L'Afrique du Nord sonnée face aux épreuves. De terribles événements qui risquent de ne devenir que trop familiers faute d’investir dans la résilience

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L'Afrique du Nord sonnée face aux épreuves. De terribles événements qui risquent de ne devenir que trop familiers faute d’investir dans la résilience

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© OMS

Je travaille depuis plus de 25 ans dans le domaine du développement dans la région Proche-Orient, Afrique du Nord, Europe et Asie centrale. J'ai connu des conflits, des catastrophes, j'ai vu des régimes s'effondrer. Pourtant, j'ai du mal à imaginer une période plus tragique pour l'Afrique du Nord que la semaine qui vient de s’écouler.

Tout le week-end, j'ai été en contact avec des collègues sur le terrain au Maroc pour comprendre s'ils étaient en sécurité après le tremblement de terre dévastateur qui, notamment en zones rurales, a anéanti des communautés entières.

Toute l’étendue des conséquences du séisme reste encore à mesurer au moment où l‘on rouvre les routes et où l'aide arrive lentement. Les espoirs de retrouver des survivants sont minces tandis que, pour les rescapés, de nouvelles difficultés s’accumulent, qui vont de trouver un endroit sûr où dormir à s’assurer à nouveau des moyens d’existence après que les décombres ont été déblayés.

Les projets du FIDA, comme le Projet de développement rural des montagnes de l'Atlas, ont été touchés et nous sommes prêts à accompagner les populations rurales du Maroc qui vont devoir se relever et reconstruire leur vie.

Le séisme nous a donc rappelé à quel point les avancées peuvent être fragiles. Quelques jours plus tard, un autre rappel funeste de cette vérité inconfortable nous est arrivé, lorsqu'une inondation aux proportions inouïes a frappé l'est de la Libye, faisant des milliers de morts et des milliers de disparus.

Sources: Maxar Open Data Programme; carte satellite ©Google

Le monde entier a suivi presque en direct l'évolution de cette situation effrayante, au fur et à mesure que les informations révélaient l'ampleur de la catastrophe. La Libye, pays habituellement victime de la sécheresse, était inondée par la tempête Daniel, qui a provoqué des crues massives après la rupture de deux barrages.

L'aide humanitaire est en cours d'acheminement, mais cela nous rappelle une fois de plus que ce sont les populations déjà vulnérables qui sont le plus durement touchées par la crise climatique. Comme les survivants au Maroc, les Libyens ordinaires doivent maintenant accomplir la tâche pratiquement impossible de reconstruire leur vie.

Le monde entier se mobilise pour envoyer de l'aide, mais je ne peux m’ôter de l’idée que c'est trop peu et que c’est trop tard. Sans compter que nous risquons de voir les mêmes scènes dévastatrices se reproduire encore et encore.

Oui, les populations vulnérables ont besoin de l'aide humanitaire après une catastrophe. Mais ce à quoi elles aspirent vraiment, c'est de pouvoir faire face à ces catastrophes, sans avoir besoin d'aide extérieure.

Il est grand temps que le monde investisse dans une résilience durable et à long terme, à l’initiative des personnes les plus touchées par toutes les difficultés auxquelles le monde doit faire face. Ne pas le faire c’est accepter une perspective vraiment terrifiante que, cette semaine, les images du Maroc et de la Libye nous ont mis sous les yeux.