Prospérer en Türkiye. À la rencontre des femmes qui se libèrent de la pauvreté

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Prospérer en Türkiye. À la rencontre des femmes qui se libèrent de la pauvreté

Temps de lecture estimé: 5 minutes
© OGM

Trop souvent, la dégradation de l’environnement va de pair avec la pauvreté. Avec peu, voire aucune autre solution, les communautés rurales pauvres surexploitent souvent les ressources pour nourrir leur famille. Plus de 1,3 milliard de personnes dépendent par conséquent de terres agricoles en voie de dégradation et n’ont que peu d’autres sources de revenus envisageables, ce qui les rend plus vulnérables encore aux effets négatifs de la dégradation de l’environnement et des changements climatiques.

Les femmes étant disproportionnellement touchées par la pauvreté, nous devons impérativement opérer des changements profonds pour mettre un terme à la pauvreté sous toutes ses formes d’ici à 2030, en commençant par promouvoir l’autonomisation des femmes rurales.

Malgré leur rôle de premier plan dans l’agriculture et l’économie rurale, les femmes font face à de nombreux défis que les hommes n’ont pas à relever. Ainsi, elles n’ont qu’un accès limité aux ressources et aux services, et notamment à la terre, aux financements, à la formation, aux intrants et au matériel, et sont souvent surchargées par les tâches domestiques et les soins à la famille.

C’est pourquoi le Projet de remise en état du bassin versant du fleuve Murat (MRWRP), financé par le FIDA et mis en œuvre en Türkiye, est axé sur les femmes.

Des poêles modernes aux serres toutes neuves, le projet MRWRP a permis de mettre à la disposition de près de 24 000 femmes les outils agricoles, les équipements d’économie d’énergie et les formations nécessaires pour sortir de la pauvreté et prospérer.

À chaumière chauffée, cœur réchauffé

Parce que les poêles modernes brûlent moins de bois, les femmes ont moins besoin de se rendre en forêt. © OGM

Dans certaines parties de l’est de la Türkiye, les températures hivernales peuvent descendre jusqu’à -20 °C, et il est donc vital pour les habitants de chauffer leurs domiciles. Certains poêles à bois sont toutefois chronophages et peuvent contribuer à la déforestation.

Pour réduire la charge de travail et ralentir la dégradation des terres, l’équipe du projet MRWRP a procédé à l’isolation de 6 400 maisons et installé des panneaux solaires et des poêles plus efficaces et économes en énergie.

Avant que sa maison ne soit isolée, Dilan Oğur brûlait trois à quatre tonnes de bois chaque année. « Aujourd’hui, nous avons divisé ce chiffre par deux », déclare-t-elle. Le projet permet d’économiser près de 22 000 tonnes de bois par an.

La gestion du nouveau poêle est par ailleurs plus sûre et permet à Dilan de faire des économies de chauffage, tandis que les panneaux solaires réchauffent l’eau de la maisonnée, ce qui réduit le nombre de voyages pour ramasser du bois de chauffage et libère du temps pour d’autres activités.

Aujourd’hui, les hivers sont plus doux pour Dilan et la forêt est moins exposée au risque de déforestation.

Le pouvoir de la serre

Les serres permettent aux agriculteurs de mieux contrôler l’environnement de culture. Dans les hautes terres, où l’altitude et le froid compromettent la productivité, ces structures offrent aux petits exploitants la possibilité de produire et de récolter des légumes toute l’année de façon durable, tout en améliorant leurs revenus.

Pour les femmes, dont les tâches se répartissent souvent entre la ferme et le foyer, une serre fonctionnelle proche de la maison signifie qu’elles passent moins de temps à se déplacer et plus de temps à mener d’autres activités. 

La ferme de Besile Bucin et de sa famille fait partie des 200 petites exploitations de la zone à avoir bénéficié d’une toute nouvelle serre équipée d’un système d’irrigation au goutte-à-goutte, ainsi que d’une formation pour apprendre à l’utiliser. Aujourd’hui, la serre si chère aux yeux de Besile est un patchwork multicolore de tomates, poivrons, aubergines et concombres.

« Par le passé, nous ne produisions que des légumes destinés à notre propre consommation », explique-t-elle. La serre lui permet de produire plus, et elle vend ce surplus sur le marché pour environ 1 400 USD par an, un complément bienvenu aux revenus de son époux.

La serre a changé la vie de Besile, à tel point qu’elle parle d’en installer une deuxième et de développer son activité.

Des fraises spectaculaires

Les femmes gagnent leur vie en produisant et en vendant de la confiture de fraises. © OGM

Lorsque Salihe Çelik a perdu son mari, elle a dû élever leurs cinq enfants et diriger son ménage seule.

En raison de l’isolement géographique de son exploitation, Salihe avait du mal à accéder au marché pour nourrir ses enfants. « Nous ne tirions aucun revenu de ce que nous produisions, et ne pouvions pas faire de profit », se souvient-elle.

Puis, Salihe et sa communauté ont été informées de la création d’un plan prometteur, mais pour le moins peu orthodoxe: la production de fraises, une pratique peu répandue dans les hautes terres. Cinquante exploitants, dont Salihe, ont fait le saut dans l’inconnu et se sont lancés dans la production de fraises.

« J’étais sceptique, au début », admet Salihe, qui n’avait jamais vu de champ de fraises dans sa ville. Puis l’équipe du projet MRWRP a créé la fraiseraie et Salihe a reçu une formation et un soutien technique. Ses revenus ont augmenté de 600 USD par an.

Comme elle, d’autres femmes de la communauté gagnent désormais de l’argent en vendant des confitures de fraises et s’extraient de la pauvreté à force de travail et de dévouement.

Le Gouvernement turc prévoit désormais de tirer parti de ces réussites et de lancer la deuxième phase du projet MRWRP, axé sur les questions de genre et l’adaptation aux changements climatiques.