Les trois types de biodiversité: tout comprendre

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Les trois types de biodiversité: tout comprendre

Temps de lecture estimé: 6 minutes
©FIDA/Giancarlo Shibayama/Factstory

Fermez les yeux et pensez « biodiversité ». Quelle image vous vient à l’esprit?

Si c’est un cortège bariolé d’animaux de toutes tailles, rien de plus normal. Mais la variété de la faune sauvage n’est qu’une toute petite partie de ce que ce terme recouvre et cela occulte le rôle absolument crucial de la biodiversité dans les systèmes alimentaires de notre planète.

De fait, on recense trois grands types de biodiversité: la diversité génétique, la diversité des espèces et la diversité des écosystèmes. Découvrons ensemble comment chacune d’elle permet à l’agriculture d’être productive, nutritive et résiliente, et allons à la rencontre des ruraux qui ne ménagent pas leurs efforts pour les préserver.

La diversité génétique

Chaque personne, plante ou animal est le résultat d’une combinaison unique de gènes. La variété des gènes au sein d’une population ou d’une espèce est appelée « diversité génétique » et c’est cette diversité qui est le creuset de l’agriculture moderne.

Grâce à la diversité génétique, des générations de producteurs ont pu faire de plantes sauvages des cultures productives en sélectionnant et renforçant les caractéristiques nous permettant de nous nourrir, tout en les adaptant à des conditions environnementales changeantes.

Mais en raison de la demande pour des variétés à faible coût et à rendement élevé, la diversité génétique a diminué de 75% sur les exploitations agricoles au cours du siècle dernier. Par conséquent, notre système alimentaire tout entier est exposé aux maladies et aux pertes de récoltes, et plus nous oublions les variétés locales, moins les producteurs ont de solutions pour s’adapter.

Prenez les bananes: il existe plus de 1 000 variétés connues mais nous dépendons essentiellement d'une seule. Les bananes Cavendish sont cultivées dans le cadre de vastes monocultures génétiquement identiques et les agents pathogènes, comme la maladie de Panama, sont  une menace non seulement pour les bananes mais aussi pour les moyens d’existence de millions de personnes qui dépendent de cette culture.

La diversité génétique est sans conteste essentielle à la durabilité des systèmes alimentaires. Alors, que faire pour la protéger?

Soutenues par le FIDA, les gardiennes des semences montrent l’exemple au Brésil. Ces femmes rurales conservent des centaines de variétés de plantes dans des banques de semences, notamment les ancêtres sauvages des plantes cultivées aujourd'hui. Ces banques visent à protéger la diversité génétique pour les générations futures et à faire en sorte que ces dernières disposent des outils dont elles auront besoin pour s’adapter à un monde en évolution.

La diversité des espèces

La diversité des espèces se mesure au nombre d’espèces différentes dans un territoire donné. Par exemple, une forêt tropicale, humide et verdoyante jouit d’une bien plus grande diversité d’espèces qu’un désert de sable, où seule une poignée d’espèces peuvent survivre.

Ce type de biodiversité est indispensable au fonctionnement de nombre de systèmes naturels dont dépend l’agriculture, comme la pollinisation, la rétention de l’eau ou le cycle des nutriments. Les habitats où l’on recense un grand nombre d’espèces ont une meilleure capacité d’adaptation et peuvent être plus productifs que les autres. Par exemple, ils sont parfois plus résistants face à l’érosion et ont des saisons de croissance plus longues.

Mais la diversité des espèces est si gravement menacée que de nombreux experts estiment que nous sommes à l’aube d’une nouvelle extinction de masse des espèces, la première depuis que les dinosaures ont disparu de la surface de la terre il y a 65 millions d’années. Des dizaines de milliers d’espèces sont menacées d’extinction, dont une espèce d’oiseau sur huit, une espèce de mammifère sur quatre et plus d’un tiers des coraux formant les récifs.

Si cette tendance se poursuit, non seulement nos systèmes alimentaires seront moins productifs mais certains pourraient tout bonnement disparaître. En effet, la reproduction de près des trois quarts des espèces de plantes dépend, du moins en partie, de pollinisateurs menacés comme les abeilles.

Partout dans le monde, de petits producteurs et productrices agricoles font en sorte que l’agriculture fasse partie de la solution. Sur le littoral sénégalais, grâce à l’appui du FIDA, des communautés restaurent les forêts de mangroves qui abritent de nombreuses espèces, et y pratiquent l’apiculture aussi bien que l’ostréiculture, et protègent ainsi la diversité des espèces, tout en soutenant les moyens d’existence locaux.

Maria Ndong, productrice agricole sur le littoral sénégalais, se prépare aux activités de reboisement. ©FIDA/Ibrahima Kebe Diallo

La diversité des écosystèmes

Cela nous amène à la diversité des écosystèmes, c’est à dire le nombre d’habitats et d’écosystèmes dans une zone donnée. Des forêts tropicales aux steppes, des déserts aux mangroves marécageuses, les paysages de notre planète sont incroyablement variés.

C’est cette grande variété d’habitats qui garantit la diversité des espèces et la diversité génétique, tout en assurant des services écosystémiques qui bénéficient à toute la planète. Par exemple, les tourbières filtrent l’eau et absorbent de grandes quantités de carbone présent dans l’air, préservant la qualité de l’eau et atténuant les émissions.

Mais les conditions météorologiques changent et les écosystèmes et leur diversité sont en danger. Et malheureusement, en rasant parfois de vastes étendues de forêts pour faire place aux cultures et à l’élevage, l’agriculture vient trop souvent aggraver cette menace.

À l’inverse, beaucoup de producteurs et productrices autochtones pratiquent une agriculture qui protège les écosystèmes, depuis des générations. Près de 80% de la biodiversité de notre planète se trouve sur les terres des peuples autochtones, où, dans de nombreux cas, le taux de déforestation est moindre, et même inférieur à celui des parcs nationaux.

D’autres petits producteurs et productrices agricoles commencent à leur emboîter le pas. Dans le centre du Kenya, une communauté rurale a réhabilité 1 543 hectares de forêt dégradés avec l’aide du FIDA. L’écosystème a retrouvé sa capacité de retenir l’eau et l’humidité, et d’alimenter le système fluvial dont l’agriculture locale dépend.

Ils sont la preuve que donner aux populations rurales les moyens de mieux gérer leurs ressources naturelles et les y encourager est la clé pour protéger la diversité des écosystèmes – et assurer la durabilité des systèmes alimentaires.

Francis Njoroge, l’un des petits producteurs agricoles qui participent au reboisement près du Mont Kenya. ©FIDA/Translieu/Samuel Nyaberi

La diversité génétique, la diversité des espèces et la diversité des écosystèmes sont aussi importantes l’une que l’autre et constituent des éléments interdépendants d’un système global. Ensemble, elles sont la base de systèmes alimentaires durables et résilients face aux changements climatiques.

Les protéger nous permettra non seulement de nourrir la planète et de nous adapter aux changements climatiques, mais de le faire en assurant la bonne santé de tous . La biodiversité locale participe de régimes alimentaires nutritifs en garantissant l’accès à un ensemble varié de sources alimentaires et en palliant les carences en micronutriments qui sont dangereuses pour l’organisme.

C’est la raison pour laquelle la préservation et la gestion durable de la biodiversité sont au cœur de l’action du FIDA. Quand les populations rurales gagnent mieux leur vie tout en protégeant la biodiversité, c’est le monde tout entier qui en bénéficie.