Cinq décennies de transformations rurales. Les grandes victoires du FIDA

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Cinq décennies de transformations rurales. Les grandes victoires du FIDA

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© G.M.B Akash

Les années 1970 ont été ont été une décennie de grandes turbulences. Partout dans le monde, des pénuries alimentaires provoquèrent une grande famine, des problèmes de malnutrition et un nombre incalculable de décès. Aucun doute: la planète avait besoin de solutions à long terme pour lutter contre les problèmes structurels relatifs à la pauvreté et à la production alimentaire.

Le FIDA a été fondé en 1977 pour répondre à différents besoins. Depuis, il a permis à des millions d’habitants des zones rurales de surmonter ces difficultés, de se sortir de la pauvreté et de bâtir un avenir meilleur pour leurs communautés.

Nous revenons sur certaines des plus grandes victoires du FIDA.

Années 1980. À petits investissements, gros bénéfices

Bangladesh, 1987, un couple reçoit un prêt pour améliorer son entreprise de transformation d’huile © FIDA/Anwar Hossain 

La microfinance est aujourd’hui un terme à la mode. Mais dans les années 1980, le FIDA était l’une des premières institutions internationales à investir dans cette idée simple mais révolutionnaire pilotée par la Grameen Bank. En ayant ainsi accès à des prêts de faible montant, les populations les plus pauvres ont pu échapper à la pauvreté.

Entre 1981 et 1995, le FIDA a fourni des capitaux à la Grameen Bank au Bangladesh, contribuant ainsi à donner aux régions isolées les moyens financiers dont elles avaient tant besoin et couvrant, à terme, le pays tout entier. La banque a obtenu le prix Nobel de la paix en 2006.

Années 1980–1990. Insectes, qui tue qui?

Au Ghana, en 2002, des hommes préparent le manioc pour fabriquer du foufou, un plat typique d’Afrique de l’Ouest. © FIDA/Pascal Maitre

Dans les années 1970, la cochenille détruisait des champs entiers de manioc en Afrique, menaçant ainsi la sécurité alimentaire et les moyens d’existence des populations rurales les plus pauvres du continent.

Des recherches financées par le FIDA et menées en collaboration avec l’Institut international d’agriculture tropicale ont trouvé une solution simple, naturelle et rentable comme alternative aux pesticides coûteux et potentiellement dangereux: une minuscule guêpe paraguayenne, agissant comme un prédateur naturel de la cochenille.

La lutte biologique contre les ravageurs a ainsi prouvé son efficacité. Dès 1994, les agriculteurs avaient récolté 4,5 milliards d’USD de bénéfices grâce à un investissement de 27 millions d’USD dans les mesures de contrôle. Et un nombre incalculable de personnes ont pu être protégées de la faim.

En 1988, une autre menace à la sécurité alimentaire en Afrique apparut. Un cargo de bétail importé avait introduit en Libye la redoutable lucilie bouchère. La larve de cet insecte creuse des sillons dans la chair des animaux, conduisant souvent à leur mort. Ce parasite risquait de détruire des cheptels entiers tout autour de la Méditerranée et d’infecter l’extraordinaire faune sauvage du continent africain.

Le FIDA a aidé à concevoir et financer un programme biologique dirigé par la FAO, dans le cadre duquel des millions de mâles traités par radiation ont été largués par avion pour se reproduire avec des femelles sauvages, dans le but d’empêcher les œufs d’éclore et de faire disparaître toute la population. Dès 1992, la lucilie bouchère avait été éradiquée d’Afrique du Nord.

Années 2000. Rien ne se perd, tout se transforme

Les populations rurales se retrouvent souvent confrontées à une double contrainte énergétique, les combustibles étant à la fois coûteux et polluants.

Jusqu’au début des années 2000, la population rurale du Guangxi Zhuang, dans le sud de la Chine, brûlait du bois de chauffage et du charbon pour cuisiner, dénudant ainsi les collines verdoyantes avoisinantes et forçant les femmes à passer une grande partie de leurs journées à collecter des combustibles et à cuisiner sur des feux toxiques. Puis, en 2002, un projet révolutionnaire du FIDA a changé la donne.

Le Projet intégré de développement agricole du Guangxi a aidé 30 000 ménages ruraux à utiliser des digesteurs de biogaz, c’est-à-dire des réservoirs servant à transformer les déjections animales en gaz naturel propre. Si la combustion de biogaz produit elle aussi du dioxyde de carbone, celui-ci est beaucoup moins puissant que le méthane émis par les déjections animales qui se décomposent naturellement. De plus, les déchets de la production de ce gaz offrent un engrais de grande qualité.

