Cinq solutions du FIDA pour alléger la charge de l’élevage sur le climat

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Cinq solutions du FIDA pour alléger la charge de l’élevage sur le climat

Temps de lecture estimé: 6 minutes
© FIDA/ Didor Sadulloev

À l’heure où notre planète se réchauffe, l’élevage est souvent pointé du doigt comme le grand responsable. Certes, la filière contribue à hauteur de 14,5% aux émissions de gaz à effet de serre mondiales mais arrêter d’élever du bétail n’est pas pour autant la solution. L’approche doit être bien plus nuancée.

Un nombre incalculable de personnes dans les zones rurales dépendent de leurs animaux pour avoir un revenu, se nourrir et maintenir leur mode de vie traditionnel.

Les petits éleveurs peuvent émettre moins de gaz à effet de serre que les grands et s’inscrivent souvent dans une mosaïque de pratiques agricoles qui préservent les terres, l’eau et la biodiversité. Grâce à des méthodes comme l’agriculture circulaire et l’agroforesterie, ils utilisent les ressources plus efficacement.

Ainsi, le bétail n’est pas toujours le problème. Aider les petits producteurs et productrices agricoles à verdir encore davantage leur activité permet de renforcer les systèmes alimentaires et de protéger leurs moyens d’existence, sans faire de mal à la planète.

1. Des animaux heureux et en bonne santé produisent plus

En Bolivie, des éleveurs croisent les races de lamas pour produire de la viande et de la laine de meilleure qualité. © FIDA/ Cristóbal Corral 

Des animaux en bonne santé et adaptés aux conditions locales produisent du lait, de la viande, des œufs et de la laine de meilleure qualité et en plus grande quantité. Ainsi, les éleveurs et éleveuses peuvent se permettre d’avoir des troupeaux moins nombreux, réduisant d’autant les répercussions globales du bétail sur l’environnement.

Le FIDA les aide à élever des animaux plus productifs, capables de s’adapter aux conditions de terrain. En Bolivie, des éleveurs et éleveuses de lamas ont croisé des races autochtones avec des races plus performantes afin de produire davantage de viande et de laine et d’accroître leurs revenus.

Grâce à un meilleur accès aux services vétérinaires et à la vaccination, les animaux sont en bonne santé et ont un meilleur rendement. Au Kirghizistan, par exemple, des vétérinaires à moto se rendent dans des zones rurales reculées pour y proposer leurs services. Cela contribue à accroître la production de viande et de lait de 4 % et à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 17 %.

2.  De meilleures pratiques pour des pâturages en meilleure santé 

Au Tadjikistan, le pâturage tournant permet aux terres de se régénérer. © FIDA/Didor Sadulloev 

Nombre d’écosystèmes présents dans les pâturages s’épanouissent grâce aux animaux. En effet, ces derniers dispersent les graines, laissent des déjections et broutent l’herbe, permettant à diverses plantes et insectes de prospérer. Toutefois, les pâturages doivent être gérés avec soin pour éviter une utilisation excessive.

Afin de protéger ces écosystèmes vitaux, le FIDA aide les éleveurs et éleveuses à restaurer les pâturages, à protéger les ressources en eau et à prévenir l’érosion.

La mise au repos des pâturages, la construction de routes pour accéder à des pâturages plus lointains et des troupeaux dont on contrôle que la taille reste modeste, tout cela réduit la charge pesant sur les terres, leur permettant de se régénérer. Au Tadjikistan, le Projet de développement de l’élevage et des pâturages, appuyé par le FIDA, promeut la pratique du pâturage tournant, qui laisse aux plantes la possibilité d’ancrer profondément leurs racines et de piéger davantage de carbone.

3. Utiliser les bons intrants... 

Un fourrage adapté permet de limiter les déchets et de préserver les terres. © FAO/Patrick Meinhardt

Nourrir le bétail avec des résidus et des dérivés agricoles, comme les tiges ou le son de riz, permet de réduire les déchets et de réserver les terres agricoles à la production de denrées destinées aux êtres humains et non aux animaux, limitant ainsi l’impact de la production alimentaire.

Au Lesotho, grâce au Projet de régénération des paysages et des moyens d’existence (ROLL), les éleveurs ont accès à du maïs de qualité et robuste produit localement et n’ont plus besoin d'importer du soja. Si elles étaient menées dans l’ensemble du secteur de l’élevage, cette intervention et d’autres activités du projet ROLL pourraient réduire de 7 % les émissions, tout en augmentant la production de protéines.

4. ... et faire bon usage des déchets animaux 

Une agricultrice kényane utilise le biogaz pour cuisiner. © FIDA/ Translieu/ Samuel Nyaberi

Les déjections animales pourvoient les sols en eau et en nutriments, réduisant ainsi la dépendance aux engrais de synthèse.

Au Burkina Faso et au Niger, accompagnés par le FIDA, agriculteurs et agricultrices appliquent des techniques autochtones, comme le zaï, qui consiste à remplir de petites cuvettes de matière organique, afin de recueillir l’eau de pluie, d’attirer des insectes qui enrichissent la terre et de restaurer la fertilité des sols.

Le fumier peut également être utilisé pour produire du biogaz, source d’énergie pour les communautés rurales, bien moins polluante que la combustion du bois et du charbon. C’est précisément ce que font des agriculteurs du Kenya et du Rwanda avec l’aide du FIDA, grâce à des digesteurs de biogaz flexibles innovants.

5. Faire sa part à l’élevage dans les solutions nationales de lutte contre les changements climatiques

Le FIDA emploie des outils permettant de calculer la contribution du bétail aux changements climatiques. © FIDA/Roger Anis 

Le FIDA collabore avec 15 pays signataires de l’engagement mondial en faveur de la réduction des émissions de méthane afin d'intégrer cette problématique dans leurs engagements nationaux en matière de lutte contre les changements climatiques.

Cela suppose de calculer la contribution du bétail aux changements climatiques et d’établir des modèles d’émissions grâce à des outils particuliers comme GLEAM-i. Les décideurs peuvent mettre à profit les résultats pour les appliquer au financement de l'action climatique et élaborer des mesures vertes adaptées aux agriculteurs et agricultrices locaux.

Au Kirghizistan, la FAO et le FIDA ont travaillé avec les autorités pour faire en sorte que les conclusions d’une évaluation réalisée grâce à GLEAM-i soient incluses dans les contributions déterminées au niveau national. Des évaluations similaires sont actuellement en cours en Géorgie dans le cadre du Projet relatif à la modernisation et à l’accès aux marchés de la production laitière.

Les évaluations des émissions de gaz à effet de serre conduites dans le cadre du Projet de développement de la production laitière au Rwanda et du projet C-STDP en Tanzanie, tous deux soutenus par le FIDA, viennent éclairer la conception d'un projet régional financé par le Fonds vert pour le climat , qui aidera les petits exploitants laitiers à adopter des méthodes plus vertes (pratiques permettant à la fois de réduire les émissions et d’accroître la productivité ou mesures visant à réduire les déchets et à établir des liens avec les marchés mondiaux du carbone, par exemple).

Avec le soutien adéquat, l’élevage peut rester bénéfique pour la planète et continuer de faire vivre un nombre incalculable de communautés vulnérables à travers le monde.