Investir dans un avenir meilleur: Asie et Pacifique

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Investir dans un avenir meilleur: Asie et Pacifique

Temps de lecture estimé: 6 minutes
© Dhiraj Singh/FIDA

L’Asie et Pacifique est une région de contrastes vertigineux aux dimensions considérables. Elle abrite à la fois les plus hauts sommets du monde et des îles de très faible altitude, victimes de l’élévation du niveau de la mer.

Alors que le FIDA appelle à investir dans les populations rurales, nous nous sommes entretenus avec la Directrice régionale du FIDA pour l’Asie et le Pacifique, Reehana Rifat Raza, pour en savoir plus sur les difficultés que rencontrent les populations rurales de cette région dynamique et comprendre comment les investissements peuvent faire toute la différence pour leur avenir.

Quelles sont les principales difficultés dans la région?

Les changements climatiques affectent la région chaque année un peu plus. En 2022, les inondations qui ont sévi au Pakistan ont touché 33 millions de personnes. C’est presque deux fois la population des Pays-Bas.

En parallèle, les pénuries d’eau portent préjudice au secteur agricole de toute l’Asie du Sud. La disponibilité de l’eau dans le bassin de l’Indus a chuté de 79%. L’eau de mer s’infiltre dans les cultures au Viet Nam et la disparition des récifs coralliens a divisé par dix le nombre de captures de poisson aux Philippines.

Malgré les progrès économiques, 155,2 millions de personnes dans la région vivent encore dans l’extrême pauvreté. Les bailleurs de fonds privilégient aujourd’hui les pays à faible revenu par rapport aux pays à revenu intermédiaire, y compris de la tranche inférieure, si bien que de nombreuses personnes risquent de passer à travers les mailles du filet. 

Les États de la région réclament une justice climatique, dans le cadre de laquelle les pays les plus riches, qui ont aussi le plus de responsabilités dans les changements climatiques, respectent leur engagement à fournir chaque année 100 milliards d’USD sous forme de financements climatiques. Ces promesses n’ont pas encore été tenues à l’heure actuelle. Qui plus est, seule une toute petite part des financements de l’action climatique est affectée aux petits producteurs et productrices.

Enfin, dans la situation financière mondiale actuelle, l’inflation demeure élevée. De nombreux pays sont confrontés à une forte charge de la dette publique et ne bénéficient que d’une marge de manœuvre budgétaire limitée pour emprunter. Tout ceci justifie davantage d’nvestissements dans les institutions multilatérales comme le FIDA, ainsi que la mise en place d’instruments financiers permettant aux pays à revenu intermédiaire de continuer à emprunter à bas coût pour financer l’adaptation climatique et le développement rural.

Un membre de la Société de commercialisation du poisson sèche du poisson sur le marché de Pazhaverkadu, en Inde. © Dhiraj Singh/FIDA

 

Quelle différence le FIDA a-t-il fait dans la région?

Le FIDA est présent dans la région Asie et Pacifique depuis ses débuts. De fait, notre tout premier prêt a été accordé à Sri Lanka. Nous investissons actuellement 2,6 milliards d’USD dans le cadre de 49 programmes mis en œuvre dans 20 pays. Pour les endroits les plus difficiles d’accès, qui sont aussi ceux qui ont le plus besoin d’aide, le FIDA est souvent la seule source d’aide financière ou d’expertise.

Notre partenariat étroit avec la Chine a contribué à faire reculer de façon remarquable la pauvreté extrême en zones rurales.

Aux Fidji, l’aide du FIDA a permis à 3 200 agriculteurs et agricultrices d’améliorer leurs revenus après la pandémie, grâce à la diversification des cultures, des intrants agricoles de qualité, la transformation alimentaire et un accès à de nouveaux marchés.

Au Népal, plus de 21 000 hectares de terres sont désormais gérés par des communautés qui assurent la conservation de leurs forêts et bassins versants grâce à des cartes SIG (systèmes d’information géographique). Elles se protègent ainsi contre des glissements de terrain catastrophiques, mais ont aussi augmenté d’un tiers leurs rendements.

Dans l’est de l’Inde, les crèches et garderies alimentées par l’énergie solaire représentent pour les parents un endroit sûr où laisser leurs enfants pendant qu’ils travaillent. Les enfants bénéficient par ailleurs de repas sains et nutritifs. C’est là que je rencontre Rita Majhi, qui envoie ses jumeaux à la crèche pendant qu’elle travaille ses terres, et qui a appris à bien les nourrir grâce au personnel de la structure.

La crèche financée par le programme OPELIP à Odisha, en Inde, joue également le rôle de centre de nutrition et offre des services de planification alimentaire, ainsi que des campagnes de vaccination et bilans de santé réguliers. © Subham Paridha/FIDA

 

Quelles opportunités pourrait-on mieux exploiter dans la région grâce à plus d’investissements?

Cette région abrite plus de la moitié de la population mondiale, dont plus de 50% vivent en zone rurale. Par conséquent, la seule limite aux opportunités, c’est notre imagination.

Bon nombre d’États dans la région peuvent investir des ressources de manière innovante. Par exemple, avec 62% de pénétration mobile dans la région, les technologies numériques pourraient améliorer les services de vulgarisation, relier les agriculteurs aux marchés ou leur fournir des informations climatiques en temps opportun. Cela existe déjà de manière ponctuelle, mais il faudrait le reproduire à plus grande échelle de manière inclusive, au risque sinon que les femmes soient laissées davantage de côté.

L’économie bleue représente une autre grande opportunité inexploitée. La région est entourée par l’océan Indien et l’océan Pacifique. La gestion durable de ces gigantesques ressources pourrait favoriser le développement dans de nombreux secteurs, de la production d’énergie renouvelable à la pêche et au transport soucieux du climat, en passant par la promotion de l’écotourisme.

La coopération régionale peut aider à résoudre des difficultés transfrontalières croissantes, tels que les manques d’infrastructure, la connectivité des échanges et la résilience face aux changements climatiques. Il a été prouvé que l’action collective visant à instaurer des biens publics régionaux est plus bénéfique que les interventions nationales isolées face des problèmes touchant aussi les pays voisins.

Par exemple, le FIDA travaille avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est pour lutter contre les facteurs de dégradation des terres, les incendies et les brumes sèches transfrontalières en Indonésie, Malaisie, Philippines et Viet Nam.

Quel message souhaitez-vous faire passer à celles et ceux qui décident du montant des contributions au FIDA?

Mon message est simple: il faut nous adapter aux changements climatiques. Nous devons défendre les plus pauvres d’entre les pauvres, qui sont touchés de manière disproportionnée et qui n’ont pas suffisamment voix au chapitre.