À vingt ans du tout premier Forum paysan, quatre leaders agricoles donnent leur point de vue

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À vingt ans du tout premier Forum paysan, quatre leaders agricoles donnent leur point de vue

Temps de lecture estimé: 4 minutes
©FIDA/Cristian Gennari

Tous les quatre ans, au siège du FIDA, à Rome, des millions de petits producteurs et productrices agricoles sont représentés sur la scène internationale à l’occasion du Forum paysan, qui rassemble différentes organisations paysannes des quatre coins du monde. Le Forum permet aux agriculteurs d’avoir voix au chapitre concernant les opérations du FIDA, de renforcer les collaborations et de discuter de politiques.

À l’occasion de la huitième réunion mondiale du Forum, nous avons interrogé quatre leaders d’organisations paysannes sur les difficultés qu’elles rencontrent, les dernières évolutions en date et leurs espoirs pour l’avenir.

« Les organisations paysannes sont des prestataires de services, pas de simples bénéficiaires » — Maria Elena Rebagay, Association des agriculteurs d’Asie, Philippines

Il s’agit de mon troisième Forum paysan, et je suis ravie de voir les progrès obtenus sur des problématiques soulevées lors des éditions passées. Dans la région Asie-Pacifique, nous prouvons que les organisations paysannes sont des prestataires de services efficaces, et pas simplement des bénéficiaires.

Les technologies numériques offrent aux jeunes beaucoup de possibilités d’améliorer la productivité et les ventes. Mais notre principal souci consiste à attirer les jeunes vers le secteur agricole, parce qu’ils manquent des ressources nécessaires pour y parvenir, notamment l’accès aux capitaux et aux ressources naturelles.

Les agriculteurs sont également très affectés par les questions climatiques. Mais nous ne nous posons simplement en victimes. Nous sommes aussi en première ligne pour y répondre. Nous devons travailler en collaboration avec le FIDA pour fournir des services à nos membres et bâtir des systèmes alimentaires plus résilients face aux changements climatiques. Et cela passe notamment par un plus large accès aux financements climatiques.

« Les organisations paysannes parlent la langue des agriculteurs » — Abbas Milhem, Palestinian Farmers’ Union (PFU), Palestine

En Palestine, le secteur agricole et la sécurité alimentaire sont menacés par le conflit et l’impossibilité d’accès à des ressources agricoles vitales, comme l’eau et la terre. Pour garantir la sécurité alimentaire de sa population, la Palestine doit produire sa nourriture en toute indépendance, et vivre en paix.

La PFU encourage ses membres à recourir à des techniques agricoles avancées, comme l’hydroponie. Celles-ci permettent aux agriculteurs de réduire les coûts de production, d’améliorer les rendements et d’accroître les profits.

Les organisations paysannes travaillent au service des agriculteurs et des agricultrices, en garantissant la prise en compte de leurs droits dans les politiques et lois agricoles. En intervenant dans les zones reculées, où vivent des agriculteurs hors du rayon d’action des pouvoirs publics, les organisations paysannes aident à mieux développer le secteur agricole.

Sans elles, les agriculteurs et agricultrices n’ont ni protection, ni boussole, ni voix. Les organisations paysannes parlent la langue des agriculteurs, représentent leurs intérêts et défendent leurs droits.

« Tous les agriculteurs sont préoccupés par les changements climatiques » — Anastasia Musa, Réseau de jeunes du Programme de développement des filières (VCDP), Nigéria

Ce qui suscite l’enthousiasme de mes membres, ce sont les nouvelles technologies. Celles-ci encouragent les jeunes et les femmes à se lancer dans l’agriculture et à la considérer comme une entreprise commerciale qui leur permet de gagner leur vie. Les femmes, en particulier, ont du mal à accéder aux financements et ne se sentent pas habilitées à travailler en réseau. Nous voulons leur prouver qu’elles peuvent les utiliser pour s’en voir confier davantage.

Tous les agriculteurs sont préoccupés par les changements climatiques, que ce soit à cause des sécheresses ou des inondations. Et cela affecte réellement la production.

Ce dont nous avons réellement besoin dans l’immédiat, ce sont des formations, en particulier pour les jeunes, pour leur donner la confiance dont ils ont besoin pour se lancer dans l’agriculture. Nous devons également renforcer les filières, qui créent à leur tour des emplois et améliorent les revenus.

« Nous avons prouvé que les élevages familiaux pouvaient être durables » — Fernando López, Instance de coordination des producteurs familiaux dans le MERCOSUR élargi (COPROFAM), Uruguay

En Uruguay, les petits exploitants ont besoin de trois choses pour continuer à produire des denrées alimentaires: des politiques publiques ciblées, un appui à la lutte contre les changements climatiques, et le développement rural.

Au cours des trois dernières années, l’Uruguay a été durement touché par les sécheresses. Des récoltes plus limitées, des coûts plus élevés et des problèmes d’accès à l’eau ont fait baisser les revenus. Et avec l’évolution rapide du climat, et la fréquence accrue des phénomènes météorologiques extrêmes, les producteurs et productrices sont confrontés à des risques plus élevés.

Notre organisation a travaillé avec de nombreuses fermes d’élevage de petite échelle sur les pratiques de gestion, et une chose est apparue clairement: il est possible d’améliorer les revenus tout en protégeant l’environnement naturel. Nous avons prouvé que les élevages familiaux pouvaient être durables.

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Ces entretiens ont été adaptés pour des raisons de longueur et de clarté. Toutes les photos © FIDA/Cristian Gennari.