux qui en avaient le plus besoin.

Maimouna Faye, présidente de l'association de femmes de la commune de Niakhar (une fédération de 52 groupements de femmes, qui compte 1800 membres au total), nous a fièrement expliqué que, malgré les précipitations irrégulières de la dernière saison des pluies, les femmes de l'association avaient pu commercialiser 5 tonnes de haricots. L'association a choisi 50 des ménages les plus vulnérables. Les heureuses élues ont suivi une formation sur la production et la commercialisation de haricots et ont vendu 5 tonnes à un commerçant privé, pour un bon prix. Cette vente a considérablement contribué à améliorer les revenus des femmes qui ont aussi eu davantage de haricots à consommer en famille. Les femmes se sont aussi gagné le respect: elles ont honoré leur engagement à l'égard du commerçant, alors que le syndicat paysan, plus important, n'a pu fournir qu'une partie des 30 tonnes qu'il avait promis. Désormais, les femmes savent très précisément ce qu'elles veulent, explique Maimouna Faye: ‘Nous voulons que nos fils et nos filles restent dans la localité et aillent à l’école. Ils devraient aussi avoir des champs de haricots. C'est une bien meilleure manière de gagner de l'argent que de migrer en ville’.

Liens utiles

Haut du page


Mise en valeur de vastes zones marécageuses pour la production vivrière

 
 

 

Démonstration d'une plantation, Sierra Leone

Devant de grands problèmes, il faut voir grand. Cela pourrait être la règle du projet de réduction de la pauvreté à assise communautaire, qui est exécuté en Sierra Leone. Ce pays pauvre, dépendant de l'extraction de diamants, est encore en convalescence après une guerre civile qui a duré de 1991 à 2002. Cette guerre a plongé un grand nombre de ruraux dans la pauvreté mais la mise en valeur de vastes zones marécageuses pourrait leur donner un moyen de s'en sortir.

Le souci le plus important de beaucoup de ménages de la Sierra Leone est d'améliorer leur sécurité alimentaire et leurs moyens d'existence. C'est aussi le principal objectif du projet de réduction de la pauvreté à assise communautaire: contribuer au relèvement à court terme des communautés rurales, aider ces communautés à développer leurs activités agricoles et jeter les bases d'un redressement à long terme et d'un développement participatif.

Le potentiel des bas-fonds marécageux

Dans tout le pays, les bas-fonds marécageux sont relativement peu exploités, en particulier dans les zones où les agriculteurs pratiquent la culture itinérante sur brûlis et la jachère de brousse pour la production vivrière. Dans beaucoup de cas, cette méthode de production dégrade l'environnement et affiche des rendements marginaux. Beaucoup d’habitants pourraient bénéficier de la mise en valeur des bas-fonds marécageux continentaux. Le projet améliore l'hydrologie dans les marécages de bas-fonds, au moyen de méthodes gravitationnelles (irrigation, drainage, retenue et conservation de l'eau). Ces techniques permettent une culture intensive et diversifiée pendant toute l'année. Les aménagements contribuent à améliorer la production de riz, qui est le produit de base national, ainsi que d’autres cultures vivrières (légumineuses, légumes, arachides). Les cultures sont associées à la pêche continentale et à l'élevage de petits ruminants et de volaille.

Jusqu’ici, 2 380 personnes (dont au moins 25 pour cent de femmes et 25 pour cent de jeunes) ont directement bénéficié de la mise en valeur de 614 hectares de bas-fonds marécageux continentaux, situés dans 4 districts de l'est de la Sierra Leone. Il est envisagé cette année d'étendre la stratégie à 9 autres districts du pays et à aménager 500 hectares supplémentaires de marécages, au bénéfice d’au moins 1 250 ménages. La mise en valeur des zones marécageuses demande deux ans pour nettoyer la végétation, tandis que la troisième année est utilisée pour aménager les systèmes d'irrigation et compléter la formation des participants (qui a commencé pendant la première année). Les agriculteurs plantent ensuite des ananas, des bananes, des plantains ainsi que diverses cultures arbustives telles que le café, le cacao, les mangues, les agrumes, les anacardiers et les palmiers à huile, le long des courbes de niveau du bassin versant. Cette technique vise à prévenir ou à réduire la dégradation des terres, à améliorer l'hydrologie et à fournir aux agriculteurs des cultures à récolter tout au long de l'année. La méthode garantit la viabilité économique et le respect de l'environnement et facilite la stabilisation des agriculteurs habitués à se déplacer dans le système de culture itinérante.

