Laos : bien se nourrir pour vivre en bonne santé

En République démocratique populaire lao, dans certaines zones du nord, le manque de diversité alimentaire est un problème majeur. Nombreuses sont les familles rurales où l’on ne consomme régulièrement que quatre des dix principaux groupes d’aliments, le riz constituant souvent la majeure partie du repas. Alors qu’elles consomment elles-mêmes des légumes-feuilles locaux, les mères les utilisent rarement pour nourrir leurs jeunes enfants, ce qui conduit à des taux de retard de croissance élevés et à des carences en micronutriments.

Face à ce constat, le FIDA finance le Projet Agriculture for Nutrition (Agriculture pour la nutrition), qui vise à lutter contre la malnutrition et la pauvreté rurale par une éducation et une formation agricole axées sur la diversification des produits et le renforcement de l’intégration aux marchés.

Les résultats obtenus parlent d’eux-mêmes. Entre 2016 et 2022, les effets du projet ont été les suivants : sécurité alimentaire améliorée pour plus de 31 000 ménages, alimentation plus diversifiée pour près de 35 000 femmes et revenus augmentés d’un tiers pour 20 000 ménages.

Formation à la nutrition

Pour lutter contre le retard de croissance dont souffraient trois enfants de moins de 5 ans sur cinq, une ferme-école pour la nutrition a été créée dans le cadre du projet Agriculture pour la nutrition; elle a permis de former des femmes à la nutrition, à la planification familiale et à l’agriculture.

Les femmes enceintes ayant suivi une formation dans cette école se sont vu allouer une bourse Green Garden, ou « jardin vert ». Elles ont ainsi pu se lancer dans l’exploitation de jardins potagers et l’élevage de petits animaux; à la clé, une diversification de leur alimentation et un complément de revenus issu de la vente des produits restants.

Dans de nombreux ménages au nord du Laos, le régime alimentaire est fondé sur le riz; c’était le cas pour Si Phut avant que la formation qu’elle a suivie à la ferme-école ne lui donne droit à l’une de ces bourses, qui lui a permis d’investir pour la toute première fois dans une exploitation. Elle a ainsi acheté sept poules, des aliments pour les nourrir et des semences pour cultiver un potager familial. Sa petite entreprise d’élevage de poules et de production d’œufs a rencontré un tel succès qu’elle a pu non seulement réinvestir ses gains dans l’achat de canards, mais également entreprendre la construction d’une nouvelle maison avec son époux.

Si Phut a désormais les connaissances requises en matière de nutrition pour améliorer le régime alimentaire de sa famille.

« Avant de participer au programme de formation de la ferme-école pour la nutrition, je ne savais pas qu’il était important de consommer des légumes et d’avoir une alimentation diversifiée. Certains jours, je ne mangeais que du riz », raconte la jeune femme, mère d’un enfant. « Mon fils grandit bien, il est fort et en bonne santé, il n’est jamais malade. »

Tirer les leçons du passé et regarder vers l’avenir

Dans le village lao de Kou Mai, Mesa a saisi l’importance d’un régime alimentaire diversifié. « J’ai assisté à des ateliers de cuisine et j’ai appris à reconnaître les signes de la malnutrition infantile », raconte cette mère de deux enfants.

« Le projet Agriculture pour la nutrition nous a appris à nous laver les mains avant de manger ou de cuisiner et à faire bouillir l’eau avant de la boire », ajoute-t-elle.

La réussite du projet est telle qu’une deuxième phase a été annoncée en 2022. Pour l’équipe chargée de l’exécution, il s’agira d’étendre la portée du projet en ciblant un groupe de femmes plus diversifié et en appuyant la création d’infrastructures résistantes aux changements climatiques, tout en adoptant une approche visant à transformer les rapports femmes-hommes dans le cadre de toutes les composantes du projet.

Date de publication: 24 octobre 2023