L’agriculture intégrée? Un outil de résilience climatique au Cambodge

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L’agriculture intégrée? Un outil de résilience climatique au Cambodge

Temps de lecture estimé: 5 minutes
© FIDA/ASPIRE

En Asie du Sud-Est, les inondations, les sécheresses et la recrudescence des ravageurs, toutes dues aux changements climatiques, ont eu des répercussions dévastatrices pour l’agriculture, pour la sécurité alimentaire et pour les habitants.

Mais au Cambodge, où petits producteurs et productrices sont le modèle agricole dominant, une solution simple à ces difficultés a permis d’obtenir des résultats remarquables: l’agriculture intégrée dictée par le paysage.

Les systèmes d’agriculture intégrée: de quoi parle-t-on?

Les systèmes d’agriculture intégrée possèdent des caractéristiques spécifiques et sont étroitement liés aux paysages dans lesquels ils s’inscrivent. Dans le cadre de ces systèmes, les agriculteurs optent pour différentes techniques prises dans un ensemble plutôt que de les envisager uniquement pour leurs avantages individuels. En combinant différents éléments, comme la rotation des cultures ou le compost maison, leur action peut être bénéfique pour les écosystèmes et renforcer leur propre résilience face aux changements climatiques.

Lorsqu’elle est correctement conçue et qu’elle s’appuie sur des techniques adaptées aux contextes agroécologiques et conditions économiques locales, l’agriculture intégrée peut accroître la production alimentaire et les revenus, tout en améliorant la qualité du sol et en réduisant les besoins en matière d’engrais chimiques et d’irrigation.

Par exemple, dans le cadre de l’agriculture circulaire, le bétail se nourrit des sous-produits des cultures, et ses excréments fournissent un compost naturel riche qui améliore la fertilité du sol pour cultiver d’autres plantes, et ainsi de suite.

Des ressources mondiales pour des solutions locales

Le FIDA a introduit l’agriculture intégrée au Cambodge en partenariat avec le Panorama mondial des approches et technologies de conservation (WOCAT) et le Ministère de l’agriculture.

La première étape a été de croiser les expertises disponibles au niveau mondial, national et local. Grâce à la cartographie SIG et à l’imagerie par drone, l’équipe a consulté les communautés locales et classé les exploitations en trois catégories de paysages agricoles: petites exploitations familiales, propriétés familiales avec rizière attenante et chamkar, de hautes terres récemment défrichées disposant de ressources en eau limitées.

Chacune d’entre elles présente des conditions très différentes et doit devenir productive et résiliente face aux changements climatiques. Les deux premières ont un accès relativement facile à l’eau et à la main-d’œuvre mais s’appuient sur des systèmes agricoles différents; la troisième est généralement plus éloignée des sources d’eau et des ménages.

L’équipe s’est appuyée sur la base de données mondiale de techniques établie par le WOCAT ainsi que sur les pratiques locales pour trouver les solutions les plus adaptées et en comprendre les interactions.

Pendant ce temps, agriculteurs et agricultrices ont été formés et ont effectué des visites sur le terrain pour apprendre comment tirer parti des techniques d’agriculture intégrée.

Les agents de vulgarisation et les agriculteurs locaux ont ensuite élaboré 1 500 plans d’exploitation destinés à comprendre les besoins de chaque exploitation pour améliorer sa résilience climatique et sa productivité.

Ils ont ensuite développé des ensembles de pratiques d’agriculture intégrée complémentaires pour les trois paysages, culturellement acceptables et économiquement réalisables pour les agriculteurs locaux.

Un système agricole adapté à chaque contexte

Un système d’agriculture intégrée au Cambodge. © FIDA/ASPIRE

 

Sept modèles d’agriculture intégrée ont été établis à partir des plans d’exploitation. Chaque modèle combinait des éléments d’agroforesterie avec certains légumes et certains arbres pour créer des microclimats favorables et produire toute une gamme de produits alimentaires. En outre:

  • Les trois modèles de « petites exploitations familiales » proposent des solutions d’intégration de petit ou de gros bétail, ou un petit plan d’eau pour des poissons et des grenouilles. Chacun d’entre eux s’inscrit dans un système d’agriculture circulaire, mais les coûts de démarrage varient, afin que les agriculteurs puissent choisir le modèle le plus adapté à leurs ressources.
  • Les deux modèles de paysage « propriété familiale avec rizière attenante » ont aussi le choix d’avoir du bétail ou d’élever du poisson à même les rizières.
  • Dans les paysages chamkar, les exploitations sans accès à l’irrigation peuvent recourir à une agriculture pluviale économe en eau, tandis que celles qui ont accès à des sources d’eau peuvent utiliser de petits barrages et produire des cultures commerciales irriguées.

La conception collaborative porte ses fruits

Un agriculteur au Cambodge transporte un panier d’aubergines. © FAO/Than Rathany 

 

Les techniques d’agriculture intégrée les meilleures sont celles qui sont effectivement adoptées par les agriculteurs.

Les agriculteurs ont tendance à adopter les pratiques quand elles répondent à leurs préoccupations prioritaires: produire et tirer un revenu de leur production. Si bien que de très bons résultats ont été obtenus relativement rapidement.

Une évaluation menée en 2022 a montré que les produits fournis avaient eu des effets socioéconomiques « très positifs ». Les impacts écologiques et sanitaires se sont aussi avérés positifs, les participants mettant en lumière les améliorations microclimatiques apportées en termes d’ombre, de brise-vent, de réduction de la température et de l’évaporation, ainsi que de qualité de l’eau.

La façon la plus efficace d’améliorer le recours à l’agriculture intégrée consiste à impliquer agriculteurs et agricultrices dans le processus décisionnel, à les informer sur les avantages qu’ils peuvent en tirer et sur le ratio coûts-avantages d’une approche particulière, et à les accompagner sur le plan de la production, de la nutrition et de la résilience.

Cette collaboration avec les agriculteurs signifie que les solutions choisies sont celles jugées utiles par les agriculteurs et les agricultrices eux-mêmes. Cela les rend plus susceptibles de continuer à les utiliser, pour le bien de la planète aussi bien que pour eux-mêmes.

Lire les travaux de recherche appuyés par le FIDA sur l’introduction efficace de techniques de gestion durable des terres dans les systèmes d’agriculture intégrée au Cambodge (uniquement disponible en anglais).