Le potentiel de la jeunesse

L’expression « voir grand » ne s'applique pas seulement à la superficie (il est prévu de mettre en valeur une surface totale de 690 000 hectares de terres marécageuses), mais aussi au temps. Le projet ne se contente pas d'ouvrir des perspectives à court terme, il prépare le futur. C'est pourquoi, des dispositions spéciales sont prévues pour la jeunesse, par exemple, la location de parcelles des bas-fonds marécageux à des jeunes, pour des baux de 30 à 50 ans. Des baux de longue durée tels que ceux-ci créent un sens de propriété et encouragent les jeunes à investir dans la terre et à envisager d’y faire des aménagements.

Une autre façon d'insérer les jeunes dans le processus de mise en valeur des bas-fonds consiste à engager un grand nombre de prestataires de services compétitifs dans tous les districts et, dans ce cadre, d'employer des jeunes des communautés en tant que sous-traitants. Le projet a déjà commencé à travailler avec quelques jeunes entrepreneurs et il continuera à le faire avec les plus performants. Le projet les aidera à devenir des prestataires de services, non seulement structurés, organisés et qualifiés mais aussi:

Le projet de réduction de la pauvreté à assise communautaire prévoit la conduite de formations sur les questions techniques, l'administration et la gestion des entreprises. Ces formations sont ouvertes aux jeunes diplômés, aux jeunes enthousiastes et aux anciens fonctionnaires de la division des services d'ingénierie agricole du ministère de l'agriculture, des forêts et de la sécurité alimentaire.

Le potentiel des banques de semences

Quand la règle est de voir grand, on peut penser qu'elle s'applique aussi à l'aspect financier, mais ce n'est pas toujours le cas. Dans un premier temps, le projet paye les travaux de mise en valeur des zones marécageuses (coût de la main-d'œuvre qualifiée et non qualifiée) et fournit les outils agricoles, mais les bénéficiaires remboursent 40 pour cent du montant, au moyen de ce que l'on appelle des prêts de développement. Le projet propose aussi des prêts saisonniers (semences de riz et engrais) que les exploitants agricoles remboursent après la récolte: un boisseau et demi de riz pour chaque boisseau de semences et trois boisseaux de riz décortiqué pour chaque sac de 50 kg d'engrais.

Les prêts saisonniers sont remboursés en nature aux organisations paysannes locales. Ce riz est vendu et le montant obtenu est placé à la banque communautaire, sous le nom de l'organisation paysanne. Le montant peut de nouveau servir à financer des prêts. Ce processus se répète jusqu'à ce que les besoins de tous les agriculteurs de l'organisation aient été satisfaits. Dans certains cas, ce processus se poursuit pendant très longtemps et des entrepôts sont construits pour stocker les semences dans de bonnes conditions. Les prêts de développement, quant à eux, sont remboursés à un Fonds de développement agricole, qui est déposé dans les banques communautaires (établies par le projet de finance rurale jumeau, le projet de finance rurale et d'initiatives communautaires). Les agriculteurs peuvent les rembourser en semences ou en espèces, sur une période de deux ans. Lorsque le projet de réduction de la pauvreté à assise communautaire se retire d'une zone, le Fonds de développement agricole entre en service pour continuer à proposer des prêts. 

Liens utiles

Le projet de réduction de la pauvreté à assise communautaire en Sierra Leone

Lien vers le projet de réduction de la pauvreté à assise communautaire en Sierra Leone du site web du FIDA

Haut du page


Les étapes de l'amélioration de l'approvisionnement en eau

 

Au Burkina Faso, les pompes à pédales se sont révélées être un atout déterminant dans deux interventions d'irrigation. Les pompes permettent de faire voyager l'eau sur de grandes distances et les agriculteurs sont libres de choisir un système final de distribution de l'eau plus ou moins complexe, selon ce qui leur convient le mieux. Dans le projet d'irrigation et de gestion de l'eau à petite échelle (PIGEPE), on considère que les pompes à pédales sont un outil prometteur pour la petite agriculture parce qu'elles sont très efficaces, peu onéreuses et peu exigeantes.

