Quatre questions à la nouvelle Vice-Présidente du FIDA

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Quatre questions à la nouvelle Vice-Présidente du FIDA

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© Manase Walter Mory

Nous nous sommes entretenus avec la nouvelle Vice-Présidente du FIDA, Gerardine Mukeshimana, pour en savoir plus sur son expérience et ce qu’elle espère réaliser dans le cadre de ses nouvelles fonctions.

Avant cette nomination, vous étiez la Ministre de l’agriculture de la République du Rwanda. Qu’a apporté le FIDA, selon vous, aux populations rurales du pays?

Le FIDA et le Gouvernement rwandais travaillent depuis plusieurs années en étroite collaboration sur différents projets d’élevage, de production végétale et de gestion après récolte.

J’ai pu constater de visu que l’amélioration de la productivité, de l’irrigation et de l’accès aux marchés se traduisait par de meilleures conditions de vie pour les populations rurales. Ces dernières utilisent leur surcroît de revenus pour souscrire à des assurances maladie, améliorer leur logement et scolariser leurs enfants. Il s’agit là des conséquences indirectes des investissements dans une agriculture durable et inclusive.

Le Projet d’appui à des pratiques après récolte et à un secteur agroalimentaire résilients face aux changements climatiques a été particulièrement fructueux. Nous nous sommes associés à Africa Improved Foods pour favoriser la production d’aliments nutritifs dans les petites exploitations. En sept ans, les pertes après récolte de maïs ont baissé de près de 72% et les revenus des producteurs se sont considérablement améliorés.

Les changements climatiques et la perte de biodiversité s’intensifient dangereusement. Quel rôle la communauté internationale doit-elle endosser pour intensifier la riposte et orienter les ressources vers les pays en développement?

Les engagements en matière de lutte contre les changements climatiques ne peuvent aboutir que si tous les pays sans exception les respectent. Il est grand temps que les dirigeants de ce monde mettent le cap sur l’adaptation aux changements climatiques.

Les effets des inondations, des sécheresses et des maladies végétales et animales sur l’agriculture sont très alarmants, en particulier pour les petits exploitants qui ont le moins contribué aux changements climatiques. Pourtant, peu de mécanismes de financement ciblent ces agriculteurs.

Mon but est de plaider en leur faveur. Il est essentiel que chaque pays lutte contre les problèmes climatiques pour réduire la souffrance des personnes les plus vulnérables. Nous devons réformer la gouvernance mondiale pour placer les populations rurales au cœur de notre action et garantir qu’elles puissent participer aux décisions qui les concernent.

Selon vous, quelle est la solution pour transformer rapidement la vie des communautés et les moyens d’existence en milieu rural?

L’agriculture est la voie la plus rapide. Les investissements dans ce secteur sont jusqu’à trois fois plus efficaces que les investissements non agricoles pour ce qui est de réduire la pauvreté. À cette fin, nous devons donc apporter des améliorations durables dans les domaines de l’agriculture et de l’accès aux marchés.

Une production accrue et un accès aux marchés facilité auront alors des retombées positives sur d’autres secteurs, notamment la transformation de produits agricoles et d’autres services liés à l’alimentation. Si nous parvenons à mettre l’agriculture sur la bonne voie, le reste suivra.

Le Rwanda se distingue à l’échelle mondiale par ses efforts déployés en faveur de l’égalité femmes-hommes et de l’avancement des femmes. En tant que première femme africaine à la Vice-Présidence du FIDA, espérez-vous mettre en lumière la question de l’intersectionnalité au FIDA et au-delà?

C’est une question sur laquelle tout le monde devrait se pencher, pas que le FIDA.

Les femmes ont avant tout besoin de connaissances. Nous devons mettre à leur disposition les formations et les compétences dont elles ont besoin pour réussir. Nous devons également leur donner accès aux ressources, notamment à la terre et aux services financiers.

Je suis fière de voir que les projets du FIDA tiennent compte des questions de genre et mettent l’accent sur les femmes, mais nous devons aller encore plus loin, car nous n’avons pas encore atteint notre objectif. Si nous donnons aux femmes les moyens d’agir et si nous les soutenons, c’est le monde entier qui en bénéficiera.