Sa terre, ses droits. Au Niger, la propriété foncière donne aux femmes le pouvoir de changer leur vie et de freiner l'avancée du désert

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Terre des femmes, droits des femmes. Au Niger, la propriété foncière donne aux femmes le pouvoir de changer leur vie et de freiner l'avancée du désert

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© PAM/Richard Mbouet

À l’échelle mondiale, la main-d’œuvre agricole est composée à près de 50% de femmes. Pourtant, moins d’un propriétaire terrien sur cinq est une femme. Pourquoi? En partie parce que les pratiques religieuses ou traditionnelles de plus de 100 pays interdisent aux femmes d’hériter de la propriété de leur époux.

Au Niger, Indo, 51 ans, l’a appris à ses dépens lors du décès de son mari. À cause du poids des traditions, elle n’a pu hériter des terres qu’elle cultivait pourtant depuis des années. Du jour au lendemain, Indo a non seulement perdu son mari, mais aussi la principale source de revenus et de nourriture de la famille. Sans oublier que plus ces terres demeurent inexploitées, plus elles subissent les effets de la sécheresse et de la désertification.

Indo s’est tournée vers le Club Dimitra, un club d’écoute communautaire local mis en place dans le cadre du Programme conjoint d’accélération des progrès en faveur de l’autonomisation économique des femmes rurales (ou JP RWEE, son sigle anglais).

Les membres du Club Dimitra cherchent à résoudre leurs problèmes de tous les jours et agissent collectivement pour changer la société. Grâce au club, Indo a appris l’existence de la politique nationale en matière de propriété foncière, en vertu de laquelle les femmes ont le droit d’hériter et de posséder des terres.

Le groupe l’a encouragée à saisir la commission foncière locale, auprès de laquelle elle a obtenu un titre foncier à son nom et des droits de propriété complets.

Ne laisser aucune femme de côté

Les femmes sont indispensables à la santé des terres, mais se heurtent souvent à des obstacles qui les empêchent d’obtenir des droits fonciers, ce qui limite leur capacité à prospérer et à protéger la terre.

Alors que les conditions météorologiques extrêmes s’aggravent et que les sécheresses s’allongent et se multiplient, les femmes parviendraient mieux à préserver leurs terres de la désertification si elles obtenaient des droits fonciers.

C’est là tout l’objectif du Programme conjoint d’accélération des progrès en faveur de l’autonomisation économique des femmes rurales, grâce auquel des femmes comme Indo sont épaulées et formées à certaines techniques agricoles résilientes face aux changements climatiques (bonification des terres, utilisation de biopesticides, préparation durable des champs, etc.).

Dans le cadre du Programme conjoint, Indo a également reçu un kit pastoral constitué de deux chèvres. Elle a enrichi son sol avec leur fumier et a plus que doublé le volume de ses récoltes. Elle cultive désormais suffisamment de millet, d’arachides, de niébé et de graines de sésame pour nourrir toute sa famille et dégager un surplus, dont la vente sert à couvrir les frais de scolarité de ses enfants et à verser une contribution à la communauté.

Investir dans la résilience face aux changements climatiques

Les deux tiers du Niger sont désertiques, et cette situation ne fait que s’aggraver. En 2021, le pays figurait à la quatrième place des pays les plus vulnérables face aux changements climatiques. L’intensification de la désertification ces 30 dernières années s’est traduite par une insécurité alimentaire chronique et une hausse de la pauvreté.

Les femmes ont un rôle essentiel à jouer face à ce problème. C’est pourquoi le Programme conjoint continuera d’aider les femmes rurales à renforcer leurs moyens d’existence, leurs droits et leur résilience.

Il est temps que les femmes comme Indo occupent le devant de la scène dans le cadre des initiatives menées à l’échelle mondiale aux fins de la remise en état des terres et du renforcement de la résilience face à la sécheresse et à la désertification. Pour cela, le monde doit continuer à investir en faveur de l’égalité d’accès à la terre entre femmes et hommes. Investir directement dans l’avenir des femmes, c’est investir directement dans l’avenir de l’humanité.

Fruit d’un partenariat entre la FAO, le FIDA, ONU-Femmes et le PAM, le Programme conjoint d’accélération des progrès en faveur de l’autonomisation économique des femmes rurales est exécuté au Népal, au Niger, dans les îles du Pacifique, en République-Unie de Tanzanie, au Rwanda et en Tunisie.