L'une des interventions du projet a consisté à installer et améliorer le système d'irrigation à Poni. Suite à l'invitation lancée par quelques exploitants agricoles locaux, le personnel du PIGEPE a commencé par organiser des réunions d'information avec les agriculteurs, des experts et les autorités locales pour examiner les diverses façons d'améliorer le système d'irrigation existant. Les négociations sur la propriété des terres ont rapidement suivi et les parcelles disponibles ont été mesurées et distribuées. Il a été décidé par toutes les parties prenantes que les femmes accéderaient à au moins 40 pour cent de la surface totale. Puis, 8 pompes à pédales ont été installées et 3 bassins d'eau ont été construits. Les agriculteurs ont creusé des trous de plantation dans les champs et les ont remplis de fumier. Pour gérer les pompes et les bassins et organiser tous les usagers, un comité directeur a été créé et formé à ses fonctions. Les agriculteurs ont rendu visite à d'autres périmètres d'irrigation pour bien comprendre comment utiliser et entretenir leurs propres installations. On leur a aussi proposé des cours d'alphabétisation pour renforcer leurs capacités.

Avant la construction des bassins et l'installation des pompes, 9 femmes cultivaient de petites parcelles (80 m2) autour d'une citerne d'eau. Ces jardins étaient clôturés par des palissades en tiges de millet et arrosés avec des calebasses. Les femmes faisaient pousser des haricots, des légumes et des gombos, destinés essentiellement à la consommation du ménage. Aujourd'hui, une surface de 2 hectares est soigneusement clôturée, l'eau est fournie par les pompes et les parcelles sont plus éloignées de l'eau, ce qui réduit fortement le risque de pollution et d’érosion des sols. Au total, 77 agriculteurs (dont 45 femmes) exploitent ces parcelles irriguées (±175 m2 chacune), pour produire des tomates, des aubergines, des choux, des oignons et des pommes de terre. Un tiers de la production est consommé à la maison. Le reste est vendu sur le marché.

La nécessité d'assurer un suivi

Bien que l'amélioration du système d'irrigation de Poni semble avoir été un processus sans histoire, les obstacles n'ont pas manqué. Les promoteurs de la planification du système ne sont pas restés jusqu'à la fin, ce qui est dommage car il s'agissait de maraîchers relativement expérimentés.

Cette situation a fait comprendre à l'équipe du PIGEPE qu'il était important d'établir un système de suivi et d'évaluation strict et fréquent dès le démarrage d'une intervention. Si les activités et les agriculteurs ne sont pas pilotés, l'intervention peut dégénérer en activités non planifiées et non productives qui s'écartent des objectifs originaux du projet. Un suivi correctement effectué permet d’éviter ce problème. Une autre conclusion est que les droits fonciers doivent être clairement définis et non négociables dès le démarrage et que la technologie et les connaissances exigées ne doivent pas être trop complexes pour les participants. Dans ce cas précis, les participants ont trouvé que les pompes à pédales et les arrosoirs étaient faciles à gérer.

Les pompes MoneyMaker

En février 2010, le PIGEPE a lancé une autre intervention: des sites de démonstration, d'une surface de 100 m2 ou 500m2, pour les pompes à pédales et les systèmes d'irrigation au goutte-à-goutte. Le PIGEPE a formé 183 personnes au total (88 agriculteurs et 95 agents du développement) à l'utilisation de ces technologies. Les agriculteurs qui ont participé à cette intervention utilisent l'irrigation plus facilement et rapidement qu'auparavant et gèrent leurs cultures avec plus d'efficacité et de précision, ce qui leur permet d'obtenir de meilleurs rendements. Un agriculteur de Gaoua a récolté 340 kg de choux et 37,5 kg de laitues sur une parcelle de 100m2. Avec 3 cycles de production par an, il a dégagé un bénéfice net de 180 000 FCFA, soit suffisamment pour recouvrer entièrement son investissement initial en une année!

Ces démonstrations prouvent que les zones rurales ont beaucoup à gagner d'une meilleure gestion de l'eau. La pompe à pédales, appelée Money Maker, est à la hauteur de son nom (« celle qui fait de l'argent ») et elle est aussi très simple et peu onéreuse à utiliser et à entretenir. Les pompes et le matériel d'irrigation au goutte-à-goutte sont susceptibles d'avoir un effet spectaculaire sur le travail et les rendements des petits agriculteurs. La technologie des pompes mobiles permet aux agriculteurs et aux femmes d'irriguer des champs qui ne sont pas situés le long de canaux ou de cours d'eau ou bien des champs sur lesquels ils n'ont pas de droits fonciers permanents. L'utilisation de pompes et de matériel d'irrigation ne demande qu'un faible investissement dans le champ lui-même alors qu’elle peut facilement faire doubler ou tripler les rendements.

Liens utiles

Projet d’irrigation et de gestion de l’eau à petite échelle (PIGEPE)

Haut du page



Nouveaux programmes et projets dans la région

Haut du page