Il y a urgence à transformer les systèmes alimentaires et à traiter l’urgence comme telle

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Il y a urgence à transformer les systèmes alimentaires – et à traiter l’urgence comme telle

À deux ans du premier Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, où en sommes-nous de l’entreprise de transformation des systèmes alimentaires mondiaux?

Temps de lecture estimé: 5 minutes
© FIDA/Santiago Albert Pons

Demandez à n'importe qui ce que sont les « changements climatiques » et vous obtiendrez une réponse. Mais posez la même question sur les « systèmes alimentaires » et votre interlocuteur sera sans doute moins disert.

Alors que les dirigeants mondiaux et les principales parties prenantes se réunissent à Rome pour faire le point sur les progrès accomplis depuis le premier Sommet sur les systèmes alimentaires en 2021, arrêtons-nous un instant sur la question et voyons les progrès de cette prise de conscience.

De quoi parle-t-on?

Les systèmes alimentaires, ce sont toutes les activités nécessaires à la production, à la transformation, au transport et à la consommation des aliments. © FIDA/ Imam Ibrahim Albumey

 

Tout d’abord, que sont les systèmes alimentaires? Pour le dire simplement, il s'agit de toutes les activités nécessaires à la production, à la transformation, au transport et à la consommation des aliments – des champs jusque dans notre assiette. Pour aider à mieux comprendre l'urgence de transformer les systèmes alimentaires, commençons par en parler le plus clairement possible.

Ensuite, pourquoi les systèmes alimentaires doivent-ils être transformés? Les systèmes alimentaires actuels ont été mis en place pour nourrir une population mondiale de 3 milliards de personnes. Or à l’allure actuelle, la planète devrait compter 10 milliards d'habitants d'ici 2050. Ces systèmes alimentaires ne sont donc plus adaptés, malgré toutes les innovations et les hausses de productivité.

En outre, les systèmes alimentaires produisent jusqu’à un tiers des émissions de gaz à effet de serre et contribuent jusqu’à 80% au recul de la biodiversité.

La faim persiste

Les dernières recherches montrent qu'environ 735 millions de personnes souffrent encore de la faim. Ces personnes se trouvent pour la plupart dans les régions les plus vulnérables du monde. En Afrique, par exemple, une personne sur cinq souffre de la faim, soit plus du double de la moyenne mondiale.

Pour relever ce défi, il faut agir à l’échelle mondiale et en concertation. Mais l'intérêt mondial pour cette question n’est pas encore à la hauteur du nombre dramatique de celles et ceux qui ont faim.

Le changement est possible...

Transformer les systèmes alimentaires peut sembler une tâche insurmontable, surtout dans le contexte actuel de crise permanente. Elle est pourtant à notre portée. Selon les estimations, il faudrait 1 300 milliards d’USD d'investissements chaque année pour garantir la survie et la prospérité des systèmes alimentaires dans le contexte des changements climatiques.

Aussi élevé que ce montant puisse paraître, il ne représente en fait que 1% du PIB mondial. Mais surtout, il faut le rapprocher des près de 20 000 milliards d'USD chaque année que le monde gaspille à cause des dysfonctionnements de nos systèmes alimentaires et de leurs coûts environnementaux, sociaux et économiques.

Dans ces conditions, investir dans les systèmes alimentaires et financer les changements structurels n'est pas seulement bon pour la planète et ses habitants, c'est une question de bon sens économique.

...et il est déjà à l’œuvre

Nous travaillons à transformer les systèmes alimentaires partout dans le monde. ©FIDA/ Didor Sadulloev

 

Au FIDA, nous sommes déjà activement au travail pour transformer les systèmes alimentaires.

Au Libéria, nous travaillons avec le gouvernement et d'autres organismes des Nations Unies ayant leur siège à Rome sur une stratégie nationale de gestion de la production après récolte réduisant les pertes de nourriture.

En Éthiopie, nous soutenons des initiatives climato-compatibles locales permettant un accès équitable et durable aux ressources naturelles et une augmentation de la production.

Notre nouvelle stratégie pour l'Ouzbékistan s'appuie sur une approche par les systèmes alimentaires, couvrant un spectre allant de l'adoption de normes sanitaires adéquates pour la production laitière à l'utilisation de la technologie numérique pour promouvoir des régimes alimentaires sains et nutritifs. 

Par ailleurs, deux nouveaux accords conclus avec l'Union européenne favoriseront la production durable d'aliments nutritifs et cultivés localement, tout en renforçant la résilience des petits exploitants face aux changements climatiques, en Afrique, dans les Caraïbes et dans le Pacifique.

Financer de meilleurs systèmes alimentaires

Investir davantage ne produit pas mécaniquement de meilleurs systèmes alimentaires. En tant que communauté internationale, il nous faut apporter des changements structurels au financement des systèmes alimentaires. Les États, les bailleurs de fonds, les entreprises du secteur alimentaire et les autres parties prenantes doivent travailler ensemble pour mettre en place un programme de financement de la transformation des systèmes alimentaires.

Cela veut dire investir intelligemment dans des solutions qui se sont avérées saines et durables, tout en veillant à soutenir et protéger comme il se doit celles et ceux qui produisent des aliments nutritifs pour la planète.

En tant que co-responsables du programme de financement de la transformation des systèmes alimentaires, le FIDA et la Banque mondiale sont en charge de toutes les sessions du sommet relatives au financement de la transformation des systèmes alimentaires. Ensemble, nous encourageons l'utilisation de données relatives aux flux financiers destinés à la transformation des systèmes alimentaires afin d'aider les décideurs à faire des choix judicieux.

Le bon moment, c'était déjà hier

La multiplication des crises auxquelles nous sommes confrontés aujourd'hui est un signal d'alarme. Dans un monde interconnecté, les pays doivent cesser de se replier sur eux-mêmes et s'engager dans une action concertée pour transformer les systèmes alimentaires.

S'appuyant sur des faits et des chiffres, ce sommet mettra en évidence les changements déjà intervenus ainsi que la nécessité urgente d'accélérer le rythme de la transformation et les défis à relever pour y parvenir. Il s'agit de rappeler au monde que la transformation des systèmes alimentaires n'est pas une vague lubie, mais un objectif tout à fait tangible.

Nous avons trop longtemps manqué d’ambition. L'alarme sonne depuis des années. Il est temps de passer à l’action. Maintenant.