Les réussites de ce projet ont entraîné une réaction en chaîne. À la fin des années 2000, 2,73 millions de réservoirs de biogaz avaient été construits, distribués à un tiers des ménages ruraux du Guangxi.

En 2012, le FIDA a importé l’idée en Afrique, où des digesteurs de biogaz de type Flexi Biogas ont été testés au Kenya et au Rwanda comme systèmes portables bon marché, conçus pour répondre aux besoins locaux.

Années 2000–2010. Des solutions simples à des problèmes complexes

A woman in Guatemala sets up a drip-irrigation system. © IFAD/Santiago Albert Pons

Penser petit permet parfois d’obtenir de grands résultats. L’irrigation au goutte-à-goutte donne juste le volume d’eau suffisant à chaque plante et peut sauver la vie des agriculteurs des zones arides. Mais les coûts d’installation sont souvent prohibitifs.

Le Projet d’application à plus grande échelle des systèmes de micro-irrigation, appuyé par le FIDA, a rendu les équipements d’irrigation abordables et accessibles au Guatemala, en Inde et à Madagascar, en créant des chaînes d’approvisionnement locales, grâce à des solutions improbables.

Par exemple, à Madagascar, les personnes sans domicile fixe ont ramassé des tongs usées transformées ensuite en des pièces essentielles des pompes à eau. Cela leur a rapporté un revenu, mais a également bénéficié aux agriculteurs, qui ont obtenu des équipements d’irrigation efficaces et bon marché. Plus de 30 000 agriculteurs de ces trois pays ont pu bénéficier d’une meilleure sécurité alimentaire et économiser de l’eau.

Années 2010. Le secteur privé prend sa part

En Indonésie, les producteurs de cacao ont appris de nouvelles méthodes pour prendre soin de leurs arbres. © FIDA/Roger Arnold 

Dans les années 2010, deux des entreprises alimentaires les plus célèbres du monde, Heinz et Mars, ont rejoint la lutte contre la pauvreté rurale et l’insécurité alimentaire.

En Égypte, le gouvernement a mis en œuvre un programme visant à résoudre deux problèmes à la fois: produire plus d’aliments en récupérant des terres désertiques pour le secteur agricole, tout en fournissant aux jeunes diplômés des terres et un emploi. Mais le verdissement du désert s’est avéré être la partie la plus facile: le véritable défi fut en définitive de pouvoir toucher les consommateurs des aliments produits sur ces terres. 

Le Projet de développement rural dans la région de Noubaria Ouest, appuyé par le FIDA, a négocié des accords dans le cadre desquels les agriculteurs devaient fournir leurs produits à 56 entreprises privées. Parmi elles, Heinz, qui prévoyait de distribuer en retour des semences de qualité aux agriculteurs et d’acheter, au moment de la récolte, 6 000 tonnes de tomates destinées à la production de son ketchup bien connu.

En Indonésie, le projet READ du FIDA a négocié un accord entre Mars Incorporated et le gouvernement, tout en aidant à apaiser les inquiétudes de ce dernier concernant l’exploitation éventuelle des agriculteurs par une entreprise privée et les craintes du secteur privé concernant l’inefficacité de l’administration publique.

En vertu de cet accord, les producteurs de cacao ont appris de nouvelles méthodes pour s’occuper de leurs arbres et produire du cacao de meilleure qualité et en plus grandes quantités, doublant ainsi leur rendement. En 2017, Mars et le FIDA ont étendu leur collaboration fructueuse à d’autres pays.

Années 2020. Pérennisons nos progrès

Les réussites du FIDA découlent de son engagement en faveur de l’innovation et de sa prise en compte des besoins des populations rurales.

Aujourd’hui, des programmes comme ASAP+ exploitent des dizaines d’années de connaissances et d’expertise mondiale accumulées pour aider les agriculteurs et les agricultrices les plus pauvres à s’adapter aux changements climatiques et à renforcer leur résilience.

Dans cette décennie marquée par les crises multiples, nous demandons à nos partenaires de continuer à contribuer à l’ambition du FIDA et à investir dans les petits exploitants, pour que les communautés rurales du monde entier puissent continuer à prospérer pendant les décennies qui sont devant nous.