Investir dans un avenir meilleur – Proche-Orient, Afrique du Nord, Europe et Asie centrale

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Investir dans un avenir meilleur – Proche-Orient, Afrique du Nord, Europe et Asie centrale

Temps de lecture estimé: 6 minutes
© FIDA/Roger Anis 

La région Proche-Orient, Afrique du Nord, Europe et Asie centrale s’étend sur trois continents, des steppes de l’Asie centrale, au Moyen-Orient, aux rives balkaniques de la Méditerranée et au-delà, où l’Afrique s’ouvre sur l’Atlantique.

Nous nous sommes entretenus avec la Directrice régionale de la région, Dina Saleh, pour en savoir plus sur la façon dont les populations rurales de la région font face aux réalités des conflits et des changements climatiques et pour comprendre pourquoi les bons investissements réalisés aujourd’hui peuvent faire toute la différence demain.

Quels sont les principaux défis à relever dans votre région?

Les populations rurales de la région Proche-Orient, Afrique du Nord, Europe et Asie centrale sont confrontées à toute une gamme de difficultés, mais je ne vais m’attarder que sur quatre d’entre elles: l’inflation, les changements climatiques, les catastrophes naturelles et le chômage des jeunes.

L’instabilité politique mondiale ces dernières années a entraîné une hausse des prix alimentaires. À cause de l’inflation, beaucoup de gens n’ont plus accès à un grand nombre de produits de base du quotidien. Au Soudan, déchiré par un conflit, l’inflation atteint 71,6%. Même en Türkiye, un pays à revenu intermédiaire, l’inflation a dépassé les 50%. Résultat? Une personne sur cinq dans la région est sous-alimentée et près de 250 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire.

Les changements climatiques aggravent une situation déjà complexe, en rendant plus difficile encore la production alimentaire. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les ressources en eau douce, essentielles à la production de denrées alimentaires, ont atteint leurs limites. En Europe et en Asie centrale, les terres sont dégradées par la hausse des températures, la sécheresse et les pratiques agricoles et d’irrigation non durables.

Les catastrophes naturelles, comme les inondations en Libye et les séismes en Türkiye et au Maroc, ramènent les survivants des années en arrière, tandis que les conflits et la fragilité des pays comme le Soudan, le Liban, la Syrie et le Yémen empêchent de nombreuses personnes d’accéder aux aliments et aux services de base.

Près d’un tiers des jeunes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ne sont ni employés, ni étudiants ni en formation, et ces chiffres sont élevés également – et en pleine croissance – en Europe et en Asie centrale en raison de graves difficultés économiques. Un fort taux de chômage va souvent de pair avec des risques élevés de conflits et de migrations économiques.

Quelle différence le FIDA a-t-il faite dans la région?

Au Kirghizistan, une nouvelle loi sur les pâturages aide les communautés rurales à prospérer. © APIU/FIDA

 

Les pays de la région ont joué un rôle fondamental dans la création du FIDA en 1977, grâce notamment à des dons de 100 millions d’USD et de 50 millions d’USD, respectivement de l’Arabie saoudite et du Koweït, rien que dans le cadre de la première reconstitution des ressources.

Aujourd’hui, nous investissons 942 millions d’USD dans 20 pays de la région. Au Kirghizistan, nous avons soutenu l’élaboration d’une loi sur les pâturages octroyant aux communautés rurales le pouvoir de gérer les terres de parcours. En préservant l’environnement et en élevant des animaux moins nombreux mais de meilleure qualité, le Kirghizistan a trouvé un moyen d’intégrer l’élevage dans sa stratégie de réduction des émissions.

À mesure que le climat évolue, les vagues de chaleur, les sécheresses et les infiltrations d’eau de mer rendent plus difficile la culture des terres fertiles du delta du Nil, en Égypte. Mais le projet SAIL, financé par le FIDA, introduit de nouvelles technologies comme l’aquaponie et les méthodes d’irrigation durables pour que les paysans puissent continuer à nourrir le pays.

Ces exemples montrent l’étendue de notre impact. Mais entendre la différence que les interventions du FIDA peuvent faire dans la vie d’une personne peut être tout aussi gratifiant.

Prenons l’exemple d’Insaf Refai. Mère célibataire, elle a fui la guerre en Syrie avec ses quatre enfants en 2012. Grâce à son talent, à son dévouement et au projet FARMS financé par le FIDA, elle dirige désormais un atelier de couture prospère en Jordanie. « Je savais que je devais relever la tête et être forte pour mes enfants. Je me suis donc relevée et affronté cette nouvelle vie », explique-t-elle.

Les voix d’innombrables ruraux comme Insaf résonnent dans ma tête. Partout dans la région, le FIDA rend la confiance que nous ont accordée les pays de la région il y a 50 ans et fait tout ce qu’il peut pour transformer l’avenir des populations rurales, même dans les circonstances les plus difficiles.

Quelles sont les possibilités encore inexploitées de la région que davantage d’investissements pourraient permettre de mettre à profit? 

Les investissements dans une alimentation plus saine et la réduction des importations alimentaires peuvent bénéficier aux communautés dans leur ensemble. © FIDA/Imam Ibrahim Albumey

 

Nous sommes déterminés à optimiser tout ce que nous faisons. En reliant stratégiquement les programmes, comme celui consacré au lien entre l’eau, l’alimentation et l’énergie en Égypte, qui vise à donner à six millions de personnes un accès aux financements, aux technologies et aux bonnes pratiques agricoles, nous pouvons améliorer l’efficacité et la durabilité de nos investissements. Cela suppose d’intervenir dans les secteurs dont dépendent les populations rurales et de susciter des opportunités pour les jeunes.

En Égypte, nous exploitons les méthodes d’irrigation traditionnelles pour fournir des technologies modernes de gestion de l’eau et multiplier les récoltes réussies malgré les conditions météorologiques instables. Les investissements dans de nouveaux barrages et leur installation dans des endroits plus appropriés permettent aux communautés bédouines du nord de l’Égypte de faire face aux effets des changements climatiques, y compris les sécheresses et les inondations, et de gagner en résilience.

De plus, les investissements à long terme dans les choix alimentaires durables, y compris la diversification du régime, sont essentiels pour la sécurité alimentaire et le renforcement des systèmes alimentaires. Au Soudan, notre Projet de développement intégré de l’agriculture et de la commercialisation a aidé les communautés rurales à créer des potagers durables et nutritifs, leur donnant ainsi accès à une alimentation plus saine et réduisant leur dépendance vis-à-vis des importations alimentaires.

Quel message avez-vous pour les décideurs qui s’apprêtent à fixer le montant de leur contribution au FIDA?

Nous savons que les investissements dans les populations rurales portent leurs fruits, et nous savons que ces impacts peuvent se prolonger dans le temps. Mais les habitants de la région du Proche-Orient, de l’Afrique du Nord, de l’Europe et de l’Asie centrale ne savent que trop bien à quel point les acquis et les progrès peuvent être fragiles. Les crises vont devenir de plus en plus familières, à moins que les responsables politiques investissent de toute urgence dans la résilience.